Vers l’An 2 du CNRD à la tête de la Guinée : réactions de certains citoyens de Conakry

Près de deux ans après le renversement du régime Alpha Condé, la gestion de la junte militaire du CNRD est jugée mi-figue mi-raisin par de nombreux observateurs. Les réalisations sur le plan des infrastructures routières sont saluées ; mais, la confiscation de certaines libertés (notamment politiques) et les difficultés liées au panier de la ménagère sont pointées du doigt. Tel est le constat fait hier, mercredi 23 août 2023, par un reporter de Guineematin.com dans les rues de Conakry.

Le dimanche 05 septembre 2021, des militaires du Groupement des forces spéciales ont pris d’assaut le palais Sékhoutouréyah pour renverser Alpha Condé qui s’était déjà offert un troisième mandat à travers la très contestée élection présidentielle du 18 octobre 2020. Un coup de force qui a alors ouvert une nouvelle transition en Guinée. Le bilan de la junte militaire est faite de hauts et de bas, estiment certains citoyens guinéens rencontrés à Conakry.

Ahmed Tidiane DIALLO, conducteur de mototaxis

Ahmed Tidiane DIALLO, conducteur de mototaxis : « Je peux dire qu’il y a beaucoup de choses qui ont marché pendant cette transition. Quelque part, il a travaillé. Sur d’autres plans, c’est le contraire. Il a fourni des efforts sur les infrastructures routières et il faut être reconnaissant. Il a beaucoup travaillé sur les constructions routières. Mais, dans les autres domaines comme le commerce, l’économie, la politique et autres, rien ne bouge dans ce sens. Donc, on prie le président de la transition, après les routes, qu’il tourne son regard dans d’autres secteurs. Il faut qu’il demande à ses ministres ce qui ne va pas. S’il ne demande pas, il ne peut pas savoir ce qui va ou pas ».

Facinet MILLIMONO, citoyen

Facinet MILLIMONO, citoyen : « Sur le plan des infrastructures routières, ça marche. Il y a eu beaucoup de développement à ce niveau. Parce que les chantiers que le Pr Alpha Condé a laissés, ces travaux ont été précipités à son arrivée dans certains endroits. Et, dans d’autres endroits, le travail a été mal fait ; c’est le cas de la route de Kaporo pont. Il faut que ce travail s’achève. Je ne peux rien dire du secteur politique ; mais, le secteur économique et commercial, c’est là qu’il y a le gros problème. Rien ne va à ce niveau. Rien n’est en ordre. Le prix des denrées alimentaires est dans le désordre. Si tu prends un kilogramme de sucre, tu peux avoir trois prix différents dans les marchés, comme dans les boutiques. Nous avons appris que l’Etat a déboursé combien de milliards pour donner aux opérateurs économiques ; mais avec tout ça, nous ne voyons rien évoluer. Il n’y a pas d’ordre de ce côté. La population souffre et ce n’est pas tout le monde qui a les moyens pour s’en sortir… ».

Amadou Bah, conducteur taxi moto

Amadou Bah, conducteur de taxi moto : Il y a des choses qui marchent. Mais, plusieurs choses ne marchent pas actuellement en Guinée et certaines sont très mal faites. Regardez par exemple ce qui a été fait au niveau du pont de Kaporo. Au lieu de ‘réparer la route du pont jusqu’au niveau de la banque, ils colmatent juste un côté et laissent l’autre ; ce n’est pas bon ça ! Que dire de la route de l’université Mercure ? Depuis qu’ils ont donné le contrat de réparation, rien n’a été fait… Et, dans le secteur du commerce, c’est un autre problème. Il n’y a pas d’ordre dans le commerce en République de Guinée. Si par exemple le gouvernement dit que la boîte de lait doit être vendue à trois mille francs guinéens (3 000 GNF), la mesure ne s’appliquera peut-être que pour trois (3) jours. La population guinéenne souffre sérieusement. Les dirigeants de notre pays doivent revoir tous ces aspects. Et, je ne parle même pas du domaine politique…

M’mah Saran Camara, vendeuse de poisson fumé

Mah Saran Camara, vendeuse de poisson fumé : « Du début de la transition jusqu’ici, ce qui n’a pas été fait, il faut savoir qu’il fut un temps où  il y avait  des manifestations et cela avait un impact sur le quotidien  de bon nombres de guinéens, car certains vivent au jour le jour. Et pour finir, le coût de la vie devient très compliqué. Chaque jour qui passe, c’est la hausse du prix des denrées alimentaires sur le marché. Donc, il n’a qu’à essayer de voir ces aspects afin d’améliorer nos conditions de vie ».

Propos recueillis par Emmanuella ASSOU pour Guineematin.com

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