Conakry : des “cercueils ambulants” continuent de transporter des milliers d’usagers

il y a 2 heures 14
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Rétroviseurs cassés, sièges usés ou inexistants, pare-chocs endommagés, système de freinage défaillant, pneus usés, tableau de bord non fonctionnel, ceintures de sécurité coupées, phares et autres clignotants arrachés…Voilà l’état de nombreux véhicules de transports qui circulent sur les voies de Conakry. De véritables cercueils ambulants qui assurent encore le transport quotidien de milliers de Guinéens au mépris de leur sécurité. Et cela malgré la règlementation imposant une visite technique chaque six mois et une batteries de mesures pour inverser la tendance tragique avec des contrôles routiers plus réguliers.

Dans tous les quartiers de la capitale et même dans les villes de l’intérieur, le tableau est le même. Ici, le bricolage est roi au grand désarroi des usagers. A cela, il faut ajouter l’indiscipline sur les routes, des infrastructures routières jonchées de nids de poule, rendant la circulation périlleuse et surtout la surcharge des véhicules. « Nous qui empruntons ces genres de véhicules, prenons beaucoup de risques. Regardez vous-même ! Les sièges, tu es assis, tu vois la terre se dérober sous tes pieds. Ces passagers arrêtés resterons sur cette position jusqu’à la destination », déplore un passager d’un minibus croisé sur le tronçon Kissosso-Madina, avant de nous apprendre que leurs dénonciations furent vaines. «On a beau crié, dénoncé, alerté les autorités qui gèrent nos routes et les transports, mais rien. A peine si nos cris ont été entendus. C’est le no man’s land sur nos routes. Chacun fait ce qu’il veut. Il suffit d’avoir un engin roulant  et paff, on est sur la route»

Ces épaves sans plaque, qui circulent  à travers la ville de Conakry, ont transformé les routes de Guinée en un vaste et délétère théâtre d’accidents, emportant chaque année des milliers de vies dans des tragédies humaines évitables. « Sortez les petits matins et voir dans quelles conditions les femmes vendeuses de produits vivriers et halieutiques se rendent dans les marchés des quartiers. Elles sont entassées les unes sur les autres avec des bagages dans vieux tacots. Elles se déplacent de Matoto à Madina ou à Kaloum, des quartiers périphériques au centre-ville, dans des conditions insupportables. Tout ça, pour faute de vrais moyens de transports interurbains. C’est risqué ! », S’inquiète Amara Soumah, un veilleur de nuit dans l’ancien marché « Yenguema » à Kaloum, avant de nous annoncer que le ministère des Transports aurais promis faire venir des minibus et autos-cars modernes et les mettre en circulation. « On a appris que le gouvernement a commandé des nouveaux minibus et autres cars de transports en commun. On ne sait pas où ils en sont avec ce projet. Ce sera un ouf de soulagement pour les populations » 

Pour revenir sur le cas des vieux véhicules en circulation sur les voies publiques, il faut retenir qu’ici les visites techniques ne sont pas à l’ordre du jour. Personne n’y songe. Or, comme l’explique bien un courtier en assurance  «La visite technique est un contrôle périodique permettant de s’assurer qu’un véhicule est en bon état de fonctionnement et qu’il respecte les normes de sécurité en vigueur pour rouler. Et donc lorsqu’on délivre une assurance à un automobiliste qui n’a pas de visite technique, on contribue à ce qu’il fasse des dégâts».  Et c’est bien ce qui se passe sur le terrain. Alors que  normalement comme le dit ce spécialiste, les propriétaires de véhicules devraient obligatoirement fournir un certificat de visite valide avant de prendre la route. Ceci pour la sécurité des usagers de la route, aussi pour la réduction du nombre d’accidents causés par des véhicules en mauvais et évidemment éviter de couvrir des véhicules dangereux pour les transports.

Pour les responsables du ministère des Transports avec des associations des transporteurs terrestre et autres syndicats, une batterie de mesures aurait été mise en place pour mettre tout le monde au pas. « Nous avons pris des mesures, qu’il faut, pour réduire les risques liés à la circulation de véhicules non conformes, souvent à l’origine d’accidents graves. Selon des statistiques que nous avons à notre possession, plus de 60 % des accidents mortels sont dus à des défaillances mécaniques. Voyez-vousL’indiscipline et la corruption ont sapé tous ces efforts déployés», nous apprend un cadre du ministère

Malgré toutes ces mesures, certains chauffeurs de minibus et de taxis en font à leur tête et vont jusqu’à évoquer le manque de moyens « Nous savons qu’il y a des services pour les visites techniques, c’est bon parce que cela va réduire les accidents, mais beaucoup d’entre-nous n’ont pas les moyens d’effectuer ces visites techniques régulièrement quand on sait que dans plusieurs quartiers reculés, l’accessibilité est difficile due à l’état des routes. Les autorités doivent  refaire les routes dans les quartiers au lieu de rabattre à nos oreilles des visites. Il faut aider les transporteurs à circuler dans les quartiers sur des bonnes artères »

Selon le ministère des Transports, les véhicules doivent passer un contrôle technique chaque année pour les véhicules de tourisme, et les véhicules de transport de marchandises. Ceux destinés au transport public ou privé de personnes sont soumis à ce contrôle tous les six mois.

Au cours de notre enquête, il nous a été donné de faire un terrible constat : sur la quasi-totalité des véhicules qui circulent sur nos routes, peu possède un certificat de visite technique valide. A Conakry comme à l’intérieur du pays, des centaines de milliers de véhicules,  sans visite technique et en état de vétusté avancé, traversent d’une manière désinvolte et sans complexe les barrages des forces de l’ordre.

Tout semble indiquer qu’à l’approche de ces engins de la mort, certains de nos agents de sécurité sont frappés d’une soudaine cécité, surtout lorsqu’ils ont entre leurs mains, les pièces desdits engins. Dans ces circonstances, la lumière au bout du tunnel pour rassurer les utilisateurs de véhicules en commun, n’est pas pour demain. Il ne reste plus qu’à appeler le concours de Dieu pour nous soulager de tous ces accidents évitables.

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