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Après avoir constaté plusieurs dysfonctionnements au sein du système sanitaire guinéen, la Coalition nationale des professionnels de santé (CONAPROS), regroupant des médecins et des acteurs de la société civile, a décidé d’attirer l’attention des autorités sur la situation.
À l’issue d’une enquête de six mois menée aussi bien dans les structures sanitaires de Conakry que dans les localités de l’intérieur du pays, la CONAPROS a publié un rapport préliminaire mettant en lumière de nombreux manquements freinant l’épanouissement du secteur de la santé en Guinée.
Ce vendredi 18 avril 2025, le coordinateur de l’organisation, Dr Abdoulaye Kaba, nous a accordé un entretien à l’hôpital Ignace Deen, où il exerce. Il salue les avancées enregistrées sous la transition dirigée par le CNRD, mais souligne que des efforts restent à fournir.
« C’est un rapport qui n’est destiné contre personne. Nous pouvons dire qu’aujourd’hui, 60 % de nos suggestions ont été prises en compte, par rapport à la lutte contre les faux médicaments, le rajeunissement du système de santé. Mais, comme nous sommes des acteurs majeurs de la société civile, nous avons le droit de questionner aussi la gouvernance de notre système de santé. Mais, la force est de connaître qu’il y a beaucoup de dysfonctionnements et de manquements qui sont liés au fonctionnement de notre système de santé. »
Selon Dr Kaba, l’enquête, qui a concerné près de 6 034 professionnels de santé à travers tout le pays, a révélé des chiffres alarmants.
« Au niveau des 33 préfectures de notre pays, nous avons compris qu’il y a des directions d’hôpitaux qui sont occupées en majorité par des intérimaires. Si on prend en termes de pourcentage, il y a 74 % des directeurs d’hôpitaux qui sont intérimaires. Vous avez vu un peu ce que ça peut nous amener. Et au niveau de la perception même des professionnels de santé par rapport à la gouvernance actuelle, c’est encore plus parlant. Parce qu’au moins 91 % des agents qu’on a consultés ne se reconnaissent pas dans cette gouvernance. Ça veut dire qu’il y a un problème de leadership. »
La gestion des structures sanitaires par des intérimaires s’explique, selon lui, par l’absence de remplacement des responsables décédés ou admis à la retraite, ce qui crée un blocage administratif. Une situation qui, selon le coordinateur, favorise la corruption et d’autres pratiques néfastes.
« Vous voulez qu’on continue à être dirigés par des intérimaires ? Alors que vous savez que la situation d’intérim est une situation qui favorise la corruption. C’est une situation qui favorise la désobéissance, le non-respect des procédures. Il y a beaucoup de choses qui sont liées à ça. Donc il faut comprendre qu’on est dans une dynamique où franchement on doit accompagner le président de la République. Il a une volonté affichée d’accompagner la jeunesse et nous sommes des jeunes. J’ai toujours dit, moi je parle de génération, je ne parle pas d’ethnie. Ma vision pour notre système de santé, c’est qu’on doit lutter pour au moins la débarrasser complètement des tares qui sont en train de gangrener un peu le système. »
Avec cette alerte, la Coalition nationale des professionnels de santé (CONAPROS) appelle à une implication forte des autorités, notamment du Chef de l’État, pour un véritable toilettage du système sanitaire, afin qu’il s’aligne avec la politique de refondation de l’État.
« La volonté est affichée et toutes les associations qui composent la Coalition nationale des professionnels de santé sont dans cette dynamique. On ne va pas fléchir pour quelqu’un et on va toujours continuer à lutter pour que notre système soit libre et qu’on ne peut pas être témoin d’une déconstruction de notre système de santé. Ce n’est pas possible. On veut être témoin de la construction de notre système de santé. Donc il ne faut pas que quand on parle, que quelqu’un prenne ça comme si par exemple, c’est un rapport qui est destiné ou bien orienté contre lui. On n’est contre personne. On est en train de se battre pour que le président au moins puisse donner beaucoup plus de souffle. Quand on parle de Simandou 2040, la vision, il y a la santé. C’est l’un des piliers fondamentaux de la vision Simandou 2040. Mais si déjà les acteurs clés de la santé ne se lèvent pas pour donner un impact positif à cette vision, je pense qu’il y a des problèmes. Donc nous, on ne va jamais fléchir. On va aller jusqu’au bout. Accompagnez Monsieur le Président de la République. »
L’article La CONAPROS lève le voile sur le système sanitaire guinéen : “74 % des directeurs d’hôpitaux sont intérimaires” est apparu en premier sur Mediaguinee.com.