Entrepreneuriat: à la rencontre de Souleymane, un diplômé qui excelle dans l’élevage à Labé (interview)

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Docteur vétérinaire, diplômé en 2019 de l’Institut supérieur des sciences et de médecine vétérinaire de Dalaba, Souleymane Barry s’est aussitôt lancé dans le domaine de l’élevage des petits ruminants. Ce jeune d’à peine 29 ans qui développe petit à petit son troupeau dans la sous-préfecture de Hafia (préfecture de Labé), ambitionne de révolutionner ce secteur qui peine désormais à faire face à la demande même au Foutah Djallon, réputé pourtant zone par excellence de l’élevage en Guinée. Ce, à travers des métissages avec des races étrangères et avec l’élevage de bêtes spécialisées dans la production du lait. C’est ainsi que votre quotidien électronique Guinéenews est allé à la rencontre de Souleymane Barry qui a bien voulu répondre à nos questions. Lisez !

Guinéenews : En tant que jeune, pourquoi avoir choisi l’élevage comme activité?

Souleymane Barry : C’est un secteur qui est très rentable dans notre pays. Et là où nous sommes, la nature nous offre toutes les possibilités de faire l’élevage. Que ça soit avec l’eau ou avec l’alimentation. Donc, c’est par rapport à tous ces avantages que la nature nous offre, que nous avons décidé de nous lancer dans l’élevage. En tant que jeune je me suis lancé parce que j’évolue avec des personnes qui nous ont convaincus d’avance de pratiquer l’élevage. Et avec leur collaboration, on est dedans.

Guinéenews : C’est quoi le déclic ?

Souleymane Barry : Au fait, j’ai travaillé avec plusieurs éleveurs dans le suivi et la vaccination de leurs bétails. Le plus souvent, ils avaient du mal à nous payer en liquide ; parfois ils multipliaient les dettes et finalement beaucoup d’entre eux ont décidé de nous payer en nature, c’est-à-dire ils nous proposaient du bétail. Et c’est à travers ce bétail que je me suis lancé et depuis j’essaie de me développer petit à petit. Sinon je n’ai pas hérité de l’élevage, c’est venu comme ça.

Guinéenews : Vous faites quel genre d’élevage ?

Souleymane Barry : Nous faisons pour l’instant l’élevage des petits ruminants. A chaque fois que l’occasion se présente nous achetons une tête, deux têtes, … Nos collaborateurs nous accompagnent dans l’entretien des bêtes et nous, nous intervenons dans les soins et les aliments qu’il faut.

Guinéenews : Justement comment faites vous pour l’entretien car j’en connais beaucoup qui se sont heurtés à des difficultés qui les ont poussés à abandonner ?

Souleymane Barry : A ce niveau, moi je suis vétérinaire et là c’est un grand atout ; parce que ça me permet de respecter le calendrier prophylactique et vaccinal des animaux. Donc, en ce qui concerne aussi l’alimentation, nous avons une idée des aliments qu’il faut donner et quand il faut donner. Donc, avec la collaboration de nos partenaires, nous arrivons à surmonter les obstacles de ce côté.

Guinéenews : ça veut dire que votre troupeau est à l’abri des maladies ?

Souleymane Barry : Pour l’instant oui, vu que j’ai la maîtrise des différentes maladies dans la zone et du plan prophylactique. Donc, j’essaie de mettre cela à contribution pour faire évoluer le projet.

Guinéenews : Pour ce qui est de la nourriture, comment faites-vous surtout en saison sèche ?

Souleymane Barry : A ce niveau, en ce qui concerne l’alimentation ; déjà nous cherchons actuellement un financement pour avoir une zone de pâture pour nos animaux. Avec cette zone de pâture qui sera bien clôturé ; ça permettra de résoudre en grande partie le problème alimentaire lié à cela. Maintenant, avant l’acquisition de ce financement, nous partons au niveau des machines pour s’approvisionner en soin de maïs ; des fois aussi nous cherchons de la pierre à lécher, le soin de blé, … pour palier aux problèmes alimentaires.

Guinéenews : A ce jour, vous disposez de combien de têtes ?

Souleymane Barry : Pour l’instant, nous avons une vingtaine de têtes, sans compter les petits.

