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Cela fait maintenant trois jours que le décret des autorités du pays interdisant l’exploitation artisanale des mines sur toute l’étendue du territoire national est entré en vigueur.
Cette mesure énoncée par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, celui des Mines et de la Géologie et celui de l’Environnement s’inscrit, selon le communiqué conjoint lu sur les ondes de la RTG, dans le cadre des besoins de la campagne agricole en cours, la restauration écologique et aussi pour prévenir les risques d’éboulement de terre pendant la saison des pluies.
À Mandiana, une des préfectures de la Haute-Guinée où la quasi-totalité de la population ne vit que de l’orpaillage traditionnel, bien qu’elle soit jugée compréhensive, cette mesure plonge bon nombre d’exploitants dans le désarroi.
Joint par notre correspondant, certains ne manquent pas de relater les craintes auxquelles ils sont confrontés de nos jours :
» Cette décision du gouvernement n’est pas mauvaise. Mais nous avons très peur, même je dirais. Puisque tout le monde sait ce que représente le métier d’orpaillage dans la région de la Haute Guinée. Il n’existe aucun autre secteur qui soit aussi rentable. Même l’agriculture en dépend. Parce que c’est grâce aux fonds que génèrent nos mines qu’on achète les intrants, les machines et plein d’autres choses qui rentrent dans le cadre d’une bonne campagne agricole. Sur ce, nous pensons que le gouvernement devrait plutôt procéder à des sensibilisations au lieu d’adopter cette mesure, qui non seulement est bien trop drastique, mais surtout aura des conséquences non négligeables « , regrette Abdoulaye Kallo.
Également contactés, d’autres orpailleurs professionnels de la localité de Mandiana redoutent quant à eux que cette mesure de l’État ne favorise le grand banditisme et l’immigration clandestine dans toute la région :
» Vous savez aujourd’hui c’est le métier d’orpaillage qui aide beaucoup de gens dans presque toutes nos préfectures. Actuellement, tout le monde le sait, les choses ne bougent pas. La situation socio-économique de notre pays n’est pas du tout rassurante. La plupart des jeunes chez nous ici, c’est dans les mines qu’ils se débrouillent pour subvenir à leurs besoins personnels et ceux de leurs familles. L’État ne peut pas donner du travail à tout le monde, mais si c’est ce même État qui arrête nos activités comme ça, c’est compliqué. Il ne faudrait pas qu’on soit surpris de voir le banditisme et la délinquance se développer partout dans la région. De plus, cette fermeture des mines va pousser encore plus les jeunes à prendre le chemin de l’aventure, notamment par la voie de la Méditerranée ou celle du désert « , nous ont indiqué respectivement Foulamoura Keita et Karamo Sangaré, tous deux jeunes orpailleurs dans la préfecture de Mandiana.