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Le gouvernement guinéen a obtenu pour la première fois de son histoire une notation souveraine de Standard & Poor’s (S&P) de B+ avec perspective stable. Cette notation a été accueillie très positivement car elle reflète les perspectives de croissance dynamiques du pays, principalement portées par le projet minier intégré Simandou 2040. Selon plusieurs observateurs, elle place la Guinée en troisième position en Afrique de l’Ouest, derrière la Côte d’Ivoire (BB- avec perspective stable) et le Sénégal (B+ avec perspective positive), mais devant le Ghana (en défaut partiel de paiement depuis 2022) et le Nigéria (B- avec perspective négative). Elle devrait ainsi faciliter l’accès de la Guinée aux financements internationaux.
Si cette notation B+ est accueillie avec ferveur, elle comporte également des risques importants. Selon les spécialistes, un pays noté B+ est considéré comme spéculatif, avec une vulnérabilité financière notable. Ces pays présentent souvent un niveau d’endettement élevé et sont exposés aux chocs externes, ce qui limite leur capacité à honorer de manière stable leurs obligations financières à long terme.
Pour la Guinée, la croissance économique reste très soutenue, avec une prévision moyenne du PIB réel de 9 % pour 2025-2028, portée surtout par les mines. Cependant, le PIB par habitant reste faible, inférieur à 2 000 dollars, nettement en dessous de la moyenne régionale de l’UEMOA (environ 2 300 dollars). La dépendance quasi totale aux exportations minières (environ 90 % des recettes en devises) expose le pays aux fluctuations des prix des matières premières et aux variations des termes de l’échange. Une baisse significative des cours pourrait réduire les recettes de l’État et affecter sa capacité à rembourser ses dettes ou à financer les services publics.
La Guinée reste confrontée à plusieurs vulnérabilités institutionnelles. La mobilisation des recettes fiscales est faible (13 % du PIB contre 17-18 % dans l’UEMOA et un objectif régional de 20 %), le déficit budgétaire est en hausse (4,8 % du PIB en 2024, supérieur au critère de convergence de 3 % de l’UEMOA), et la dette publique continue de croître avec les investissements en infrastructures (environ 46 % du PIB, sous le seuil de 70 % de l’UEMOA, mais en progression constante). Ces facteurs limitent la capacité du gouvernement à stabiliser l’économie en cas de crise. Par ailleurs, la croissance n’a pas encore permis de réduire significativement la pauvreté, qui touche 52 % de la population (contre une moyenne régionale autour de 40 %), et l’emploi reste limité hors du secteur minier.
En somme, la notation B+ avec perspective stable est une reconnaissance importante des progrès économiques et du potentiel de développement du pays. Pour que cette notation se traduise en un développement durable et inclusif, il sera essentiel de renforcer la gouvernance, de diversifier l’économie, d’améliorer la mobilisation fiscale et d’étendre la couverture sociale.
Nous félicitons le gouvernement guinéen tout en l’encourageant à maintenir cette dynamique. Cependant, nous restons lucides face aux défis et aux fragilités sous-jacents afin de construire un avenir économique stable, résilient et partagé pour le peuple guinéen.