Faya Millimouno : “c’était imprudent de dire qu’il y aurait 30% de femmes dans le gouvernement. Pis, qu’on atteigne pas encore ce chiffre”

Le compteur de promesses du nouveau Premier ministre Amadou Oury Bah s’est ouvert à Kindia, ville située à 135 km de la capitale guinéenne. C’était à l’occasion du 08 mars, journée internationale des droits des femmes. En compagnie de la Première dame, Lauriane Doumbouya qui avait présidé cette fête, le successeur du Dr Bernard Goumou avait annoncé que le chef de l’Etat a promis 30% de femmes dans le gouvernement qu’il dirige actuellement. Le non-respect de cette promesse, la composition de la nouvelle équipe de 29 membres, les attentes au regard des grands défis du moment, le rappel de certains ministres et le remerciement d’autres, l’arrivée prochaine du bateau central thermique de la Turquie, ont nourri le débat au cours de cette interview.

Faya Lansana Millimouno : Moi je trouve que ces femmes ont raison. D’abord on pose mal ce problème. Dans notre Constitution, on parle d’égalité en droit et en devoir. Autrement dit l’homme est égal à la femme. Mais pourquoi on s’accroche à 30%, au moment où nous avons 52% des femmes dans la population guinéenne. Parler donc de 30% de femmes dans le gouvernement, c’est de leur faire tort. Mais aussi que ces 30% promis ne soient pas respectés, c’est même plus grave. C’est pourquoi je profiterais pour leur dire que le parti qui vous permet la parité dans ce pays, ce n’est pas démagogique, c’est bien le Bloc Libéral. Nous sommes inspirés par d’autres leaders dans le monde qui ont compris qu’en donnant la possibilité aux femmes de s’impliquer dans le développement de leur pays, elles peuvent faire des miracles. L’exemple du Rwanda avec Paul Kagame doit être une inspiration. D’après ce que certains avancent, il y aura plus de femmes que d’hommes dans le parlement rwandais. Et donc, il faut que le problème de parité dans notre pays soit traité avec beaucoup plus de sérénité. Que ça ne soit simplement des mots politiques qu’on lance. Et le Premier ministre l’a dit à l’occasion d’une journée qui est exceptionnelle, le 08 mars. Ce jour, c’était imprudent de dire que dans le Gouvernement il y aurait 30% de femmes, et pire qu’on atteigne pas encore ce chiffre.

Faya Lansana Millimouno: Je vais d’abord rappeler que cette dissolution avait étonnée tout le monde. Mais dès le début, le sentiment que moi j’avais, c’est qu’il y avait des gens dans l’équipe dont on ne pouvait pas comprendre pourquoi on devait les laisser aller. Et le seul doute qui a persisté en moi, c’est que je pouvais mettre la main sur la Bible et le Coran pour dire que tous ne seront pas partis. Alors ça ne m’a non plus étonné

que certains reviennent. J’avoue que je ne connais pas certains membres du Gouvernement et je ne prête pas attention aux détails par rapport à ce que d’autres ont fait, mais il y a des gens qui sont revenus qui ont quand même des bilans. Je prendrai deux exemples dans le domaine que je connais plus ou moins bien, qui est celui de l’éducation. Alpha Bacar a fait un bon travail à l’Enseignement technique et à la Formation professionnelle. Ça m’aurait étonné qu’il ait été abandonné. C’est la même chose pour Dre Diaka Sidibé, qui a fait beaucoup d’innovation au niveau de l’Enseignement supérieur. Je mentionnerai aussi le cas du Ministre des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté. Il faut reconnaître que la Guinée fait face à beaucoup de défis au niveau international. Aujourd’hui on a des compatriotes qui sont en Égypte et ailleurs qui n’attendent que d’être secourus, parce que ce qu’ils vivent là c’est inhumain. Au-delà, il a commencé par rectifier une chose, le manque de personnel dans nos ambassades, en envoyant des jeunes qui ont des compétences, qui peuvent apprendre et qui peuvent faire de la diplomatie guinéenne ce qu’elle doit être dans les 5 et 10 prochaines années . Ça m’aurait également étonné que quelqu’un comme lui ne puisse être reconduit. Sinon, il y a des gens je crois qui pourraient revenir mais qui n’ont pas été reconduits.