Réplique à Ibrahima Kalil Keita: Simandou, un mirage sous les tropiques (Ibrahima M’Bemba BL)

il y a 17 heures 17
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Monsieur le Directeur général du Service national de Coordination des Projets miniers,

Votre réponse à Dr Faya Millimouno, tout en se voulant technique et rassurante, souffre d’une lacune fondamentale : elle élude les véritables enjeux de l’exploitation minière en Guinée. Car le problème n’est pas tant de savoir si Simandou verra le jour – après tout, l’exploitation des ressources naturelles n’est pas une fin en soi – mais dans quelles conditions, avec quelle transparence et surtout, avec quelles retombées pour la nation guinéenne.

Votre plaidoyer met en avant l’importance du fer sur le marché mondial, sa cotation en bourse, ainsi que la qualité exceptionnelle du minerai de Simandou. Mais tout cela ne répond pas à une question cruciale : la Guinée en tirera-t-elle enfin un profit à la hauteur de son immense richesse naturelle, ou sera-t-elle une fois de plus reléguée au rang de simple pourvoyeuse de matières premières, dépouillée de la plus-value que génère la transformation industrielle ?

I. Une opacité coupable : l’État au service de l’indicible

Votre enthousiasme pour la « volonté politique » qui aurait permis l’aboutissement du projet Simandou sonne comme une antienne ressassée depuis des décennies. Depuis 1997, les gouvernements successifs nous ont promis l’entrée en exploitation imminente de ce gisement colossal. Or, plus de 25 ans après, ce projet reste une abstraction, un objet de tractations opaques où les intérêts de la Guinée demeurent flous.

Car ce que les Guinéens réclament avant tout, ce n’est pas une énième déclaration d’intention, mais une transparence absolue sur les conditions de cession et d’exploitation de Simandou. Pourquoi les autorités rechignent-elles à rendre publics les accords signés avec les compagnies minières ? Pourquoi s’abritent-elles derrière l’argument du « secret d’État » ?

L’histoire récente est là pour nous rappeler que lorsqu’un projet se drape dans l’opacité, c’est bien souvent parce qu’il est entaché d’incohérences et d’arrangements douteux. Quel est le véritable poids de la Guinée dans les trois compartiments du projet – exploitation minière, construction du Transguinéen et infrastructures portuaires ? Selon les données disponibles, la Guinée ne détient qu’une infime portion des parts, bien loin de ce qui aurait pu garantir une souveraineté économique réelle sur cette ressource stratégique.

II. Un fâcheux parallèle : l’exploitation de la bauxite, une leçon oubliée

Votre démonstration économique ne tient pas compte des erreurs du passé. Rappelons-nous : il y a un demi-siècle, la Guinée était déjà le premier exportateur mondial de bauxite. On nous promettait alors que cette manne minière allait transformer le pays. Résultat ? Une richesse qui s’est envolée vers l’étranger, tandis que la population guinéenne reste l’une des plus pauvres au monde.

Dans les années 1960-1970, l’État guinéen possédait pourtant des parts significatives dans les entreprises minières : 51 % dans l’usine de transformation de la bauxite en alumine, 49 % dans la CBG, tout en étant propriétaire de toutes les infrastructures – logements, rails, ports. Et pourtant, la Guinée n’a jamais vu son économie décoller.

Alors, comment osez-vous aujourd’hui nous faire croire que nous tirerons davantage profit d’un projet où notre participation ne dépasse pas 15 % ? Comment peut-on imaginer que ce qui n’a pas fonctionné avec un contrôle majoritaire pourrait miraculeusement réussir avec une présence encore plus marginale ?

Si l’expérience de la bauxite nous enseigne quelque chose, c’est bien que l’extraction brute des ressources naturelles, sans industrialisation locale, est un non-sens économique. Ce modèle, que vous défendez aujourd’hui avec Simandou, n’a conduit qu’à l’appauvrissement du pays et à l’enrichissement des multinationales et de quelques élites locales complices.

III. Une opportunité manquée : pourquoi la Guinée persiste-t-elle dans l’erreur ?

Vous soulignez que le fer de Simandou est d’une qualité exceptionnelle, qu’il se vend bien et qu’il est convoité par les grandes puissances industrielles. Mais alors, pourquoi nous contentons-nous encore de l’exporter à l’état brut ?

D’autres pays africains ont compris qu’il fallait cesser d’être de simples fournisseurs de matières premières et privilégier une transformation locale. Le Botswana, par exemple, impose aujourd’hui la transformation de ses diamants sur place. Le Nigeria, après des décennies d’exportation brute de son pétrole, a fini par bâtir une raffinerie avec Dangote pour maîtriser sa chaîne de valeur et capter la véritable richesse générée par ses ressources.

Pourquoi la Guinée n’a-t-elle pas une vision similaire pour son fer ? Pourquoi refuse-t-elle de promouvoir des partenariats public-privé solides pour créer des industries sidérurgiques locales et garantir une véritable souveraineté économique ? La seule réponse plausible est que cela nécessiterait une gouvernance vertueuse et une stabilité politique que les autorités actuelles sont incapables d’assurer.

