Guinée : le marché de la cocaïne en forte croissance, avec des prix de détail en baisse (rapport)

il y a 3 heures 18
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Depuis 2019, l’Afrique de l’Ouest s’est imposée comme un hub majeur du trafic de cocaïne à destination de l’Europe. Les groupes criminels originaires des Balkans, albanais comme slaves, y ont consolidé leur présence. Selon un rapport de l’ONG Global Initiative against Transnational Organized Crime (GI-TOC), près de 30 % de la cocaïne consommée en Europe transiterait déjà par la région, une proportion qui pourrait atteindre 50 % d’ici 2030.

Les volumes sont impressionnants : en 2019, les saisies sur les routes directes vers l’Europe s’élevaient à 201,9 tonnes ; en 2023, elles ont doublé pour atteindre 424,1 tonnes. Cette abondance a entraîné une baisse notable des prix de détail : en Guinée-Bissau, le gramme est passé de 20 USD en 2022 à 14 USD en 2024 ; au Ghana, les prix ont chuté de 60 % entre 2019 et 2023.

Les ports figurent au cœur de cette économie criminelle. Dakar, avec ses 900 000 conteneurs annuels et neuf liaisons directes avec l’Espagne, est devenu un point névralgique pour les clans balkaniques. En Sierra Leone, une saisie de 1,247 tonne en 2020 a révélé l’acheminement de cocaïne dissimulée dans un conteneur de cacao à destination de la Belgique. En Gambie, 805 kilos ont été interceptés en 2023 sur un navire battant pavillon national.

Parmi les acteurs clés, figurent les clans monténégrins Kavač et Škaljari, très présents au Brésil et à Freetown, les réseaux albanais implantés en Espagne et au Sénégal, ainsi que leur allié stratégique : le Primeiro Comando da Capital (PCC) brésilien, qui contrôle une part importante des exportations.

L’Afrique de l’Ouest sert désormais de zone de stockage, de reconditionnement et de redistribution de la cocaïne vers l’Europe, mais aussi, de plus en plus, vers l’Asie et l’Australie.

« Ces groupes ont fait des incursions en Afrique de l’Ouest grâce à la demande croissante de cocaïne en Europe, au renforcement des mesures de répression le long des itinéraires directs du trafic de cocaïne vers l’Europe et au renforcement des partenariats avec les cartels latino-américains, notamment le Primeiro Comando da Capital (PCC) brésilien », explique Fatjona Mejdini, directrice de l’Observatoire des économies illicites en Europe du Sud-Est au GI-TOC.

Le rapport met en garde contre un enracinement durable des groupes balkaniques, porteur de risques accrus de corruption, de violences et de fragmentation. Il recommande un renforcement du renseignement et un ciblage des courtiers, pivots de la logistique.

Cas spécifique de la Guinée

Comme le Sénégal, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau, la Gambie et le Cap-Vert, la Guinée est intégrée au “hub occidental” du trafic de cocaïne. “Le marché local y est en pleine expansion, marqué par une disponibilité accrue, une baisse des prix de détail et la circulation de cargaisons en gros”, note l’ONG.

« Le Port de Conakry est stratégique : deuxième port le mieux connecté de la sous-région, ce qui en fait un point attractif pour la logistique criminelle », souligne le GI-TOC.

Parmi les cas concrets, le rapport cite la saisie de plus de 500 kilos de cocaïne en février 2022 au large de Conakry, sur un navire battant pavillon turc. Des entretiens avec des responsables guinéens du port et de la brigade anti-drogue confirment la vulnérabilité des infrastructures et l’intensification perçue des flux.

La Guinée n’est pas encore un centre majeur contrôlé par les Balkans occidentaux, mais l’ONG note déjà des signes d’implantation albanaise : communications cryptées, expatriés impliqués dans la distribution. Le port de Conakry, combiné à la faiblesse des contrôles, en fait une cible stratégique pour l’avenir.

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