Restriction des libertés : attention au retour de bâton (Éditorial)

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La vague de mécontentement provoquée par le virage à droite de la junte guinéenne ne faiblit pas. C’est le moins qu’on puisse écrire, avec l’adhésion du mouvement syndical, au noble combat contre la restriction de l’internet et le brouillage des médias « mainstream » par le pouvoir de Conakry.

Les syndicalistes viennent ainsi grossir les rangs des indignés, en s’engouffrant dans la brèche ouverte par l’interpellation du secrétaire général du SPPG, Sékou Djamal Pendessa, devenu par la force des choses, la figure de proue de la résistance.

L’occasion faisant le larron, ce n’est donc guère surprenant de voir le mouvement syndical saisir cette opportunité pour faire coup double, en greffant cette grave atteinte portée à la démocratie, par les nouveaux princes qui nous gouvernent, à d’autres réclamations de leur plateforme revendicative, remises au goût du jour.

Telles que « la baisse du prix des denrées alimentaires de première nécessité, l’application intégrale du protocole d’accord tripartite signé à la date du 15 novembre 2023 ; l’application Intégrale du protocole d’accord sectoriel de l’Éducation signé le 27 octobre 2023 ». Tandis que « la Libération immédiate et sans condition du Secrétaire Général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée », demeure, elle, non négociable.

L’arrivée de ce nouvel allié et non des moindres dans l’épreuve de force qui oppose le gouvernement aux défenseurs de la liberté d’expression, pourrait faire basculer les choses dans ce David contre Goliath.

En effet, si jusque-là la junte tient le pompon dans l’épreuve de force qui l’oppose aux défenseurs de la liberté d’expression, rien ne dit cependant qu’un retour de manivelle ne pourrait pas se produire, avec l’adhésion des syndicats aux revendications relatives à la levée de la restriction de l’internet et au musellement de la presse. Il s’agit là d’un bol d’air qui tombe à pic, et qui pourrait rebattre les cartes dans cette « foire d’empoigne ». Quand on sait que les associations de presse ont rendu les armes sans combattre. Préférant s’en remettre aux vertus d’un dialogue avec une junte pourtant infatuée, pour n’avoir fait des autres empêcheurs de régner en rond, que d’une bouche. C’est le cas des forces vives qui se sont vues amputées bras et jambes dans leur bras de fer avec le pouvoir.

Échaudé sans doute par le chiffon rouge de la grève, qui se profile à l’horizon, l’exécutif a filé la patate chaude syndicale au fameux Conseil national du dialogue social. Une structure laissée en rade depuis sa création, et qui pourrait juste servir à jouer la montre, dans ce que les contempteurs de la junte qualifient de manœuvres dilatoires.

Le temps sans doute pour le CNRD de trouver les moyens de se tirer cette fâcheuse épine syndicale du pied. Afin d’éviter un remake du scénario des convulsions sociales de janvier et février 2007, qui avait ébranlé le locataire du palais de l’époque, le général Lansana Conté. Ce dernier, il faut le rappeler, avait dû lâcher du lest, après avoir senti le vent du boulet. C’est ainsi que le vieux président, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, s’était résolu à donner une suite favorable à la principale revendication des forces vives, qui portait sur la nomination d’un gouvernement de consensus.

Certes beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, depuis 2007, faisant perdre à nos camarades syndicalistes, de leur superbe. Pour des faits de collusion avec les pouvoirs exécutifs successifs.

Faut-il pour autant douter de la capacité de nuisance du mouvement syndical ? Là est la question, dont la réponse pourrait venir de l’issue de ce bras de fer engagé avec la junte guinéenne.

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