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Un célèbre avocat et leader de la société civile du Burkina Faso, Guy Hervé Kam, arrêté fin janvier, a été enlevé mercredi soir à Ouagadougou juste après avoir été libéré, a annoncé jeudi son organisation.
« Le mouvement Sens (Servir et non se servir) a appris » mercredi soir « que des agents de la sûreté nationale ont déposé Me Guy Hervé Kam sur un terrain vide, non loin de son domicile et qu’immédiatement, un autre groupe d’hommes armés l’a récupéré pour une destination inconnue », affirme dans un communiqué Sens, dont M. Kam est le coordonnateur national. « Nous ignorons les raisons pour lesquelles notre coordonnateur n’a pas été remis directement à sa famille à son domicile même, et encore moins celles pour lesquelles il a été repris manu militari par un deuxième groupe embusqué », ajoute le mouvement.
Plusieurs cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou. Mercredi, un ex-chef de corps militaire, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, poursuivi pour « tentative de déstabilisation des institutions de l’Etat » présumée, a également été enlevé, alors qu’il avait été remis en liberté provisoire la veille, selon son entourage.
Arrêté dans la nuit du 24 au 25 janvier à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en civil, Guy Hervé Kam avait ensuite été détenu dans les locaux de la sûreté de l’Etat. Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate, une décision confirmée le 23 avril en appel.
« Cet acharnement des autorités » à l’encontre de Me Kam « montre à souhait que nous vivons dans un État où l’arbitraire et la force des armes font désormais office de droit et de légitimité », estime Sens qui « tient entièrement responsable les plus hautes autorités de notre pays quant à tout ce qui pourrait advenir à Me Guy Hervé Kam concernant aussi bien son intégrité physique que morale ». Sens exige sa « libération immédiate et sans condition et que cesse enfin ces pratiques d’un autre âge qui n’honorent pas notre pays et ses dirigeants ».
Guy Hervé Kam est notamment connu au Burkina pour avoir été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, ex-chef d’Etat (1983-1987) tué lors d’un coup d’Etat perpétré par son successeur Blaise Compaoré. Ancien magistrat, il est également un leader de la société civile burkinabè, co-fondateur du Balai citoyen qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime Compaoré en 2014.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique qui ont fait près de 20.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
AFP
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