Glissement de terrain à Manéah : ce drame mettra-t-il fin aux constructions anarchiques sur les sites à hauts risques ?

il y a 4 heures 35
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Les Guinéens ont accompagné les morts du glissement du terrain à Maneah. Les autorités ont apporté de gros moyens pour la réussite de l’opération. Passé l’émotion et la mobilisation autour de ce drame, les lampes et autres torches se sont éteintes sur les flancs de la montagne. Les recherches sont arrêtées. Les parents des victimes ont séché les larmes et font désormais face à la montagne. Certains riverains retournent vaquer à leurs occupations et vivre leur train-train quotidien. Les plaies se cicatrisent et les herbes vont bientôt recouvrir l’espace. Mais avons-nous situé les responsabilités de ce drame qui a endeuillé des populations ? S’aurons-nous un jour les noms de ceux qui ont vendu cette ancienne carrière de Zacopé aux populations ? Ce drame mettra-t-il fin aux occupations anarchiques des sites à hauts risques ?

Déjà interrogé par le ministre de la Justice et des Gardes des Sceaux, lors de sa visite sur le terrain, le Préfet de Coyah a juré la main sur le cœur que cet espace n’a jamais été loti. Les responsables de la Direction Préfectorale de l’Habitat de Coyah sur lesquels tout le monde pointe le doigt accusateur, soutiennent mordicus que leurs services n’ont jamais cédé un lopin de terre à qui que ce soit dans cette zone. « Cet espace n’est pas loti. La Direction Préfectorale de l’Habitat n’a jamais orienté un citoyen à la recherche du terrain en ces lieux. Mais vous savez, certains chefs coutumiers, chefs des quartiers et les soi-disant propriétaires terrains voire même les chefs coutumiers, bradent des espaces sans autorisation. Si vous vous renseignez, vous apprendrez que ce sont eux qui ont vendu cet ancien site ZACOPE aux gens. Surtout à Manéah, ces faits sont légions. Les responsables locaux échappent à tout contrôle », accuse P. Kalivogui, un agent de l’Habitat. C’est un No man’s land où chacun venait s’accaparer des lots pour construire?

Le manque de logements et le comportement des propriétaires de maisons ont favorisé l’émergence d’un habitat spontané en marge des circuits officiels d’accession à la propriété foncière et immobilière.

L’augmentation sauvage des prix de loyers dans les quartiers poussent les gens à s’agripper aux flancs des montagnes où à construire dans les ravins. Les propriétaires de maisons, cupides et vicieux ne respectent rien. Ils dictent leurs lois aux locataires. Ainsi, on assiste aujourd’hui à une urbanisation incontrôlée qui se développe sur des sites dangereux menacés d’inondation, d’ensevelissement et de glissement de terrain. Chaque citoyen voulant un toit à tout prix. Donc prêt à se faire un lopin de terre partout où il en trouve.

« Après être déguerpis de Kaporo-Rails, nous sommes venus ici à Manéah où un chef de famille a vendu un terrain à mon père à un prix abordable. C’est moi qui ai remis l’argent au doyen de la famille. Nous ne sommes pas passés par l’Habitat avant de construire la maison qui vient de se fondre. On n’avait pas de choix ! On n’avait pas où aller ? Problème de parcelle aujourd’hui à Conakry, n’est pas facile », nous raconte I S. Diallo, un rescapé de la tragédie.

Faute de logements à bon prix, les gens construisent n’importe où. Rappelons que la croissance rapide et incontrôlée de Conakry a accru les besoins en logements qui augmentent beaucoup plus vite que les constructions dans les quartiers. A Manéah, on apprend que, les habitants victimes ont réalisé des travaux de terrassement et de déblaiement pour dégager des parcelles de terrain sur les versants. La paroi a reculé alors parallèlement à elle-même et a pris l’allure de marches d’escalier supportant chacune une maison. Ils ont procédé aussi au remblaiement des fosses avec des détritus, des pneus usés, des sacs de sable et de gravier qu’ils ont recouvert ensuite de sable pour aménager des terrains constructibles.

Ce site à l’instar des autres quartiers précaires est habité par la frange la plus vulnérable de la population de Conakry. Elle est constituée de chômeurs ou de personnes exerçant de petits boulots dans l’informel, le privé et même l’administration publique.

De Phare de Boulbinet à Kouriah en passant par Kenendé, les riverains sont exposés aux dangers

Tous les quartiers de Conakry font face aux inondations, aux glissements de terrain et aux éboulements, souvent causés par de fortes pluies et des constructions anarchiques dans des zones à risque, affectant des communes comme Manéah, Kenendé, Hamdalaye, et Concasseur.. Des mesures de démolition ont été entreprises pour tenter de réduire les risques, mais la vulnérabilité des populations demeure élevée. Du cou, des centaines de personnes sont touchées chaque année par des inondations consécutives à des pluies diluviennes. Cette année encore, ce n’est un secret pour personne. Le pays a connu les pires inondations. Celles-ci ont entraîné des pertes en vies humaines et des dégâts matériels, plongeant certaines populations dans un dénuement complet. Ces pluies diluviennes qui tombent, paralysent la circulation, endommagent les maisons. Tous les quartiers sont ainsi affectés par les intempéries mais surtout les quartiers précaires qui en paient le prix fort.

Les chefs coutumiers, les chefs des quartiers et des secteurs, les mairies et le ministère de l’Habitat doivent travailler de concert pour éviter aux Guinéens ces genres de drames.

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