Aboubacar Thiam prend la tête du tribunal de Dixinn : ‘’si la faute du délinquant trouble l’ordre social, celle du juge injuste ébranle la confiance publique’’

il y a 3 heures 17
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Aboubacar Thiam a officiellement pris ses fonctions ce vendredi, 8 novembre, à Conakry en tant que président du tribunal de première instance de Dixinn. Il succède ainsi à Ibrahima Sory 2 Tounkara, nommé Premier président de la Cour d’appel de Conakry.

Figure remarquée du procès historique des événements du 28 septembre 2009, où il avait exercé en tant que juge assesseur, ce jeune magistrat, reconnu pour son talent et son intégrité, a prononcé un discours marquant, à l’allure d’un réquisitoire contre les décisions judiciaires contestables.

Ci-dessous, l’intégralité de son discours…

Monsieur l’Inspecteur Général des Services judiciaires et pénitentiaires ;

Mesdames et Messieurs les Hauts Magistrats de la Cour Suprême ;

Monsieur le Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry ;

Monsieur le Président du Tribunal de première instance de Dixinn sortant ;

Messieurs les Procureurs de la République près le TPI de Dixinn entrant et sortant ;

Mesdames et Messieurs les Chefs de juridictions et Chefs de Parquets présents ;

Mesdames et Messieurs les Greffiers et Secrétaires de Greffe ;

Mesdames et Messieurs, distingués invités ;

Permettez-moi, avant tout propos, de rendre grâce à Dieu, le Tout-Puissant, le Maître des temps et des circonstances, Lui qui élève et abaisse selon Sa Volonté souveraine. C’est à Sa bonté infinie que je dois cette faveur d’être aujourd’hui installé dans les fonctions éminentes de Président du Tribunal de Première Instance de Dixinn.

Qu’Il soit loué pour Ses bienfaits constants, pour Sa lumière dans mes pas et pour Sa main bienveillante qui m’a conduit jusqu’ici.

Je voudrais ensuite tourner une pensée profonde et émue vers mes parents, qui ont su, dès l’aube de mon existence, m’inculquer les valeurs cardinales de droiture, de travail, de respect et de dignité. Leur rigueur morale, leur sens du devoir et leur foi dans la noblesse du travail bien accompli demeurent à jamais le socle de mon parcours. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma reconnaissance filiale et de mon éternelle gratitude.

Mes sincères remerciements vont également aux autorités de proposition et de nomination, pour la confiance placée en ma modeste personne afin d’assumer cette charge noble, mais ô combien exigeante, de Président de la plus Grande Juridiction d’instance du pays. Je mesure pleinement l’honneur qui m’est fait, tout autant que la lourde responsabilité qui en découle.

Mesdames et Messieurs, distingués invités ;

Je tiens également, en ce moment solennel, exprimer toute ma gratitude empreinte d’estime à mon prédécesseur, Ibrahima Sory 2 Tounkara, désormaisPremier Président de la Cour d’appel de Conakry.

Magistrat qu’il est et le guide qu’il fut pour moi, m’a profondément marqué. Plus de dix ans après m’avoir accueilli en qualité de stagiaire, nos chemins se sont à nouveau croisés dans le cadre du procès historique des événements du 28 septembre 2009, lui en qualité de Président, moi en celle d’Assesseur.

Cette expérience demeurera pour moi une école de rigueur, de courage et de droiture. Et voilà qu’aujourd’hui, le destin ou peut-être la Providence a voulu que le stagiaire remplace son maître de stage.

Quelle fierté ! Et quelle belle leçon d’humilité et de continuité institutionnelle !

Je lui rends ici un hommage appuyé pour la qualité de son humanité, la rectitude de son jugement et le professionnalisme exemplaire qui ont toujours suscitél’estime de ses pairs et le respect de ses collaborateurs.

Mesdames et Messieurs, distingués invités ;

Assumer la présidence d’un Tribunal de Première Instance, c’est avant tout endosser la lourde responsabilité d’être le premier garant du bon fonctionnement de la justice à la base.

C’est aussi et surtout, veiller à ce que chaque justiciable, quelle que soit sa condition, trouve dans nos murs une oreille attentive, une égalité de traitement et la force de croire encore en la Justice de son Pays.

Or à Dixinn, juridiction emblématique à plus d’un titre, cette mission revêt une dimension particulière, car il s’agit d’un tribunal au cœur de la capitale, confronté à des enjeux économiques, sociaux et politiques majeurs.

Conscient de ces défis, je prends ici l’engagement solennel de faire du Tribunal de Dixinn :

Un espace d’intégrité et d’exemplarité, où la probité des magistrats et la discipline professionnelle serviront de bréviaire ;

Un cadre de travail collaboratif et apaisé, où la collégialité et le respect hiérarchique demeureront les piliers de notre action commune ;  

Enfin, un lieu d’efficacité et de célérité judiciaire, la rationalisation du rôle etle respect des délais viendront renforcer la confiance du justiciable.

Mais au-delà de ces objectifs techniques, je veux que notre juridiction soit un foyer d’humanité et de justice sociale, où le citoyen ordinaire trouvera le réconfort du droit, et où les plus vulnérables ne seront laissés pour compte.

À mes collaborateurs, magistrats du siège et du parquet, greffiers, secrétaires, j’en appelle à la conscience professionnelle de chacun.

Je connais vos compétences, votre sens du devoir et votre attachement à la justice. Je sais pouvoir compter sur votre loyauté, votre engagement et votre savoir-faire pour que, main dans la main, nous relevions ensemble le défi permanent de l’excellence.

Notre réussite dépendra sans nul doute de notre unité d’action, de notre loyauté à notre serment et de notre fidélité aux valeurs morales.

Car, il faut le rappeler, le pari de l’excellence ne se gagne que par la qualité de nos décisions, la rigueur de notre démarche et le respect scrupuleux des valeurs éthiques et déontologiques qui fondent notre serment.

À cet égard, je me permets de rappeler les sages paroles de Francesco de Quevedo, tirées dans son livre ‘La politique de Dieu, le Gouvernement du Christ’’ :

Je cite : « Les délinquants font moins de mal qu’un mauvais juge. »

Cette vérité intemporelle résonne comme un avertissement et un appel à la conscience. Car, en effet, si la faute du délinquant trouble l’ordre social, celle du juge injuste ébranle les fondements mêmes de la confiance publique et corrompt l’âme de l’institution judiciaire.

C’est pourquoi, je forme le vœu ardent que le Tribunal de Première Instance de Dixinn demeure, dans la durée, une juridiction de référence au service de la nation.

Puisse le Très-Haut nous inspirer, chacun à son poste, dans l’accomplissement de notre mission.

Qu’Il nous accorde sagesse, santé et discernement dans la quête quotidienne de la vérité et du droit.

Que le travail, la discipline et la loyauté soient nos guides.

Que l’unité et la solidarité soient nos remparts.

Et que la Justice, dans sa grandeur et sa noblesse, continue d’éclairer le chemin de notre République.

A vous tous, j’ai dit !

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