Yaya Kairaba Kaba, ministre de la Justice : « je ne suis pas là pour régler des comptes”

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À l’occasion d’une rencontre tenue la semaine dernière  à la Cour d’Appel de Conakry, Yaya Kairaba Kaba a échangé avec la grande famille judiciaire, notamment les magistrats du pays. D’abord, il a été question pour le successeur  de l’ancien Garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright, de remercier ses pairs qui l’ont unanimement, individuellement et collectivement appelé pour non seulement manifester leur joie, mais approuver également le choix du Président de la République qui rappelle un magistrat à la place d’un autre et pour le même département.
À la suite des multiples demandes faites par l’Association des Magistrats de Guinée (AMG), le nouveau patron du département a annoncé des projets en cours dont entre autres : la lutte contre la corruption, la dotation des chefs de juridiction en moyens de déplacement mais aussi la formation initiale et continue des magistrats.
La main tendue du nouveau ministre…
« Depuis la publication du décret le 13 mars dernier, tous les membres de la famille judiciaire m’ont appelé. Cela m’est allé droit au cœur et ça me fait peur parce que du sommet à la base, je dois mériter de la confiance du Président de la République et celle du Premier ministre. Mais quelque part, je suis rassuré de ne pas commettre d’erreur car je sais qu’autour de moi, vous tous vous allez former cette citadelle qui va m’entourer, m’inspirer, me sécuriser et me guider pour l’atteinte des objectifs communs et pour le plus grand bonheur de notre peuple. Cet espoir qui me conforte le cœur, me permet d’espérer que toutes les attentes seront comblées avec vous et autour de moi car c’est une équipe qui gagne, pas un individu. Je souhaite que vous soyez cette équipe autour de moi pour qu’ensemble nous gagnions. Et pour ce faire, je suis venu avec la main tendue à votre direction. Je suis également venu avec une main loyale, tendue à l’ensemble de mes collègues, à tous mes frères de la famille judiciaire. Je vous prie de prendre cette main tendue. Aidez-moi d’abord à mettre en place un soubassement solide pour que l’édifice soit garanti », a sollicité le ministre Yaya Kairaba Kaba.

 

L’indépendance de la justice doit être un sacerdoce  

Poursuivant, ce fin connaisseur de la justice guinéenne dit avoir écouté avec une attention religieuse, le message du président de l’Association des magistrats de Guinée Mohamed Diawara, relatif aux attentes de ces derniers en termes notamment de formation, mais aussi de difficultés rencontrées par ces derniers.
« Le chapelet de difficultés que vous avez mentionnées, nous les traversons au quotidien. Mais grâce à Dieu et à votre appui dans la loyauté, la franchise, dans la sincérité, je ne dirai pas qu’on va transcender tous les obstacles, mais je souhaite que les 3/4 des obstacles soient transcendés. Vous avez parlé de l’accès au droit qui est pour moi un principe cardinal parce que l’accès à la justice est la voie par laquelle non seulement il faut rassurer la population, mais inciter également les investisseurs à avoir un regard dans notre pays qui est en mutation et en construction d’une forme de développement. Vous avez parlé entre autres de l’indépendance de la justice, ça doit être un sacerdoce. L’indépendance de la justice par rapport à quoi? On pourra me répondre que par rapport à l’exécutif, par rapport au pouvoir judiciaire. Oui je suis d’accord. Mais l’indépendance de la justice, il faut le dire, c’est par rapport à la corruption qui permet de construire solidement une justice forte dans le pays, qui attire les investisseurs et qui rassure toutes les autorités, toute la population », a-t-il mentionné, précisant plus loin que cette indépendance n’est pas seulement par rapport aux pouvoirs classiques connus.
Nomination des magistrats…
Sur la question de la nomination des magistrats soulevée à l’occasion de cette rencontre, le ministre a promis de n’exercer aucun pouvoir qui pourrait influencer une quelconque décision prise dans ce sens.
« Sur ce point, je prendrai personnellement assez de recul pour observer les uns et les autres au travail, le comportement des uns et des autres, me permettant d’analyser le résultat auquel je m’attends. Je voudrais que tout le monde sache que je ne suis pas là pour régler des comptes. D’ailleurs je n’ai aucun compte avec qui que ce soit. Alors le moment venu, j’y procéderai selon des critères objectifs et précis », a-t-il lancé. Et d’annoncer quelques projets en cours, susceptibles d’être réalisés par le concours des magistrats du pays.

Les projets d’urgence… 

« Nous marcherons ensemble pour la réalisation de ces projets, notamment la liquidation de la pension de réversion des veuves qui figure dans le plan d’action d’urgence pour les trois premiers mois. (…). Vous avez parlé de la formation initiale et continue des magistrats, ce point figure également dans le PAO et qui est l’une de nos préoccupations. L’appréciation des chefs de services pour la notation des magistrats sera désormais une réalité. Les chefs de services, à la fin de l’année, allons nous entretenir sur ça. Ils doivent noter le personnel qui mérite, premièrement en tenant compte du respect de la hiérarchie, la diligence dans l’exécution du travail, le tout couronné par des résultats positifs. Alors ces chefs vont désormais apprécier et le comportement, et le travail mais aussi le résultat obtenu par chaque membre de leur personnel. Vous avez également parlé du renforcement de la capacité des chefs de juridiction en termes d’évaluation des magistrats. Je pense que c’est une innovation qui doit être appliquée. La dotation des chefs de juridiction en moyens de déplacement, le problème est récurrent, mais je m’y attellerai », a promis le ministre Yaya Kairaba Kaba.
Sâa Robert Koundouno 

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