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Face au retrait progressif de plusieurs bailleurs de fonds internationaux, notamment les États-Unis, les acteurs engagés dans la lutte contre le VIH en Guinée se mobilisent pour repenser les mécanismes de financement. À Conakry, le Réseau guinéen des associations de personnes infectées et affectées par le VIH (REGAP+) en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF) a organisé, ce lundi 22 décembre 2025, une conférence-débat à l’Université Gamal Abdel Nasser autour du thème : « Quelles stratégies de résilience pour les programmes de lutte contre le VIH en Afrique face à la crise financière ? »
Cette rencontre a réuni les différents acteurs institutionnels, techniques et communautaires afin d’identifier des pistes de solutions durables pour assurer la continuité des programmes de prise en charge et de prévention du VIH en Guinée.
Interrogée sur l’objectif de cette conférence-débat, la présidente du REGAP+, Kadiatou Bodjé Baldé, a souligné l’urgence de la situation et la nécessité d’une mobilisation collective : « Cette conférence vient à point nommé, vu la crise qui frappe l’Afrique et le monde entier, plus précisément en Guinée. Le REGAP+ a donc jugé nécessaire de ne pas baisser les bras, de se mobiliser et que chacun donne un point de vue pour nous permettre de trouver des pistes de solution, de résilience face à cette crise. »
Pour la responsable associative, l’enjeu est de préserver les acquis obtenus au fil des années dans la lutte contre le VIH : « On ne peut pas baisser les bras après tout ce travail qu’on a fait pendant des années passées. Si on croise les bras, tout cela va s’écrouler. Parce qu’il y a des crises financières au niveau international. Donc il va falloir que tout le monde se retrouve, qu’on trouve des pistes de solution pour trouver des fonds domestiques ou bien d’autres financements qui peuvent nous permettre de pérenniser cette action qui a été longtemps menée et pour continuer à sauver les vies des Guinéens », a-t-elle expliqué.
Des inquiétudes face à une éventuelle rupture de financement
La présidente du REGAP+ n’a pas caché ses craintes quant aux conséquences d’une rupture totale des financements :
« J’ai peur de beaucoup de facteurs. Parce qu’il y a de nouvelles infections qui constituent de nouveaux défis. S’il y a des crises en place et qu’on ne trouve pas de stratégie pour maintenir ce qu’on a pu faire pendant tout ce temps, notre effort va s’écrouler. Ma deuxième peur, ceux qui sont sous traitement, et si on n’arrive pas à trouver des pistes de solution pour maintenir ceux-ci, ils vont créer des pathologie plus graves et cela va occasionner des crises », a-t-elle alerté.
Dans ce contexte, Kadiatou Bodjé Baldé a lancé un appel direct aux autorités guinéennes, en particulier au président de la République : « C’est le Fonds mondial seulement et les partenaires techniques qui donnent plus de force dans la lutte contre le VIH. Il (Le Général Mamadi Doumbouya, ndlr) n’a qu’à revoir au niveau des opérateurs économiques et les miniers pour pouvoir vraiment accompagner la prise en charge du VIH en Guinée », a-t-elle plaidé.

L’appel de MSF à une implication accrue de l’État
Représentant Médecins Sans Frontières, Julien Matter, Directeur pays, a rappelé que la question du financement du VIH constitue un défi de long terme qui doit être intégré aux politiques nationales.
« La Stratégie de financement du VIH, est un besoin qui va perdurer encore pendant des décennies, qui doit être intégrée vraiment dans des stratégies nationales de riposte. Dans un contexte où il y a un retrait progressif de différents acteurs, mais aussi dans un contexte en Guinée où énormément de professionnels de la santé, de médecins, des infirmiers, des laborantins ont été formés par les meilleurs experts au monde », a-t-il sollicité.
Selon lui, ces ressources humaines qualifiées doivent être valorisées et stabilisées par l’État : « Ils sont ici en Guinée, ce sont des centaines d’entre eux. Cependant, ce personnel doit être rémunéré. Une partie de ce personnel doit être intégrée à la fonction publique de manière à pouvoir continuer à servir les Guinéens, les personnes vivant avec le VIH dans les années et dans les décennies à venir ».
Du côté du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le Directeur national de l’Hygiène publique, Pr Fodé Bangaly Sacko, a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la résilience financière à travers la mobilisation des ressources nationales : « La résilience financière est une partie intégrante de tous ces aspects qui ont été abordés. Parce qu’aujourd’hui, il faut créer de nouvelles sources de financement pour faire face à la lutte contre le VIH, mais aussi il faut diversifier ces sources de financement. »

Il a également appelé à une plus grande responsabilité des États africains : « Il faut beaucoup plus miser sur la mobilisation des ressources domestiques tout en minimisant le focus sur l’apport du financement extérieur en matière de lutte contre le VIH. Cela voudrait dire que nos États doivent s’engager et prendre leurs responsabilités face à la lutte contre le VIH dans ce contexte de ressources financières qui sera réfléxion », a-t-il conclu.
À travers cette conférence-débat, le REGAP+ espère poser les bases d’une réflexion stratégique capable d’assurer la continuité et la durabilité de la lutte contre le VIH en Guinée, malgré un environnement financier de plus en plus contraignant.
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