Reconnaissance à N’Famara Keïta, premier membre du gouvernement à diriger le département de la Défense nationale et noyau de la création de l’armée guinéenne

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Né vers 1924, N’Famara Keïta est le premier des membres du gouvernement à diriger le département de la Défense de la République de Guinée indépendante, en tant que Secrétaire d’État à la Présidence en charge de la création de l’Armée nationale (1958-1960). Après le retrait des français en 1958, c’est à cet homme alors membre du bureau politique du PDG-RDA, que le Président Sékou Touré demande de mettre son savoir-faire à la disposition de la Guinée, pour lui doter d’une Armée nationale. Bien que cette tâche parût difficile à première vue à cause notamment du fait que les français soient partis avec tout, N’Famara Keïta s’est mis à la tâche, appuyé par d’autres compatriotes et a pu mettre en place une Armée nationale ayant pour principaux rôles : défendre l’intégrité du territoire national face aux agressions extérieures et assurer la sécurité et la paix à l’intérieur des frontières (fonctions régaliennes) mais aussi contribuer à l’économie nationale.

Après l’accession à l’indépendance de la République de Guinée le 2 octobre 1958, le pays a été dépouillé de tous les services autrefois assurés ou supervisés par les colons. Les historiens racontent que « les français sont rentrés avec tout ce qu’ils avaient en République de Guinée au lendemain de l’indépendance, même les câbles de téléphones n’ont pas été épargnés ».

Dans ce contexte, Sékou Touré qui a proclamé l’indépendance et ses compagnons avaient du pain sur la planche car tout, ou presque, était à refaire. Du service public à la sauvegarde de la souveraineté de l’État, ils sont allés sur tous les fronts en même temps pour assurer au jeune État Guinée et à ses habitants, une République souveraine et paisible.

Ainsi, en ce qui concerne l’aspect sécurité de l’État et défense de l’intégrité du territoire national, c’est à feu N’Famara Keïta que le Président guinéen, Sékou Touré, a eu confiance en le nommant Secrétaire d’État à la Présidence chargé de la Défense nationale. N’Famara Keïta méritera cette confiance puisqu’il assumera cette fonction à la satisfaction du Gouvernement.

Après donc l’accession de la Guinée à l’indépendance, la France avait demandé qu’en lieu et place d’une armée, que la Guinée mette en place simplement une gendarmerie. Ce qui fut rejeté par les nouvelles autorités politiques de Guinée. Ainsi, N’Famara Keïta prit l’initiative de regrouper les troupes au camp Gallieni de Kindia (actuel camp Kèmè Bourama) en compagnie du Capitaine Noumandian Keïta et des autorités locales pour sensibiliser ces anciens soldats de l’armée coloniale d’accepter d’adhérer à la nouvelle armée guinéenne.

Dans la même veine, lors du contentieux Franco-Guinéen, N’Famara Keïta dirigea les discussions avec la France pour le rapatriement et l’intégration des militaires guinéens qui exerçaient dans l’armée coloniale française notamment au Sénégal et en Algérie. C’est ainsi que le premier contingent est rentré le 22 novembre 1958 en Guinée, en provenance du Sénégal et le second contingent est arrivé le 31 décembre de la même année en provenance d’Algérie. C’est dans ce contingent que le Général Lansana Conté (alors sergent de l’armée coloniale française) était.

Bien que très important dans le processus de mise en place de l’armée guinéenne, N’Famara Keïta n’était pas seul à abattre ce travail de titan. Il a été aidé notamment, en plus du Président de la République d’alors, de Noumandjan Keita et de son adjoint Kaman Diaby qui étaient à l’époque respectivement capitaine et sous-lieutenant de l’armée française. Ceux-ci y ont aussi joué d’importants rôles.

