Almamy Camara (Procureur de Coyah): « 13 fugitifs arrêtés, plus de 200 prisonniers transférés… » (Interview)

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Dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 juin, 81 détenus se sont évadés de la prison de Coyah après une attaque d’individus lourdement armés. Dans une interview qu’il a accordée à Mosaiqueguinee.com, le procureur de la république près le TPI de Coyah informe que 13 des 81 bagnards ont été arrêtés avant d’ajouter que plus de 200 prisonniers ont été transférés vers des maisons d’arrêts de Conakry, Fria, Kindia et Boké. Almamy Camara revient aussi sur l’attaque qui a visé le palais de justice de Coyah et sur les dispositions prises pour retrouver les auteurs de ces attaques spectaculaires. Il répond aux questions de Mohamed Bangoura

Mosaiqueguinee.com: Bonjour Monsieur le Procureur ? L’attaque de la prison civile de Coyah par des hommes lourdement armés a entraîné l’évasion de 81 détenus. Le ministre de la Justice vous a instruit « de requérir la force publique, pour une meilleure sécurisation ». A date, qu’est-ce que votre parquet a fait pour mettre hors d’état de nuire ces individus ?

Almamy Camara : Ce que nous avons fait, nous avons d’abord transféré tous les prisonniers. Ils ont été transférés vers Conakry, Fria, Kindia et Boké. À ce jour, nous avons pu mettre main sur 13 personnes. Les recherches continuent, les gens sont déjà identifiés et les endroits sont aussi dans le collimateur pour pouvoir interpeller les autres. Les enquêtes et les patrouilles nocturnes mixtes continuent.

Après la prison, ces mêmes hommes se seraient attaqués au palais de justice. Quel est le bilan de cette nouvelle attaque ?

Le palais de justice a aussi été attaqué dans la nuit du vendredi au samedi 24 juin. C’est comme une suite logique entre l’attaque contre la prison civile de Coyah. La même nuit, pendant que tout le monde est braqué sur ces événements, d’autres individus mal intentionnés ont profité de la situation pour faire irruption dans le palais de justice aussi. Ils ont cassé deux portes (celle d’un des cabinets d’instruction et celle du bureau du greffier en chef). Certains dossiers ont été emportés et des numéraires. Le montant exact emporté n’est pas encore connu, on peut quand même l’estimer à plusieurs millions de francs guinéens. Il s’agit des recettes du tribunal.

Quelles sont les dispositions prises par votre parquet ?

Déjà, nous avons jugé nécessaire d’ouvrir une enquête autour de cette affaire pour comprendre le mobile réel de ces agissements. Je pense que c’était dans le seul souci de faire disparaître les dossiers des criminels concernant, peut-être, ces évadés. C’est une suite logique. Ils pensent qu’avec ces dossiers et preuves est une façon d’être toujours identifiables. Il fallait donc faire disparaître ces dossiers et preuves pour qu’on n’en parle plus. Mais ils se trompent. Nous faisons souvent la photocopie de tous les dossiers et mieux, toutes les procédures qui viennent à mon parquet, les archives des officiers de police judiciaire préservent une copie. Il reste toujours une copie aux archives des officiers de police judiciaire pour pouvoir reconstruire un dossier à pareille circonstance.

Du côté du ministère de la justice, qu’est-ce qui a été fait ?

Le ministre de la justice s’est rendu sans délai sur les lieux. Il a ordonné l’évacuation systématique de tous les détenus restants à travers les prisons du pays. Ils peuvent aller jusqu’à 200 parce qu’il n’y en avait que 281 avant l’évasion. Le ministre a appelé les ingénieurs pour pouvoir commencer sans délai, la reconstruction de cette prison qui est à 7 kilomètres de la ville.

Les citoyens de Coyah ne vivent pas dans une psychose aujourd’hui ? Quelles sont les assurances que vous donnez ?

Pour le moment, nous avons eu à communiquer sur cet événement et à rassurer les populations. Mon parquet a pris toutes les dispositions pour mettre main sur ces bandits et de mettre hors d’état de nuire, tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ces infractions. Les patrouilles mixtes continuent. J’ai réquisitionné toutes les compagnies de police, les BAC, les compagnies anticriminalité, la CMIS et même l’armée. La patrouille commence à 20h30 et même dans la journée, les lieux ciblés sont sous contrôle des forces de l’ordre et de sécurité.

Quelles sont les charges contre les auteurs de cette évasion ?

Les infractions reprochées c’est l’évasion, complicité d’évasion, association de malfaiteurs, attaques à main armée, coups et blessures volontaires et vol. Il y en avait certains qui étaient presqu’à la fin de leurs peines. Mais s’ils n’ont pas regardé ça pour prendre la poudre d’escampette, s’ils sont repris, ça fera l’objet d’une nouvelle procédure. Et par conséquent, le juge de fond tirera les conséquences.

Les forces de sécurité déployées sont-elles suffisamment outillées pour mettre hors d’état de nuire ces hommes qui sont lourdement armés ?

Je ne doute nullement de leur capacité. L’appel que je lance à ces forces de l’ordre et de sécurité, c’est d’être vraiment sereines et de continuer à les rechercher comme ils l’ont toujours fait.

Almamy Camara, Merci

Interview réalisée par Mohamed Bangoura

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