L’argument sur l’offre et la demande: que dire?

M. Keita, en tentant de ridiculiser l’analyse du Dr Faya Millimouno, vous avez commis une faute impardonnable : vous avez simplifié une réalité économique complexe en un exercice de rhétorique creuse. Vous avez beau énumérer les usages du fer, invoquer la cotation en bourse et aligner des chiffres, votre argumentaire repose sur une vision bancale de l’offre et de la demande. Rétablissons quelques vérités qui vous échappent peut-être :
1. Un marché bien plus complexe qu’un simple rapport d’offre et de demande

Loin d’un modèle de marché idéal où le prix du fer évoluerait uniquement en fonction de la demande mondiale, le secteur minier est dominé par des logiques géopolitiques, des cartels industriels et des considérations stratégiques des grandes puissances économiques. Croire que la simple demande chinoise suffira à garantir la rentabilité du projet Simandou est une erreur de jugement colossale.

Le prix du fer est volatil et dépend de bien plus que la demande industrielle : en 2021, il a atteint 220 USD la tonne, avant de chuter en dessous de 90 USD en 2022. Pourquoi ? Parce que la Chine a réduit sa production d’acier, non par manque de besoin, mais par décision politique pour limiter la pollution et restructurer son industrie sidérurgique. Une donnée que votre analyse oublie volontairement.

La Chine contrôle déjà ses approvisionnements : Elle dépend certes des importations, mais elle ne veut pas dépendre de Simandou, et pour cause : elle a déjà des fournisseurs solides en Australie, au Brésil et en Afrique du Sud. Le Simandou ne deviendra une priorité que si ces sources s’effondrent, ce qui est loin d’être garanti.

IV. Simandou : un train pour qui ?

Votre ultime argument est une formule creuse : « Dr. Faya verra de son vivant le premier train de minerai quitter Simandou ». Mais que doit-on en conclure ? Qu’il suffirait qu’un train parte pour que la Guinée se transforme en une puissance économique florissante ?

L’histoire de la Guinée est jalonnée de « premiers trains », « premiers bateaux », « premières tonnes exportées ». À chaque fois, le peuple guinéen a regardé partir ses richesses sans en voir les bénéfices. Combien de milliards de tonnes de bauxite ont déjà quitté notre sol ? Combien de milliards de dollars ont été générés sans que le citoyen guinéen n’en ressente l’impact dans son quotidien ?

Monsieur le Directeur Général, ce dont la Guinée a besoin, ce n’est pas d’un train de plus, mais d’une vision économique cohérente et souveraine, d’une transparence absolue sur ses ressources et d’une refonte de sa politique minière.

Sans cela, Simandou ne sera qu’un mirage de plus, un mensonge économique habillé de fer.

Contrairement à ce que vous avez dit ou tenté de dire du Bloc Libéral, faut-il retenir que Le Bloc Libéral (BL), sous la direction de Dr Faya Millimouno, incarne une alternative politique courageuse et résolument tournée vers l’avenir. Contrairement aux formations traditionnelles qui se complaisent dans un statu quo stérile, le BL propose une refonte radicale du système guinéen, fondée sur trois piliers essentiels : la gouvernance vertueuse, la souveraineté économique et l’émancipation citoyenne.

À ceux qui doutent de la nécessité de cette rupture, nous posons une question simple : le modèle actuel a-t-il apporté le développement, la prospérité et la justice sociale aux Guinéens ? La réponse est non. Dès lors, persister dans les mêmes erreurs relèverait d’une abdication coupable.

I. Une gouvernance vertueuse : rompre avec la corruption endémique

L’un des maux les plus destructeurs en Guinée est l’appropriation privée des ressources publiques par une élite dirigeante sans vision. La corruption est devenue le mode de fonctionnement normal de l’État, plongeant le pays dans une spirale d’appauvrissement et d’injustice.

Le Bloc Libéral prône une réforme profonde de la gouvernance, basée sur l’intégrité des institutions, l’indépendance de la justice et la gestion transparente des finances publiques. Cela passe par :

1. L’instauration d’une Cour des Comptes indépendante et dotée d’un pouvoir de sanction réel, capable d’auditer les dépenses publiques sans interférence politique.

2. La fin du clientélisme et du favoritisme ethnique dans l’administration publique, avec des recrutements basés exclusivement sur la compétence et le mérite.

3. Une lutte implacable contre la corruption, avec des sanctions sévères contre les détournements de fonds et les contrats frauduleux.
Le pays a le choix entre deux voies :

Persister dans un système corrompu et dépendant, où le peuple restera toujours spectateur de sa propre misère.

Ou embrasser une nouvelle ère, où la Guinée redeviendra maître de son destin, avec un État intègre, une économie souveraine et un peuple émancipé.

Le Bloc Libéral est ce choix. Un choix de rupture, un choix de courage, un choix d’avenir.

Ibrahima M’Bemba Bah

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