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La presse guinéenne se trouve à la croisée des chemins, depuis la fermeture de certains médias il y a plus d’une année. Pourtant, la libéralisation des ondes fut le fruit d’une lutte acharnée menée grâce à la détermination des acteurs politiques et des professionnels des médias, dont certains sont aujourd’hui de figures majeures du pouvoir en place.
À l’occasion de la célébration du 33ème anniversaire de la création de la Haute Autorité de la Communication (HAC), anciennement Conseil National de la Communication (CNC), le président de l’institution, Boubacar Yacine Diallo, est revenu sur les péripéties qui ont conduit à l’ouverture de l’espace médiatique en Guinée.
En présence du premier ministre Amadou Oury Bah et du président du conseil national de la transition (CNT), cette cérémonie a été l’occasion pour le président Yacine de rendre un hommage appuyé à l’ancien président de la république, feu le général Lansana Conté, pour son adhésion et son implication personnelle dans cette initiative historique. Il a également salué l’engagement des acteurs politiques et des journalistes qui ont porté ce combat.
« Cette avancée n’a été possible que parce que le président de la République l’a acceptée. Et ce président de la République, c’est le général Lansana Conté. C’est lui qui a permis la libéralisation de l’espace audiovisuel en Guinée », a-t-il entamé.
Poursuivant, Boubacar Yacine Diallo a mis en lumière le rôle des figures souvent anonymes de cette lutte. Il a nommément cité le premier ministre Amadou Oury Bah, qui était à l’avant-garde de cette lutte.
« Il y a beaucoup d’acteurs anonymes qu’on ne cite souvent pas. Je parle sous le contrôle du Premier ministre, Bah Oury. J’ai bien le souvenir qu’il fait partie de ceux qui ont organisé la première manifestation publique pour réclamer la libéralisation des ondes. Je pense notamment au doyen Bah Mamadou, au professeur Alpha Condé, à Jean-Marie Doré, et à tous les opposants historiques. Ils ont fait la première grosse manifestation et ont saisi les organisations internationales pour conditionner l’aide à la Guinée à la libéralisation des ondes. J’en suis témoin, je l’ai vécu », a-t-il rappelé.
Le président Yacine a ensuite insisté sur la collaboration inattendue entre le pouvoir et l’opposition, par l’intermédiaire de l’ancien ministre de l’Administration du territoire, Kiridi Bangoura, présent à cette cérémonie.
« Nous devons pouvoir rendre hommage à ceux-là dont on ne parle plus. Sur la même table, il y a quelqu’un qui s’appelle Kiridi Bangoura, à l’époque ministre. Il avait interdit cette manifestation, mais elle a eu lieu. Le général Lansana Conté a ensuite accepté qu’une mission se rende à Bruxelles, à l’Union européenne, pour parler de la libéralisation des ondes. Le même Kiridi a conduit la délégation, dans laquelle se trouvaient des opposants, comme Bah Ousmane », a ajouté l’ancien ministre Yacine.
Le président de la HAC a expliqué que Kiridi Bangoura est par la suite devenu un défenseur farouche de cette libéralisation. Celui-ci était aidé par Fodé Bangoura et Madame Aïssatou Bella Diallo.
Genèse du Décret de libéralisation des ondes
Boubacar Yacine Diallo a partagé un témoignage personnel sur la mise en œuvre technique de cette réforme.
Ancien directeur de l’ORTG et président de l’AGEPI d’alors, il a raconté comment il a été approché.
« Mon téléphone sonne, c’est Mme Aïssatou Bella Diallo. Elle dit : « Viens tout affaires cessantes, je suis avec le ministre Kiridi. » Ils m’ont révélé que le président avait accédé à l’idée de la libéralisation et que Kiridi avait été choisi pour présider la commission interministérielle. Ils m’ont pressenti pour être le président de la commission technique, chargé de rédiger le décret encore en vigueur, les cahiers de charges et les arrêtés d’application », a-t-il souligné.
Finalement, poursuit-il, le 16 août 2005, le général Conté a signé le décret le nommant président du CNC, suivi le samedi 20 août par la signature du décret de libéralisation tant attendu.
« Et le décret avait été signé samedi vers midi, 13h30, diffusé le soir, et la libéralisation était partie. C’est le bon moment d’écrire l’histoire de la presse. Je voudrais rendre hommage à tous ceux-là pour leur contribution à la création d’une presse indépendante et libre », a conclu l’ancien ministre de la communication.
À l’issue des autres discours qui ont ponctué la cérémonie, la HAC a décerné un prix d’honneur à l’ancien président Lansana Conté, a titre posthume pour son implication personnelle dans cette libéralisation.
Un autre prix a été décerné au président de la transition. Émile Tompapa, feu Hervé Vincent et d’autres n’ont pas aussi été oubliés.
Alhassane Fofana
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il y a 2 heures
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