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Jugé par le tribunal militaire permanent de Conakry ce jeudi 13 juin 2024 pour « désertion à l’étranger et détention illégale d’armes », le général Sadiba Koulibaly a dévoilé le contenu des échanges téléphoniques qu’il a eus, dans la soirée du 4 juin, avec le président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya, et le ministre des Affaires étrangères, Dr. Morissanda Kouyaté.
Guinéenews vous propose ci-dessous l’intégralité de sa déclaration devant les magistrats du tribunal militaire de Conakry :
« Je suis arrivé en Guinée dans la nuit du 22 mai. Les jours qui ont suivi, c’est-à-dire le jeudi 23, vendredi 24 et le samedi 25, ont été consacrés à la visite du président sénégalais en Guinée. J’ai estimé que le ministre des Affaires étrangères ne pouvait pas être disponible. Qu’à cela ne tienne, le samedi, je lui ai écrit pour lui dire : « Monsieur le ministre, je suis déjà arrivé à Conakry et je souhaite vous rencontrer le plus rapidement possible, mais votre agenda ne me permet pas. »
L’audience avec Dr. Morissanda au ministère des Affaires étrangères
« Le ministre m’a souhaité la bienvenue et m’a dit que ses portes étaient grandement ouvertes et qu’il souhaiterait me recevoir le lundi 27 mai à 9h30 au ministère des Affaires étrangères. Donc, le lundi à 8h30, il m’a reçu dans les locaux du ministère des Affaires étrangères. Quand il m’a reçu, après les salutations d’usage, je lui ai exposé les problèmes. Je lui ai demandé : « avez-vous reçu les lettres ? » Il m’a dit oui, qu’il a reçu toutes les lettres. Lui-même m’a demandé : « vous vous êtes vu avec le patron ? » Je lui ai dit non ! Je dois rencontrer le patron parce que j’ai des problèmes personnels à lui poser.»
Échanges téléphoniques surprenants et très tendus entre Sadiba, Doumbouya et Morissanda
« Contre toute attente, la soirée du mardi 4 juin 2024, c’est le même ministre des Affaires étrangères qui m’appelle : « mon général, vous êtes où ? » Je lui ai dit que je suis à la maison. « Qui vous a dit de venir ? » C’était totalement étrange pour moi. Le temps pour moi de répondre, il dit : « non, je passe le téléphone au président de la République. » Le Président de la République me demande : « Mon général, qui vous a dit de venir ? Est-ce que vous avez écrit avant de venir ? Vous ne savez pas qu’il y a des procédures qui doivent être suivies avant de venir ? » Je lui ai dit : « Monsieur le Président, je souhaiterais vous rencontrer pour vous expliquer le problème. De toutes les façons, j’ai dit : le ministre des Affaires étrangères qui est à côté de vous est mieux placé pour vous raconter toutes les péripéties depuis mon départ jusqu’à maintenant. » C’est comme si c’était quelqu’un qui cherchait à sauver sa tête en enfonçant la tête d’une autre personne. Pendant que je parlais avec le Président, j’écoutais parce qu’on dirait que le téléphone était sur haut-parleur. Il (Morissanda Kouyaté) continuait toujours à envoyer des propos pour enflammer. Ensuite, j’ai dit à Monsieur le Président de la République : « À part tout ça, je ne crois pas avoir commis un crime qui puisse m’empêcher de venir en Guinée. » C’est à ce moment que le Président a cessé de parler avec moi. Le téléphone était maintenant avec le ministre des Affaires étrangères qui a continué à me traiter de tous les noms d’oiseaux : traître, déloyal… jusqu’à douter de moi. Il n’y a pas de mots qu’il n’a pas essayés. En réponse, j’ai répliqué aussi. Ça s’est passé entre 16h et 17h. C’est à l’issue de cette conversation, aux environs de 19h, qu’un détachement militaire composé d’éléments des forces spéciales et de la gendarmerie est arrivé à mon domicile à Kountia où ils ont commencé à tirer avec des armes lourdes pendant plusieurs heures. Ils ont détruit beaucoup de choses chez moi et jusqu’à présent, je n’ai pas un avis exact parce que j’ai envoyé un huissier faire le constat, mais ils ont refusé l’accès à ce dernier », a révélé l’ex-chef d’état-major à la barre.