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Depuis l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie, dans la commune de Kaloum, plusieurs secteurs sont paralysés par le manque de carburant. C’est le cas des pêcheurs artisanaux qui écument les différents débarcadères du pays. Aujourd’hui, ils ont du mal à approvisionner leurs pirogues en carburant. Leur approvisionnement est limité à 30 litres alors qu’ils ont besoin au minimum de 200 litres pour aller en mer. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce mercredi, 3 janvier 2024, le vice-président du Comité de développement du débarcadère du port de pêche artisanale de Boulbinet, dénonce cet état de fait. Abdoulaye Camara a aussi demandé une rencontre avec les autorités pour trouver une solution au problème.
Dans sa communication, Abdoulaye Camara a tout d’abord expliqué les difficultés rencontrées actuellement par les pêcheurs dans les débarcadères. « Présentement, la pêche artisanale rencontre des difficultés énormes au sein des débarcadères. Au moment où je vous parle, les pêcheurs sont en difficultés pour aller en mer faute de carburant. Qu’à cela ne tienne, nous ne mettons pas la pression sur l’Etat pour que nous soyons ravitaillés. Nous jugeons la réalité du pays. Mais actuellement, la pêche artisanale fournit un grand effort pour le développement du pays. Parce que sans la sauce, on ne peut pas manger le riz. 90% de l’approvisionnement de la population en poissons sont assurés par la pêche artisanale.
Et si aujourd’hui la pêche artisanale n’est pas ravitaillée en carburant pour aller en mer ; ça, c’est des difficultés. Et nous avons appris que pour la pêche artisanale, les embarcations doivent prendre un à deux bidons de vingt litres pour aller en mer. Cela ne reflète pas la réalité du terrain. Dans les temps passés, il y avait des embarcations qui pouvaient prendre même 10 litres pour aller pêcher. Mais aujourd’hui, il faut mettre 100 à 200 litres pour aller pêcher. Et aujourd’hui, on nous demande de prendre 30 litres qui ne valent pas 2 bidons. Cela ne nous permet même pas d’aller à la moitié de la zone de pêche. Vous savez que la pêche guinéenne, il y a une délimitation. Il faut aller à quelques miles pour pêcher. Hormis ces miles-là, tu es en infraction. Les 30 litres de carburant qu’on donne ici, quand tu consommes ça en aller-retour, c’est pour aller pêcher dans la zone interdite. Et dans ce cas, comment nous allons pêcher ? », s’est interrogé monsieur Camara.
Cette situation fait que beaucoup de pêcheurs ont cessé d’aller en mer pour chercher du poisson. « Aujourd’hui, nous demandons à l’Etat, y compris notre département de tutelle, qui est le Ministère de la Pêche, de fournir des efforts pour venir voir les réalités dans les débarcadères. Récemment, la directrice nationale de la pêche était sur le terrain ici à Boulbinet pour s’enquérir de la réalité des embarcations qui doivent aller en mer. On lui a montré les embarcations qui doivent prendre le carburant pour aller en mer. Le minimum d’embarcation qui prend le carburant, qui sort le matin et revenir à midi, prend 5 bidons de 20 litres de carburant, soit 100 litres. Si aujourd’hui on nous dit que les embarcations doivent prendre un à deux bidons pour aller en mer, les pêcheurs vont s’asseoir pour ne pas aller en mer. Et cela va impacter non seulement sur la famille des pêcheurs, mais aussi ça va jouer sur la population guinéenne parce que ce n’est pas tout le monde qui a les moyens d’aller payer les poissons qu’on vend à 50 mille francs guinéens le kilogramme. Tout le monde est basé sur la pêche artisanale pour pouvoir nourrir sa famille », a expliqué le vice-président du Comité de développement du débarcadère du port de pêche artisanale de Boulbinet.
Pour changer cette situation, Abdoulaye Camara sollicite la présence sur le terrain des autorités en vue de comprendre le nœud du problème. « On nous a instruit d’aller dans les stations avec les licences de pêche. Ça, c’est normal. Mais ce n’est pas tout le monde qui a cette licence de pêche. On nous dit aussi d’envoyer l’huile avec lequel on doit mélanger. Tout ça, ce sont des amalgames. Il faut l’éviter. Responsabiliser bien les responsables du port pour les servir en carburant. Eux, ils savent à qui donner le carburant pour aller en mer. Aujourd’hui, nous avons des difficultés sérieuses dans les débarcadères. Les pêcheurs pleurent… On dirait qu’ils n’ont même pas de responsables dans les débarcadères. Mais si nous aussi nous ne sommes pas écoutés par notre hiérarchie, ça va créer d’autres problèmes. Nous lançons un message fort au gouvernement guinéen et au Colonel Mamadi Doumbouya, qui n’a ménagé aucun effort pour éteindre l’incendie. Aujourd’hui, comme c’est le CNRD qui est au pouvoir en Guinée, nous leur demandons de venir vers nous, les responsables locaux des débarcadères. C’est nous qui connaissons les réalités, pour au moins bien informer le département afin de servir nos pauvres pêcheurs qui sont dans les débarcadères… »
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
Tél. : 620 589 527/664 413 227
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