Cameroun : un remplaçant inattendu pour Brys… Eto’o surprend tout le pays !

À seulement 20 jours du coup d’envoi de la CAN 2025, la Fecafoot a frappé fort : Marc Brys et tout son staff ont été évincés. Pour prendre les commandes des Lions Indomptables, l’instance a choisi David Pagou, un nom quasiment inconnu en dehors du Cameroun. Un choix qui intervient quelques jours après la réélection de Samuel Eto’o à la tête de la Fédération… et qui soulève une question majeure : Pagou sera-t-il véritablement le sélectionneur, ou juste le relais d’Eto’o sur le banc ?

Né à Buéa, dans la région anglophone, David Pagou appartient à cette génération formée à l’Institut national de la jeunesse et des sports. Il fait ses armes dans les années 1990 à Apejes de Mfou puis au Cosmos de Bafia, avant de s’imposer progressivement comme l’un des entraîneurs les plus respectés du championnat local. Son travail auprès des jeunes, rigoureux et structuré, a laissé une empreinte notable.

Un technicien local reconnu, mais sans expérience internationale

L’ascension de Pagou prend une nouvelle dimension en 2020, lorsqu’il décroche le titre de champion du Cameroun avec PWD Bamenda, puis la Coupe du Cameroun en 2021. Sacré entraîneur de la saison 2023-2024, il dirigeait encore récemment le mythique Coton Sport de Garoua avant d’être propulsé à la tête de la sélection nationale.

Pagou n’arrive pas en terrain inconnu. Au plus fort de la crise entre Marc Brys et Samuel Eto’o, en mai 2024, il faisait déjà partie du fameux « staff parallèle » mis en place par la Fecafoot et dirigé par Martin Ndtoungou Mpile. Ce dernier occupe désormais un rôle de « sélectionneur–coordonnateur » dans l’équipe technique de Pagou. À l’époque, la situation avait tourné au surréalisme : le Cameroun avait disputé les matchs internationaux de juin avec… deux staffs concurrents. Par la suite, Pagou et Mpile avaient été intégrés à l’équipe de Brys.

Fidèle à son franc-parler, Marc Brys n’avait pas mâché ses mots en mars dernier, fustigeant les deux techniciens locaux : « Je ne peux pas travailler avec des gens que je ne connais pas et qui sont moins compétents. »

Avec la nomination de Pagou, la Fecafoot reprend donc la main sur la sélection, affranchie du regard et de l’ingérence du ministère des Sports.

Lors de sa première conférence de presse lundi soir, Pagou a tenu à envoyer un signal fort, centré sur la discipline : « Je suis un enfant de militaire. On va restaurer la discipline. Les Camerounais aiment leur équipe nationale, notre ambition est de leur redonner de la joie. »

Sélectionneur… ou instrument d’Eto’o ?
La nomination de Pagou intervient alors que son prédécesseur était en conflit ouvert avec la Fédération. Dès ses premières décisions, le nouvel entraîneur a validé les choix les plus tranchants de la Fecafoot : exclusion d’André Onana, de Vincent Aboubakar, d’Éric Choupo-Moting, de Nicolas Moumi Ngamaleu et de Michaël Ngadeu pour la CAN 2025.

Tous ces cadres, pourtant en pleine forme et titulaires dans leurs clubs, avaient publiquement soutenu Brys durant son bras de fer avec Eto’o. Leur mise à l’écart ne relève donc en rien du sportif.

Pagou justifie toutefois ces exclusions par une question d’« état d’esprit » : « Ce sont de grands joueurs, mais un entraîneur doit éliminer pour choisir. On a voulu faire autrement, créer un nouvel état d’esprit. »

Le message venu d’en haut ne souffrait pourtant d’aucune ambiguïté. À peine réélu, Samuel Eto’o affichait sa ligne de conduite : « Aucun joueur ne sera au-dessus du Cameroun. Celui qui ne l’accepte pas, je prendrai mes responsabilités. » Difficile de ne pas voir dans cette déclaration la feuille de route imposée au nouveau sélectionneur.

Une transition accélérée… et un pari risqué
Il faut tout de même noter qu’à l’exception d’André Onana, les joueurs écartés sont pour la plupart des trentenaires qui disputaient probablement leur dernière CAN. Le Cameroun abordera donc l’édition 2025 avec un groupe rajeuni, privé de plusieurs de ses leaders historiques. Une transition brutale, certes, mais qui permet l’émergence de nouveaux visages : Christian Kofane, attendu depuis longtemps, ou encore le binational Éric-Junior Dina Ebimbe, ciblé depuis des années.

Reste toutefois la question du risque. En 2022 déjà, Samuel Eto’o avait choisi de limoger Toni Conceição à la veille des barrages de la Coupe du monde. Rigobert Song avait finalement arraché une qualification miraculeuse à Blida face à l’Algérie. Aujourd’hui, Eto’o rejoue le même pari : un changement de cap à la dernière minute, à quelques jours d’une compétition majeure.

La question centrale demeure : David Pagou est-il l’artisan d’un nouveau départ, capable d’imprimer sa marque… ou simplement le produit d’un contexte politique explosif ?

Réponse dans moins de trois semaines.

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