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Le consortium d’ONG Créativité Développement (C-Dev), Mêmes droits pour tous (MDT) et CECIDE a entrepris des actions visant à soutenir la réinstallation des habitants du village Carrefour, dans le district de Siguirini centre, face au danger que représente le lac à résidus de la mine d’or Lefa exploitée par la Société minière de Dinguiraye (SMD), NordGold. La démarche s’inscrit dans le cadre du projet d’accompagnement des communautés dudit village. Le consortium a organisé à cet effet une session de renforcement des capacités pour les membres du comité des victimes, les leaders communautaires et d’autres organisations impliquées dans ce processus. L’ONG C-DEV a saisi l’occasion pour rencontrer les différentes parties prenantes impliquées dans ce processus de réinstallation pour comprendre les difficultés du moment et envisager des solutions adéquates, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la région de la Savane.
Cette démarche de l’ONG Créativité et développement (C-DEV) vise à créer un espace d’échanges fructueux avec les communautés du village Carrefour et leur permettre de porter le plaidoyer sur le processus de leur réinstallation qui tarde depuis maintenant 4 ans. Il s’agit de sessions sur la communication, la connaissance des droits et des lois qui les protègent, mais aussi des sessions relatives à l’engagement communautaire. C’est ce qu’a fait savoir Néné Tébou Barry, directrice exécutive de l’ONG Créativité et développement.
« Dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’accompagnement des communautés du village Carrefour dans le processus de réinstallation, nous avons prévu de mener cette année plusieurs activités. La première activité a consisté à organiser un atelier de plaidoyer avec toutes les parties prenantes à Siguiri afin de présenter les préoccupations des communautés pour qu’il y ait une solution de manière durable. Donc, cette formation consiste à renforcer les capacités des membres du comité des victimes, ainsi que d’autres organisations, et des leaders communautaires, pour leur permettre à porter le plaidoyer sur le processus de réinstallation dans le village Carrefour. Au cours de ces journées de formation, nous avons animé des sessions sur la structuration, des sessions sur la communication, des sessions sur la connaissance des droits et des lois qui les protègent, mais aussi des sessions liées à l’engagement communautaire. Parce qu’on ne peut pas être leader communautaire sans connaître ses droits et ses devoirs, on ne peut pas être leader communautaire si on ne peut pas se mobiliser de manière structurée afin que les droits soient respectés », a-t-elle laissé entendre.
Cette formation a permis aux participants d’acquérir des connaissances et les compétences nécessaires pour faire face aux défis liés à leur réinstallation, et à leurs droits et devoirs. Ousmane Diallo, membre du comité des victimes du village Carrefour, se réjouit de cet énième accompagnement du consortium des ONG C-DEV, MDT et CECID.
« La formation était axée sur 4 modules, à savoir, la structuration, l’engagement communautaire, la communication, et la connaissance des droits et lois qui nous protègent. Ces thématiques nous ont permis d’améliorer notre expérience dans le cadre de faciliter notre plaidoyer auprès de nos partenaires qui est la SMD, afin que nos droits soient respectés, sans violences. Ça nous permet également de transformer notre comité de victimes en une association capable de réclamer nos droits légalement », a-t-il fait savoir.
Depuis 2018, le processus de réinstallation des communautés du village Carrefour connaît une grande lenteur. Cette situation représente désormais un véritable problème pour les habitants, qui sont exposés à la pollution des cours d’eau, et aux maladies liées au lac à résidus toxiques, situé à moins 100 mètres des cases du village. Rencontré par notre reporter. Djeneba Camara, présidente des femmes du village Carrefour, a énuméré quelques difficultés auxquelles elles font face.
« Honnêtement, nous souffrons à cause de la lenteur du processus de notre réinstallation. Le processus a commencé il y a plusieurs années, mais jusque-là, il n’y y a rien qui nous rassure. Nous n’avons pas voulu quitter ce village où nous sommes tous nés et grandit, mais c’est à cause du lac à résidus toxiques, qui avait fini par polluer notre environnement, que nous avons demandé à la société de nous réinstaller. Parce que le cyanure est un danger pour notre survie, et ce produit toxique est une menace qui a causé des problèmes de santé graves dans notre communauté. La construction de nos bâtiments nous avait donné beaucoup d’espoir, mais aujourd’hui cet espoir s’est évanoui. Les enfants que nous avons mis au monde dans cette menace sont aussi en train de procréer exposant ainsi leurs progénitures aux mêmes au danger. Nous demandons au président de la République de faire face à notre situation pour que nous puissions être réinstallés dans un bref délai », a-t-il lancé.
