Boubacar Siddigh Diallo : “Il faut plafonner l’âge d’aller aux élections”

il y a 6 mois 110
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Comme annoncé précédemment, le président du parti UMP a accordé une interview à Guinee360.com. A cette occasion, Boubacar Siddigh Diallo a abordé plusieurs sujets d’actualité. Il invite les acteurs politiques guinéens à changer leur façon de faire la politique. S’agissant du retour à l’ordre constitutionnel, Boubacar Siddigh Diallo demande au CNRD de continuer de poser les bases de la refondation et de ne pas se précipiter à aller aux élections. Pour cet acteur politique, la nouvelle Constitution que la CENI est en train de rédiger doit prendre en compte la limitation d’âge pour la présidentielle. Interview!

Guinee360.com : Pensez-vous qu’il faut changer la façon de faire la politique en Guinée ?

Boubacar Siddigh Diallo : Faites le constat sur la politique, tout le monde a observé un silence parce que la matière du débat a été fermée par l’armée. Avant, on parlait de dialogue, de compromis, d’élections, de fichier électoral, au fait tous les vocables qui alimentent la scène politique sont aujourd’hui fermés. Après les gens se sont mis à dénigrer ces personnes et l’armée s’est mise à arrêter les gens. Dès que vous rentrez dans la diffamation, on vous met à l’arrêt, certains sont exilés, d’autres sont réduits au silence, certains sont en prison et finalement tu ne peux pas attaquer quelqu’un si tu n’as pas une preuve tangible. Aujourd’hui, aucun parti politique ne vous dira si demain on a le pouvoir, voici notre stratégie pour la sécurité intérieure, sur le domaine de la santé publique. C’est des gens qui se battent que pour mettre une personne désignée, leur élu au pouvoir. Donc, il faut changer ça.

Mais vous faites partie des acteurs politiques.

Moi, je travaille dans le développement, nous avons mis en place une fédération des coopératives agropastorales et artisanales de Guinée qu’on appelle FENACO-APA où j’assure la vice-présidence. Alors, nous réunissons les agriculteurs, les éleveurs et les artisans pour d’abord identifier les contraintes, ensuite, voir qu’est ce qu’il faut pour améliorer le rendement et comment est-ce qu’il faut faire pour optimiser les récoltes, leur rendement ? Aujourd’hui, il y a l’hépatite B qui se propage, personnes n’en parle, mais les gens meurent par centaines dans les hôpitaux, la contamination se fait tous les jours. Vous embrassez quelqu’un qui a l’hépatite vous êtes contaminé. Il faut sensibiliser les gens à l’effet de limiter cette contamination. Mais les politiques ce n’est pas leur problème et ça devrait l’être.

Quel regard portez-vous sur la récurrence des cas d’accidents en Guinée ?

Aujourd’hui, toute la ville de Conakry est en train de brûler, tout le pays est en train de brûler. Tous les jours, il y a des incendies. La protection civile est là, vous n’entendez jamais un rapport qui a établi les causes des incendies. Tous les jours il y a, au moins, deux ou trois édifices qui brûlent. Cela détruit des biens, ça met l’insécurité, ça tue des gens, y compris le dépôt central de Kaloum. Il n’y a pas d’enquêtes, il n’y a rien. Conakry est la capitale la plus dangereuse du monde en termes de protection civile, je l’ai aussi dit y a 5 ans et nous avons fait une étude concluante il y a plus de 3 ans. Une étude que nous avons mise à la disposition de la Guinée, il n’y a pas de preneur, même l’État s’en fout. Ici, il devait y avoir plusieurs milliers de bouches d’incendie, il y a 4 mètres entre 2 bouches d’incendie et pour tous Conakry il n y a que trois bouches d’incendie et à l’intérieur il n’y a même pas d’eau. Donc conclusion, si Madina prend feu, c’est Dieu qui l’éteint, aucune protection civile ne peut le faire et si la Banque Centrale prend feu, on perd tout notre argent, notre or tout vas s’effondrer. Même la présidence, si elle prend feu, c’est Dieu qui l’éteint. Voici ce qui devait préoccuper le citoyen.

Selon vous pourquoi la Guinée a du mal à relever le défi de l’assainissement ?

Il y a un problème qu’un ministre ne peut pas résoudre et c’est le problème qu’on a fait faire au président. Vous ne pouvez pas dire qu’il y a un ministère de la Santé et de l’hygiène publique et vous prenez le budget de l’hygiène pour l’envoyer au ministère de l’Administration du territoire. Le budget de l’assainissement de Conakry ne se trouve ni avec les mairies, ni avec le ministère de la Santé, mais avec le ministère de l’Administration du territoire. Pourquoi ça ? Donc, il y a une confusion, même au niveau de l’État. Moi, je me vois très mal à aller voir un ministre de l’Administration du territoire, dont le rôle n’est autre qu’administratif et territorial pour lui parler d’assainissement. Les communes commencent à retomber dans les montagnes d’immondices, il y a eu feu de paille même dans l’assainissement de la ville. C’est ce qu’ils font tout le temps, ils débloqent des montants, ils partagent et puis après tout le monde est mis dans le même bateau, les ordures sont là et on fait du semblant.

Quel regard portez-vous sur la conduite de la transition ?