Guinéenews : J’en connais des éleveurs qui expérimentent le métissage avec des espèces étrangères ; avez-vous tenté l’expérience ?

Souleymane Barry : Pour l’instant j’ai deux mâles venus de Bamako. Donc, nous sommes en train d’expérimenter cela vu que la race que nous avons ici est une race naine donc, la capacité de production en viande est un peu basse par rapport aux autres espaces étrangers. Donc, nous essayons petit à petit d’expérimenter ce métissage pour voir le résultat et les nouvelles dispositions pour avancer.

Guinéenews : Avez-vous des résultats ?

Souleymane Barry : Oui nous avons déjà des résultats palpables et nous pensons qu’avec un grand métissage avec les animaux d’ici, nous pourrons résoudre plusieurs problèmes surtout liés à l’importation des animaux dans notre pays. Comme vous le savez, surtout lors des fêtes de Tabaski il y a beaucoup qui importent du bétail à partir du Sénégal, du Mali, … afin de pallier aux besoins qui se présentent. Pour éviter cela, on s’est dit de tenter le métissage pour après apprécier le résultat.

Guinéenews : On parle d’élevage ; il y a forcément le lait qui est également concerné. Arrivez-vous à en produire ?

Souleymane Barry : Pour l’instant, le lait que les animaux produisent est juste destiné à leurs petits. Mais déjà nous sommes en train de voir comment trouver des femelles qui seront spécifiquement orientées dans la production du lait parce que pour l’instant la production avec le bétail qu’on a est vraiment basse. Mais si nous trouvons des femelles spécialisées dans la production du lait tout en utilisant l’aliment adapté, on pourra s’en sortir.

Guinéenews : Quels sont les avantages qui peuvent attirer des jeunes comme vous dans l’élevage ?

Souleymane Barry : L’élevage, c’est une activité très importante surtout quand tu arrives à respecter le plan prophylactique. A chaque 6 mois pour une chèvre bien nourrit et en bonne santé ; a chaque 6 mois nous attendons un petit. Imaginez maintenant si vous avez 10 femelles, à chaque 6 mois vous avez 10 à 15 petits, maintenant multiplier ça par le nombre d’années, ça vous fait de l’argent. Si vous prenez aussi lors des fêtes de Tabaski, si vous avez par exemple 15 à 20 mâles parce qu’actuellement un mal ne se vend pas ici à moins d’un million GNF surtout s’il a le gabarit ; donc vous avez 20 000 000 GNF. En plus, il y a aussi les baptêmes pour lesquels il faut obligatoirement une bête.

Guinéenews : A coté, il y a aussi forcément des difficultés que vous pouvez partager avec nous ?

Souleymane Barry : Oui, il y a des difficultés comme le vol de bétail, surtout les yétté Sow (rire). Le vol de bétail n’est pas favorable à l’élevage. En plus, si tu n’arrive pas aussi à respecter ou tu n’as pas de connaissance en ce qui concerne le plan prophylactique pour le suivi des animaux, il y a des maladies qui vont venir ravager surtout avec la peste des petits ruminants. Cette maladie ne tolère pas. L’alimentation aussi il faudra s’y mettre pour une bonne alimentation parce qu’un animal qui a faim, qui n’est pas en bonne santé, il ne faut pas s’attendre à un résultat. Donc, voilà un peu les difficultés liées à l’élevage chez nous. En plus il y a les concentrés qu’il faut trouver surtout avec les pierres à lécher qui sont importées soit du Burkina, du Mali, du Sénégal. Des fois le coût n’est pas favorable.

Guinéenews : c’est quoi vos besoins pour relancer l’élevage au Foutah parce qu’on dit souvent « poullo ko gainako » (le peul est un éleveur) ?

Souleymane Barry : Surtout avec le côté alimentaire, si les animaux ne trouvent pas une alimentation adéquate, de qualité et en quantité cela va les pousser à consommer du n’importe quoi ; surtout avec les objets plastiques. Les objets plastiques sont très dangereux pour les animaux et ça dénature aussi la qualité de la protéine que ces animaux produisent. Donc, nous éleveurs nous sommes vraiment affectés par cela.

Des propos recueillis par Alaidhy Sow depuis Labé pour Guinéenews.org

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