Alseny Sall sur les droits de l’homme en Guinée : « Nous subissons des restrictions très graves de la liberté d’expression »

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L’année 2023 est finie depuis quelques jours, une occasion propice pour faire son bilan dans tous les secteurs. Au niveau des droits de l’homme, Guineematin.com a rencontré à cette occasion Alseny Sall, chargé de communication de l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH) afin d’avoir son regard dans ce domaine. En dehors du procès du massacre survenu en 2009 au stade du 28 septembre, point qu’il estime positif, il relève plutôt un recul démocratique marqué par la restriction grave des libertés d’expression.

« Il faut saluer les efforts des autorités de la transition déployés dans le cadre de l’organisation du procès des massacres au stade du 28 septembre (2009). Treize ans après les faits, il a fallu les autorités de la transition pour mettre la volonté politique pour organiser ce procès. Et ce procès qui a débuté en septembre 2022, a continué au cours de cette année même si parfois on a rencontré des difficultés qui peuvent arriver, c’est tout à fait normal mais je crois qu’il faut encourager les autorités et les féliciter (…). C’est le principal point positif que nous retenons au niveau de nos organisations, » a indiqué Alseny Sall.
Cependant, il déplore l’interdiction des manifestations politiques sur la voie publique imposée par le CNRD depuis mai 2022, ainsi que la restriction systématique des libertés d’expression imposée par la junte guinéenne en bloquant et brouillant notamment des médias qu’elle juge critique à son encontre.
<< Nous sommes dans un contexte de crise politique où il y a une divergence entre une marge importante des acteurs politiques et les autorités sur la conduite de la transition. Cela s’est souvent soldé par des manifestations, manifestations qui découlent sur des pertes en vies humaines. Au-delà des annonces d’enquêtes, nous pensons aujourd’hui qu’il faut qu’on dépasse le stade des annonces pour arriver à des procès réels, où des présumés auteurs sont jugés comme on le fait pour le procès du 28 septembre et que ces procès puissent déboucher sur des condamnations. Pour nous, c’est la seule manière de changer la donne (…). Aujourd’hui, c’est un constat qui est réel, il y a un usage disproportionné de la violence contre les supposés manifestants même si nous nous ne partageons pas aussi les comportements des jeunes qui barricadent les routes, empêchent les gens de circuler parce que les droits des uns doivent s’arrêter là où commencent les droits des autres. Donc il y a l’absence de punition des auteurs présumés des violations des droits de l’homme qui persiste. La question de l’interdiction systématiques des manifestations pose problème, parce que pour nous d’abord la démocratie c’est le principe contradictoire. Comme nous avons accepté de nous inscrire dans une logique de démocratie, il faut qu’on crée les conditions pour que les manifestations se fassent parce que vous ne pouvez pas d’un côté refuser de créer des conditions pour qu’il y ait un cadre de dialogue avec ceux qui ne partagent pas votre avis sur la conduite de la transition et de l’autre côté refuser la possibilité d’exprimer leurs opinions. Cette interdiction devrait se faire au cas par cas et non de façon systématique. Et au-delà du droit de manifestation, il y a aujourd’hui une restriction de l’espace civique qui persiste notamment par la restriction des réseaux sociaux et le brouillage des ondes de médias. Malheureusement une pratique qui a commencé il y a quelques mois par Guineematin.com, nous nous disons encore une fois que les médias n’exercent pas dans un désert juridique. Lorsque les médias font des manquements aux règles d’éthique et de déontologie ou encore aux lois de la République qui commandent leur fonctionnement, bien-sûr ils doivent être mis devant leur responsabilité et subir la rigueur et la loi. Mais aujourd’hui ce qui se passe, il y a des faits qui sont constatés sur le terrain, il n’y a aucune explication et c’est ce que les gens déplorent. Pour nous, les questions de sécurité nationale, les questions de raison d’État peuvent toujours être invoquées mais ça doit être justifié par des communications publiques claires. Nous subissons des restrictions très graves de la liberté d’expression, de la liberté d’information sur les réseaux sociaux et à travers le brouillage des médias. Mieux, ces entreprises (médias) emploient des personnes, une des caractéristiques des droits de l’homme, c’est le caractère interdépendant de ces droits. Donc aujourd’hui au-delà du droit à l’information, de la liberté d’expression et d’opinion qui sont menacés, il y a aussi le droit à l’emploi de beaucoup de jeunes qui travaillent dans ces entreprises de presse qui sont menacées. Nous regrettons tout cela, pour nous les attentes par rapport aux droits de l’homme restent encore énormes, » a dit Alseny Sall, demandant aux autorités de respecter les engagements pris par la Guinée.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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