Abdoulaye Soumah : “Il faut que la Guinée adopte une nouvelle stratégie dans la signature des conventions minières”

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Le gouvernement guinéen a procédé, le 2 avril 2024, à la mise en œuvre du projet Simandou avec à la clé la signature d’une trentaine de documents relatifs au projet. Selon Abdoulaye Soumah, spécialiste des mines, ce projet est très bénéfique pour la population guinéenne si, toutefois, tous les critères en la matière sont respectés. Au cours d’un entretien avec Guinee360.com M. Soumah a invité les dirigeants actuels de la Guinée à œuvrer pour que le pays adopte son propre modèle minier. Cela permettra au pays, selon le spécialiste, de lutter contre les tensions sociales, qui sont souvent enregistrées dans les zones minières.

Interview !

Guinee360.com : Quel regard portez-vous sur le respect du contenu local en Guinée ?

Abdoulaye Soumah : le contenu local a été mal appréhendé en Guinée parce que le contenu local ne veut pas dire que là où la société est implantée c’est uniquement les compétences locales qui sont aux alentours qu’il faut prendre. Ce n’est pas ça. Le contenu local signifie tout simplement qu’il faut faire appel aux ressources compétentes du pays. Il faut qu’on comprenne cela d’abord. Si une localité qui se trouve à Kankan par exemple pense que c’est les compétences de Kankan qu’il faut prioriser, je pense que la notion du contenu local a été mal comprise. Je pense qu’il faut faire une sensibilisation pour faire comprendre à la population que ce n’est pas seulement les fils de la ville où la société est implantée qui sont prioritaires. Le contenu local signifie que c’est l’ensemble des citoyens du pays qui ont une compétence dans n’importe quel domaine qui sont prioritaires pour travailler à l’usine.

Comment vous comprenez la démarche de ceux qui manifestent pour exiger de l’emploi dans les sociétés minières locales ?

Au niveau des entreprises minières, il y a ce qu’on appelle la responsabilité sociétale de l’entreprise. Donc, je pense que les sociétés minières ont leurs responsabilités, l’Etat aussi a sa responsabilité. Mais au premier niveau, la responsabilité incombe d’abord à l’Etat, il revient à l’Etat de prendre ses responsabilités vis-à-vis de ces sociétés et résoudre les tensions sociales dans les zones minières.

Sauf que la plupart des zones minières manquent d’infrastructures sociales de base. Comment vous comprenez cela?

Les sociétés minières ont leur objectif. Dans leur responsabilité, elles ciblent des objectifs bien déterminés dans le domaine de l’environnement, dans le domaine économique et social qu’elles réalisent dans un délai bien déterminé.

Quelle analyse faites-vous de la signature de contrat du projet Simandou ?

Le processus doit être simple, il faut que la Guinée adopte une nouvelle stratégie dans la signature des conventions minières. Elle ne doit pas aller avec l’ancienne stratégie qu’on a adoptée avec les anciennes compagnies minières, sinon, c’est une perte. La nouvelle stratégie c’est quoi? La Guinée doit aller avec son modèle minier. Quand je parle de modèle minier, je fais référence aux actifs économiques, physiques et matériels. Les spécialistes peuvent les aider pour permettre à l’Etat de signer la meilleure convention minière en Afrique.

En cas de non prise en compte de ces aspects, quels sont les risques?

Je garde espoir que l’Etat va prendre en compte ces aspects, je crois qu’il y aura une porte ouverte à la négociation. Sinon, on peut signer aujourd’hui le contrat avec Simandou, mais l’Etat saura toujours se rattraper pendant 5 ans, 6 ans, il y aura toujours des opportunités offertes par Simandou. Donc l’Etat n’a encore rien perdu, mais il faut vraiment penser à l’intérêt général de la population.

Le projet Simandou fera bientôt l’objet de lecture au CNT. Quel appel avez-vous à l’endroit des autorités ?

Je crois que le CNT dispose de beaucoup de personnes ressources pour comprendre la situation, je crois qu’on fera appelle à ces ressources et à toutes les ressources dont le pays dispose pour examiner de fond en comble avant que le projet n’arrive à la phase de ratification et la promulgation. Il faut une analyse technique du projet avant sa signature parce que ceux qui ont eu la chance de conduire le projet doivent aussi donner l’opportunité à un autre comité de regarder avec un autre oeil le projet pour apporter des critiques objectives qui permettront à l’Etat de rattraper toutes les pertes probables ou d’augmenter des avantages au projet parce que c’est un projet du siècle.

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