Pour la mise en place effective de l’armée guinéenne, le Secrétaire d’État N’Famara Keita était appuyé par un Secrétariat général chargé de la direction et de l’organisation de l’armée créé en octobre 1958 et dirigé par le Capitaine Noumandjan Keita. Ce Secrétariat général sera transformé en État-Major général de la défense nationale en décembre 1958, toujours sous l’autorité du Capitaine Noumandian Keïta.

Pour réaliser la mise en place effective de l’armée guinéenne, le président Sékou Touré confia à N’Famara Keita d’importantes responsabilités telles que l’élaboration de l’ordonnance N°23/PRG du 16 décembre 1958 portant création de l’Armée nationale ainsi que la rédaction des statuts de la nouvelle armée.

« Une des préoccupations du Secrétaire d’État N’Famara Keïta dans l’exercice de ses fonctions était le rehaussement du niveau de formation et de compétence des officiers et sous-officiers de la nouvelle armée guinéenne et ce, dans toutes ses composantes : armée de terre, armée de l’air, armée de mer, gendarmerie, génie militaire, logistique militaire, intendance militaire, etc. À cette fin, il négocia en 1959 des bourses d’études et de perfectionnement avec les nouveaux pays partenaires de la Guinée, notamment avec l’ex-Union Soviétique, pour le bénéfice des jeunes officiers et sous-officiers guinéens de l’époque parmi lesquels on peut citer Siaka Touré, Abraham Kabassan Keita, Jean Traoré, Mamadou Baldé, Doubani Konaté, Baourou Condé, Abdourahmane Diallo, etc. ».

La contribution de l’armée à l’économie était également une des préoccupations du nouveau gouvernement de la Guinée indépendante même si celle-ci est chargée tout d’abord de la défense du territoire et du maintien de l’ordre dans le pays, «… mais nous tenons à ce que l’armée soit intégrée dans l’économie nationale : les militaires devront contribuer à la mise en valeur du pays en exploitant, par exemple, les terres de Haute-Guinée pour la culture du riz », affirme N’Famara Keita, secrétaire d’État à la Défense nationale.
Source : « AHMED SÉKOU TOURÉ, l’homme et son combat anti-colonial (1922-1958) – Page 235 », par l’historien Feu Sidiki Kobélé Keita (Aux éditions S.K.K. – Conakry)
Depuis la mort de N’Famara Keïta en 1984, son nom est passé sous silence quand on célèbre l’armée guinéenne, même lors de la date anniversaire de celle-ci qui est le 1er novembre. Ce manque de reconnaissance à celui qui est un des véritables fondateurs de l’armée guinéenne, n’est pas un fait nouveau. Au lendemain du décès de Sékou Touré en 1984, l’ancien ministre de l’Énergie et du Konkouré du dernier gouvernement de la première république fut arrêté par les nouveaux hommes forts du pays et emprisonné à la prison de Kindia, où il rendit l’âme quelques mois plus tard.

Aujourd’hui, il revient à la junte au pouvoir, de rectifier le tir et de donner à César ce qui lui appartient surtout que celle-ci s’est donnée pour priorité, la célébration même à titre posthume, des héros de la Guinée d’autant plus que N’Famara Keïta est un membre fondateur du PDG-RDA qui a toujours bénéficié de l’entière confiance du Président Sékou Touré. C’est pour cela qu’il a été sans interruption d’une part, membre du Bureau politique national du PDG-RDA depuis la création de celui-ci en 1947 et d’autre part, membre du gouvernement guinéen de 1958 à avril 1984. Cette reconnaissance contribuerait à rappeler la vraie histoire, autrement dit la vérité historique.

Enfin, une fois la mission de création de l’Armée nationale accomplie et que celle-ci était désormais opérationnelle, le Président Sékou Touré confia à nouveau une autre mission à N’Famara Keita qui consistait à mettre en place le tout nouveau ministère du Plan issu d’une restructuration du gouvernement guinéen. Ainsi, il fut le tout premier ministre du Plan de la Guinée indépendante, d’où il lança le premier plan de développement du pays connu sous le nom de Plan triennal.

Récit de Mohamed Nana Bangoura

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