Arrestation d’Aliou Bah: universitaires et journalistes haussent le ton !

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L’arrestation arbitraire de Aliou Bah s’inscrit dans la politique d’élimination systématique des personnes opposées à l’arbitraire et aux excès du CNRD. C’est par la contrainte au silence, à l’exil ou à la mort que le régime civilo-militaire entend confisquer la transition. Voilà au moins six mois que nous sommes sans nouvelles de Foniké et Mamadou Billo Bah, trois semaines que le journaliste Habib Marouane Camara est porté disparu, s’ajoutant ainsi aux Saadou Nimaga et tant d’autres anonymes. D’autres ont été tués comme le général Sadiba Coulibaly, le colonel Pepe Célestin Kilovogui et le Dr Mohamed Diouabaté. Nombreux sont les journalistes et intellectuels qui ont été réduits au silence sous les coups de l’intimidation, du harcèlement et des menaces de mort. Une véritable machine à broyer les corps et les esprits est ainsi mise en place pour faciliter le contrôle total et absolu du pouvoir, avec la complicité des membres du gouvernement, du Conseil National de Transition et de certaines autorités morales et religieuses. L’idéal affiché de la refondation se transforme de plus en plus en un système totalitaire, qui rappelle jusqu’où les détenteurs actuels du pouvoir sont les fidèles héritiers de la tradition de la dictature militaro-politique en Guinée. Finalement, le 5 septembre 2021 aura marqué une continuité dans la violence et l’arbitraire du pouvoir. L’auto proclamé général Doumbouya et ses geôliers nous ont plongé dans la malédiction des transitions, celles où se répètent et se peaufinent à outrance l’insatiable désir de violenter, de vaincre et de tuer. Quelques jeunes issus de la communauté nationale sont devenus les nouvelles figures de la dictature politico-militaire en Guinée.

Nous ne nous contenterons pas seulement de condamner les arrestations arbitraires, les kidnappings, les privations de liberté et les meurtres organisés. Nous voulons dire haut et fort notre refus de la terreur. Nous voulons réitérer avec force et conviction notre indignation face à la continuité de la brutalité du pouvoir. Nous souhaitons surtout rappeler que la généralisation de l’arbitraire et de la brutalité est le signe d’une faiblesse et d’un échec. Le CNRD et son gouvernement ont non seulement trahi l’espoir de tout un peuple, mais ils ont surtout échoué à avoir une vision constructive de la transition, à être un régime de transition, à mobiliser les solidarités nationales susceptibles d’amorcer la rupture avec des décennies de dictature, de paresse politique et de refus de développement. La seule réussite du CNRD, c’est d’avoir amplifié la souffrance des Guinéens, en révélant l’engouement pour la dictature chez une partie importante de la diaspora guinéenne. Les supposés réussites dans les Travaux publics participent de la théâtralisation politique intrinsèque aux dictatures. Il faut parler aux usagers de la route, à ceux qui font le commerce entre Conakry et les régions, pour se rendre compte de l’enfumage sur les « plus de 1000 km de route revêtus ». Le régime civilo-militaire s’est donné pour mission le développement alors qu’il a fini par miner toutes les conditions du développement, à commencer par entamer une véritable transition.

L’échec du CNRD, c’est d’avoir refusé d’entrer dans une transition, contribuant ainsi au capital de dictature accumulé depuis la période coloniale. La chute de Alpha Condé a maintenu intact en multipliant les formes de criminalités politiques et économiques, renforcées par le recyclage d’anciens opposants et défenseurs des droits de l’homme. La contribution de la jeunesse diasporique à la continuité de la dictature politique n’a rien d’étonnant. Depuis 2010 notamment, la diaspora a été un des leviers essentiels du maintien dans le nihilisme politique, en se réappropriant les pratiques de corruption, l’arbitraire et la violence du pouvoir.

Toute dictature a une fin. Le CNRD finira par disparaître, pacifiquement ou violemment. C’est dans la brutalité de la dictature que réside sa faiblesse. Le temps de la reconstruction de la Guinée viendra après que les militaires, leurs complices civils et leurs geôliers ont plongé le pays dans la désillusion et le deuil. Le silence des intellectuels et universitaires guinéens est loin d’être un aveu de démission. Nous comprenons ceux qui, vivant la peur au ventre, ont décidé de se tenir loin des positions publiques. Nous rappelons que la lutte contre la dictature s’inscrit dans le temps long, et que par nos plumes, nos idées et nos propositions, nous pouvons continuer à dénoncer le cynisme et la violence dans lesquels veulent nous installer les prétendus prophètes de la refondation. Le CNRD n’a respecté aucun de ses engagements, et nous sommes devant un régime violent qui entend s’éterniser au pouvoir. Voilà pourquoi nous devons nous armer de patience et inscrire notre combat dans le temps le long car toute dictature crée les conditions de sa propre perte.

Déclaration rendue publique le 30 Décembre 2024.

Le Collectif d’Intellectuels Guinéens, de journalistes et La Nouvelle Donne

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