Par peur de construire de nouveaux bâtiments, les habitants du village Carrefour ont opté pour une alternative moins coûteuse. Ils ont décidé de construire de petites cases en bambou couvertes par des bâches pour remplacer les bâtiments fissurés et dégradés. Cependant, cette alternative a des conséquences néfastes sur la santé, en particulier celle des enfants, qui sont exposés à l’humidité pendant cette période d’hivernage.
« Depuis des années, nous sommes dans des faux espoirs. Nos bâtiments sont totalement dégradés, mais personne n’ose construire une nouvelle maison par peur de dépenser inutilement. Actuellement, ce sont des petites cases en bambous que nous construisons. Ces cases aussi ne nous protègent pas du tout, surtout pendant cet hivernage. A chaque tombée de pluie, nos enfants sont exposés à l’humidité. Tout ce que nous gagnons pendant cette période de pluie, nous les utilisons pour soigner nos enfants. Il faut que le processus de réinstallation soit accéléré afin que nous retrouvions le bien-être que nous avons perdu depuis des années », a martelé Djantoun Keïta.
Sur le chantier de la cité en construction, les travaux sont à l’arrêt depuis plusieurs mois. Ce qui saute immédiatement aux yeux d’un visiteur, c’est le vide des travailleurs et les bâtiments inachevés. Pire encore, la société SMD et la SONAPI, responsables de la construction de cette cité, se renvoient mutuellement la responsabilité du retard dans l’avancement du chantier.
« Nous avons obtenu ce processus de réinstallation suite à un dialogue et nous voulons que ça se termine dans le même dialogue, sans violence. Mais la vérité est que nous ne sommes pas contents de l’élan des travaux de la SONAPI et même l’attitude de la SMD. Les ONG qui nous accompagnent nous enseignent chaque fois la non-violence dans la réclamation de nos droits. Donc, c’est ce que nous faisons toujours. Les travaux de ce chantier ont débuté depuis 2018, mais jusque-là nous ne savons pas les raisons du retard. Si nous partons vers la SMD pour savoir les raisons, elle nous dit qu’elle a entièrement financé le projet et qu’elle n’y est pour rien en ce qui concerne la lenteur des travaux. Si nous partons vers la SONAPI, elle nous fait croire aussi que la SMD ne paie pas l’argent. Chacun se rejette la responsabilité. C’est pourquoi nous voulons que l’Etat intervienne pour que nous sachions réellement ce qui est à la base de ce retard », a expliqué Ansoumane Camara, président de la jeunesse de Siguirini.
Selon le Lieutenant-Colonel Mory Kaba, sous-préfet de la commune rurale Siguirini, le retard dans l’exécution des travaux serait causé par le non-paiement des travailleurs.
« Sans trop de commentaires, le retard de ce chantier est dû au non-paiement des travailleurs, c’est ce que nous avons constaté. Il y avait beaucoup de travailleurs là-bas qui ont quitté par manque de paiement. Jusque-là, il y a des travailleurs qui se plaignent. Je n’ai pas eu la chance de rencontrer la direction générale de la SMD, mais j’ai pu échanger avec un de leur représentants, et j’ai attiré son attention sur les défis autour de cette nouvelle cité », a-t-il indiqué.
Installée il y a à peine un mois, la nouvelle équipe de la délégation spéciale de Siguirini n’a aucun espoir de voir les communautés du village Carrefour réinstallées dans le délai prévu.
« Nous venons d’arriver et nous n’avons pas une information officielle sur le processus de réinstallation des communautés du village Carrefour, mais selon mes constats personnels, il y a une grande lenteur par rapport à cette réinstallation. Dans les commentaires avant aujourd’hui, cette réinstallation devrait se faire avant 2024, nous sommes au cinquième mois de 2024, et rien ne pointe à l’horizon que cette population pourrait être réinstallée. Nous suivons l’évolution des travaux, nous sommes à un pourcentage qui ne promet pas que ça peut être fait avant la fin de 2024. Déjà, nous avons demandé une prise de contact avec la direction générale de la SMD à travers une lettre. Au cours de cette prise de contact, nous allons débattre de plusieurs sujets, notamment de cette situation de réinstallation des populations du village Carrefour », a rassuré Elhadj Daouda Camara, vice-président de la délégation spéciale de Siguirini.
Rencontrer par la directrice exécutive de l’ONG créativité et développement C-DEV, le directeur chargé des relations publiques et gouvernementale de SMD, a promis de d’accorder très bientôt un espace dialogue avec la C-DEV afin de donner la version des faits de la société par rapport ce retard accusé de le processus de réinstallation dans habitants du village Carrefour.
De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com
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