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Le week-end dernier, les autorités guinéennes ont annoncé l’arrivée de New Guinée Développement, une nouvelle usine de fabrication automobile qui mettra sur le marché des véhicules made in Guinée. Si cette annonce suscite l’enthousiasme chez certains, d’autres restent sceptiques, y voyant un simple effet d’annonce visant à séduire l’opinion publique.
Parmi les plus inquiets, on retrouve les vendeurs de véhicules d’importation, qui perçoivent cette initiative comme une menace directe pour leur activité. Ces commerçants, qui ont bâti leur business sur la vente de voitures d’occasion importées, redoutent que l’arrivée d’une usine de montage de véhicules flambant neufs ne bouleverse le marché en leur défaveur.
Amara Fofana, un vendeur de véhicules, exprime son mécontentement et demande au président Mamadi Doumbouya de surseoir à ce projet, estimant que la Guinée a d’autres priorités plus urgentes :
« Quand tu viens à la tête d’un pays, tu dois aller au rythme de la population. Nous lui demandons de surseoir à ça d’abord, il y a beaucoup de problèmes qui dépassent le problème des véhicules. Il y a quelqu’un qui est en train d’acheter un véhicule de 25 millions avec moi, mais il paye petit à petit, tantôt il envoie 3 millions, tantôt 4 millions. Est-ce que lui, il peut acheter un véhicule de 100 millions ? Moi, j’aime Doumbouya, mais s’il touche à mon travail, ça n’ira pas entre nous, parce que ce n’est pas bon. La Guinée n’est pas encore arrivée à ce niveau, il n’a qu’à s’intéresser au problème des routes d’abord. C’est grâce à ce travail qu’on se débrouille pour subvenir aux besoins de la famille et payer la scolarité des enfants. Si Doumbouya veut gâter ça, c’est que ce n’est pas du tout bon. Alpha Condé a voulu se lancer dans les mêmes choses, mais on lui a dit d’arrêter, il a arrêté. Donc Mamadi n’a qu’à faire de même, sinon il aura honte. »
D’autres vendeurs adoptent une position plus nuancée. C’est le cas d’Aboubacar Fofana, rencontré à la Tannerie, qui estime que l’installation d’une usine de montage de véhicules pourrait être une bonne chose, mais qu’il faut tenir compte du pouvoir d’achat des Guinéens avant de se lancer dans un tel projet :
« Je pense que ça peut être une bonne chose d’envoyer une usine de montage de véhicules, ça n’a rien à voir avec les importateurs. Parce que ce seront des véhicules sortis d’usine. Mais il faut voir d’abord combien de Guinéens sont capables d’acheter ces véhicules sortis d’usine ? Surtout les camions. Et quel est l’état de nos routes ? Il faut regarder tous ces paramètres-là pour savoir comment ça va marcher. Sinon, c’est une bonne chose. Ça n’a rien à voir avec les importateurs de véhicules. Nous, on achète des anciens véhicules de Bruxelles qui ont roulé en Europe. Ça n’a rien à voir avec les sortis d’usine. Mais quel est le salaire du fonctionnaire guinéen ? Quel est le revenu du Guinéen ? Quel est l’état des routes de la Guinée ? Il ne s’agit pas de faire des annonces pour avoir la popularité ou bien pour faire des choses, il s’agit de faire des choses concrètes. »
Pour Aboubacar Fofana, avant de penser à produire localement des voitures, le gouvernement devrait d’abord se concentrer sur l’amélioration des infrastructures routières, qui restent un problème majeur en Guinée. Il pointe notamment du doigt l’état désastreux de certaines routes, qui constituent un danger permanent pour les usagers :
« Moi, je pense qu’on doit voir d’abord quelle est l’urgence. Notre urgence aujourd’hui, c’est la route. Il faut construire de bonnes routes. Vous voyez le tronçon Coyah-Kindia, c’est une route à tombeau ouvert. C’est une voie unique. À l’époque, ces routes-là étaient faites en fonction du nombre de véhicules qui quittaient Kindia pour rentrer à Conakry par jour, c’était 400 véhicules. Mais aujourd’hui, ça dépasse 2 000 et quelques véhicules. On devrait avoir des routes à deux fois deux voies. C’est de ça qu’on a besoin aujourd’hui. Ce n’est pas du montage de véhicules qu’on a besoin aujourd’hui. On a besoin de routes dignes de ce nom pour éviter les accidents de circulation. Il faut faire ce qui doit rendre service à la population. »
Cette nouvelle usine, la première dans ce domaine en République de Guinée ambitionne de fabriquer courant 2025 1.300 véhicules nommés le «PARRAIN», NIMBA DOSU 800 camions de 50 tonnes, Sogué 500 véhicules électriques.
Ahmed Sékou Nabé
L’article Voiture made in Guinée/Des vendeurs de véhicules importés inquiets : « j’aime Doumbouya, mais s’il touche à mon travail… » est apparu en premier sur Mediaguinee.com.