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Bah Oury et ses ministres ont aussi fait comme leurs prédécesseurs. Ils étaient le week-end dernier à Kalako, le camp des forces spéciales, d’où est parti l’assaut ultime contre le régime d’Alpha Condé.
Les militaires au pouvoir tiennent beaucoup à cette tradition, d’ordinaire hyper médiatisée, mais qui, au fil du temps et au gré des résultats produits, a perdu de sa superbe et vraisemblablement de tout son intérêt auprès d’une population devenue partisane de la méthode Coué. Ne croire qu’à ce qu’on voit, mais non pas à ce qu’on annonce.
Un parfait décalque, pourvue que cette fois-ci, l’exercice amène la nouvelle équipe à appréhender les défis pour mieux les attaquer. Être sensibilisée au fait qu’on ne doit pas asservir le peuple, qu’on doit plutôt le servir, bien qu’il ait, pour une catégorie de privilégiés, une prime à l’impunité.
S’abstenir des guerres de clochers. Là-dessus, on n’a pas à se faire assez de mourrons, indépendamment de cette villégiature. Excusez ! Indépendamment des retrouvailles de Kalako.
Heureusement qu’on ne peut résumer le Premier ministre de la pensée complexe à un homme sous influence. Pour le cerner, il faut puiser dans les racines de sa vie d’activiste engagé, de politique libre.
Cette qualité, peut être un atout pour lui, d’affronter les défis du moment. Cependant, elle est loin d’une panacée face à un écheveau de priorités, dans une transition renfermée sur elle-même.
Le glissement de calendrier est le dossier brûlant sur la table du premier ministre de Kalako. Les militaires l’ont rêvé. Bah Oury l’a accompli. À sa sauce, certes.
Le Premier ministre sollicite de ses anciens collègues politiciens, d’accepter et de faciliter le glissement. C’est facile à dire. Il faut en retour une contrepartie qui devrait rassurer les acteurs en face de la bonne foi de l’exécutif à réussir sa mue.
La composition des futures délégations spéciales, à la suite de la dissolution sur fond de controverse des conseils communaux sur toute l’étendue du territoire national, est l’étape indispensable pour parvenir à cette fin.
L’horizon est moins certain. D’autant plus qu’il est inquiétant d’observer que la Guinée, avorton politique, pourrait devenir un avorton économique. Au-delà des rapports et des discours qui dépeignent une économie dynamique, la situation est des plus préoccupantes.
L’activité économique est morose. Par conséquent, les caisses de l’Etat s’assèchent. Les recettes s’amenuisent. Les difficultés sont réelles pour trouver des ressources nécessaires au financement des projets ambitieux, dont la réalisation est un fort argument pour les autorités actuelles, pour avoir l’adhésion des populations qui commencent à douter.
En effet, le Premier Ministre et son patron au palais Mohamed V, n’ont d’autre choix que de faire de grandes concessions. A défaut, sauf par miracle, la situation se corsera davantage.
Mognouma Cissé