Guinée : une histoire de référendums, du “Non” historique aux urnes de 2025

il y a 6 heures 30
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La Guinée s’apprête à organiser son cinquième (5eme) référendum constitutionnel, prévu le 21 septembre 2025, censé baliser le retour à l’ordre constitutionnel. Le pays, plongé dans une transition militaire depuis le coup d’État du 5 septembre 2021 contre Alpha Condé, a officiellement ouvert la campagne référendaire le 31 août à minuit. Elle doit s’achever le 18 septembre.

Les électeurs devront se prononcer pour ou contre l’adoption du projet de Constitution. Mais dans un contexte marqué par la suspension des principaux partis politiques, la victoire du “Oui” semble déjà acquise.

Un retour sur l’histoire des référendums en Guinée permet de mieux comprendre cette dynamique.

Referendum de 1958 : l’indépendance arrachée par les urnes

Proclamée colonie française en 1891 puis intégrée à l’AOF en 1904, la Guinée accède à une relative autonomie en 1956. Deux ans plus tard, lors du référendum du général de Gaulle, elle est la seule colonie francophone à rejeter l’intégration dans la Communauté française.

Avec plus de 95 % de “Non” pour un taux de participation de 85,5 %, les électeurs guinéens ouvrent la voie à l’indépendance proclamée le 2 octobre 1958. La première Constitution est adoptée le 10 novembre suivant par l’Assemblée constituante.

1982 : l’ère du Parti-État

Après 24 ans de pouvoir, Ahmed Sékou Touré fait adopter une nouvelle Constitution le 14 mai 1982. Elle n’est pas soumise au peuple mais entérinée par le Congrès national, rebaptisé Assemblée constitutionnelle suprême.

Le texte renforce la dictature en supprimant le pluralisme politique et en instaurant le Parti-État. Cette Constitution restera en vigueur jusqu’à la mort de Sékou Touré, le 26 mars 1984.

Référendum de 1990 : le pluralisme encadré sous Conté

À la mort de Sékou Touré, le Comité militaire de redressement national (CMRN) prend le pouvoir. Six ans plus tard, le 23 décembre 1990, une Loi fondamentale est adoptée par référendum.

Ce texte met fin au régime de parti unique et ouvre la voie au pluralisme politique, encadré par des mécanismes d’unité nationale obligeant notamment les partis à avoir une implantation nationale. Cette Constitution, promulguée sous le général Lansana Conté, marque un tournant démocratique.

Référendum de 2001 : la suppression de la limitation des mandats

Le 11 novembre 2001, Lansana Conté soumet une réforme constitutionnelle au référendum. Le “Oui” l’emporte avec 98,36 % des voix pour une participation de 87 %, malgré le boycott de l’opposition.

La nouvelle Constitution supprime la limitation des mandats présidentiels et allonge leur durée de cinq à sept ans. Conté restera au pouvoir jusqu’à sa mort le 22 décembre 2008.

2010 : la transition post-Dadis

Après la mort de Lansana Conté, le CNDD dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara prend le pouvoir. Mais ses velléités de candidature provoquent une mobilisation sanglante le 28 septembre 2009 au stade de Conakry. La répression fait au moins 156 morts et des centaines de disparus.

Blessé lors d’une tentative d’assassinat, Dadis est contraint à l’exil. Son successeur, le général Sékouba Konaté, organise la transition. Le Conseil national de la transition (CNT), présidé par Hadja Rabiatou Serah Diallo, adopte la Constitution de 2010. Ce texte ouvre la voie à l’élection présidentielle qui portera Alpha Condé au pouvoir.

Référendum de 2020 : le troisième mandat d’Alpha Condé

Élu sous la Constitution de 2010 limitant les mandats à deux, Alpha Condé modifie la Loi fondamentale par référendum le 22 mars 2020, en même temps que les législatives.

Malgré le boycott de l’opposition, le “Oui” l’emporte à 90 %. La nouvelle Constitution prolonge le mandat présidentiel de cinq à six ans et permet à Condé de briguer un troisième mandat. Réélu en octobre 2020, il sera renversé moins d’un an plus tard par les forces spéciales, le 5 septembre 2021.

Le référendum 2025 

Les promoteurs de la nouvelle Constitution affirment qu’elle est “une Constitution qui nous ressemble et qui nous rassemble”. Mais dans un contexte de pluralisme étouffé, de médias muselés et d’opposants en exil, la victoire du “Oui” apparaît comme une formalité.

Depuis 1958, jamais le “Non” n’a remporté un référendum en Guinée, et aucun parti au pouvoir n’a perdu une présidentielle. La tendance va-t-elle se confirmer en 2025 ?

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