Moi, je pense que nous devons nous battre d’abord pour avoir des lois claires, précises et protectrices. Sur d’abord l’organe qui doit organiser les élections, je suis contre qu’on mette en place la CENI parce qu’à l’origine on s’est battu pour que ça soit des organes affranchis du contrôle de l’Etat pour qu’il y ait la moralité dans la gestion du processus. La CENI s’est rendue coupable de vol électoral que les ministères de tutelle n’ont jamais fait. Pourquoi allons-nous créer des budgets pour entretenir une Ceni qui devient pure que ce pourquoi elle a été créée ? Ramenez l’organisation des élections au niveau du ministère de tutelle et créer un fichier digital, mettre en place une équipe qui va gérer l’application de sorte que le vote va être digital, le ministère ne sera que l’organisateur, il ne contrôlera aucun chiffre. Donc, ils ne pourront organiser aucune fraude. On n’a pas besoin de créer une institution qu’on va gaver comme on le faisait où des partis politiques et l’Etat se rivaliser de détournement et de vol chacun envoyait ses représentants, les marchés sont négociés à coup de milliards. Les politiques amènent 10 personnes, l’Etat amène 10 personnes ces 20 personnes là produiront quelque chose que le monde décrit et vous vous dites que c’est l’Etat qui est défaillant. Si l’organe qui organise les élections à 50% d’opposition, si l’opposition dit qu’elle est victime de vol, ce qu’elle est coupable parce qu’elle a ses représentants là-bas. En 2015, ils ont volé le candidat de l’UFDG parce qu’il y a eu un coup chaos, l’UFDG dit qu’il y a eu une fraude jamais orchestré dans l’histoire électorale de la Guinée alors que la vice-présidente de la Ceni est la représentante de l’UFDG. Comment vous comprenez cela? On leur dit alors démissionnez parce que votre institution s’est rendue coupable d’une fraude électorale; elle dit non qu’elle ne démissionne pas, elle travaille pour l’Etat.

Dans le contexte actuel qu’est-ce qui doit être la priorité pour la classe politique ?

Nous, à l’UMP, notre priorité est le développement. Que le guinéen mange à sa faim, que le guinéen puisse avoir l’opportunité d’apprendre, que le guinéen puisse avoir la possibilité de travailler et vivre de ses efforts, que les infrastructures se réalisent. Si cela existe, mettez une monarchie on a rien à foutre.

Est-ce que comme certains acteurs politiques, vous comprenez le retard accusé par le CNT dans la rédaction de la nouvelle Constitution ?

Le CNT a accusé un temps, mais dire un retard c’est comme si l’heure d’arrivée était fixée et qu’ils n’ont pas respecté cette heure. C’est ce qui est étonnant pour moi parce que le CNRD n’a fixé aucun délai. Le CNT doit nous donner des textes de Constitution c’est une bonne chose parce qu’aujourd’hui nous vivons dans une exception. Tous les pays du monde ne tourne qu’avec une seule loi constitutionnelle, et nous nous tournons avec deux lois. On a la Constitution qui dans ses dispositions n’est pas contraire à l’esprit de la Charte, et on a la charte de la transition c’est ce qui est bizarre. Alors, le CNT doit faire en sorte que les deux textes soient réunis en un, pour nous donner au moins la Constitution. Le CNT doit aussi penser aux lois organiques qui doivent nous permettre de mettre en place les institutions. Après on peut aller graduellement vers la finalisation de la refondation. Ils ne peuvent pas tout changer c’est illusoire, mais ils peuvent changer beaucoup de choses avant de quitter pour que demain ça ne soit pas remis en cause. Et également, il faut plafonner l’âge d’aller aux élections présidentielles. Parce que si ils font toute cette refondation et qu’elle retombe dans les mains des gens qui sont habitués à des gabegies, c’est inutile. Ils auront fait que nous perdre du temps inutilement parce qu’ils vont ramener les vieux démons. Donc, il faut qu’on renaisse avec une nouvelle Guinée et pour qu’on puisse nous affranchir de tout ce qui nous tire vers l’arrière.

Quelle lecture faites-vous de la crise que traversent les médias guinéens ?

Vous savez les médias se sont heurtés à une réalité militaire. Lorsque vous êtes journaliste votre devoir c’est de relayer l’information. Vous la prenez à la source, vous la contrôlez et puis vous la transmettez à la cible qui est généralement la population. Lorsque vous laissez ce métier classique et que vous vous mettez à attaquer des personnalités, ça pose problème. Il y a eu des émissions interactives ici dont l’objectif c’est de descendre des gens. Vous partez là-bas vous parlez même de la sexualité des hautes personnalités, ce n’est plus du journalisme. Des politiques pouvaient se faire la guerre par le biais de certains journalistes. Tel est contre tel, il faut lui casser la gueule là-bas, on rentre dans la vie privée des gens c’était devenu du n’importe quoi. Il faut cadrer chaque secteur. La loi sur la dépénalisation du délit de presse vous protège pour que personne n’ait accès à fragiliser votre liberté et le droit parce que vous avez dit la vérité. Mais vous vous prenez le bouclier pour vous protéger vous en faites une arme pour attaquer.

Mais est-ce que pour cela on doit fermer tous les médias ?

Oui, totalement. Même l’emprisonnement de certains journalistes qui font ça. Quand je vais retourner à l’assemblée, la première des choses que je ferai, c’est de ramener la loi sur la presse et de revoir les mécanismes de protection du journaliste, qu’il comprenne dès l’instant qu’il faillit de façon très claire, il va en prison. Toute corporation qui se lève pour prendre fait et cause d’un délit pénal d’un journaliste, va être incriminée de complicité. Il faut que chaque citoyen reste dans les limites de ce que la loi lui confère.

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