Prochaines CAN: « Il ne faut pas refermer complètement la porte à une éventuelle co-organisation… » (Tanou Diallo)

il y a 5 heures 33
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Dans une récente déclaration, le ministre des sports, Keamou Bogola Haba, a annoncé l’intention de la Guinée de présenter sa candidature pour l’organisation d’une des prochaines éditons de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Les éditions 2031, 2033 et 2035 seraient ciblées.

Si cette annonce réjouit les passionnés du football guinéen, elle appelle néanmoins à une certaine prudence. En effet, la Confédération africaine de football (CAF) pourrait accorder un intérêt limité à une candidature guinéenne, surtout au regard des précédents échecs du pays à honorer ses engagements. Dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction sur ce sujet, l’officier média de la CAF, le journaliste Tanou Diallo, a souligné la nécessité pour la Guinée de constituer un dossier solide, assorti de garanties concrètes.

« Bien évidemment, en tant qu’amoureux du football et de mon pays, je suis très heureux que la Guinée ait annoncé son intention d’organiser l’une des prochaines éditions de la CAN. C’est une nouvelle que j’ai accueillie avec beaucoup de joie. Cependant, je préfère rester prudent. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une déclaration d’intention, rien de plus. Nous attendons de voir comment les autorités comptent concrétiser cette ambition. Il faut d’ailleurs préciser qu’il sera nécessaire de présenter un dossier solide, avec toutes les garanties possibles, afin de convaincre la Confédération africaine de football (CAF) de notre capacité à accueillir une telle compétition. Même s’il n’est pas utile de trop s’attarder sur le passé, rappelons que l’organisation d’une CAN nous avait déjà été attribuée, et que nous n’avons pas su saisir cette opportunité historique d’abriter, pour la première fois, cette prestigieuse compétition qui existe depuis 1957. Cette défaillance nous a, d’une certaine manière, fait perdre en crédibilité. Aujourd’hui, il faut être conscient que le cahier des charges s’est considérablement alourdi et que la CAF est devenue beaucoup plus exigeante. Au moment de présenter notre candidature, il sera essentiel de tenir compte de tous ces paramètres, car désormais, plus aucun cadeau ne nous sera fait », a-t-il dit.

Organiser une CAN exige de nombreuses infrastructures, surtout depuis l’élargissement du tournoi à 24 sélections. Or, à ce jour, la Guinée ne dispose ni de stades homologués ni de terrains d’entraînement répondant aux normes requises. Néanmoins, Tanou Diallo invite à accorder le bénéfice du doute aux autorités qui ont fait cette annonce.

« Pour l’instant, accordons-leur le bénéfice du doute. On ne dira pas que c’est une manière d’amuser la galerie, mais, comme je l’ai déjà mentionné, restons prudents et observons. Il faut reconnaître que, pour un pays qui ne dispose même pas d’un terrain d’entraînement répondant aux normes de la CAF ou de la FIFA, cette annonce peut paraître comme une opération de communication, voire de l’enfumage. Depuis 2023, faute de posséder un seul stade homologué, nos sélections nationales — toutes catégories confondues — ainsi que nos clubs reçoivent leurs adversaires à l’extérieur. C’est une situation totalement scandaleuse et inacceptable pour un pays comme la Guinée. Les deux stades principaux du pays sont fermés pour rénovation depuis plus de deux ans — une période durant laquelle on aurait pu, en principe, construire un nouveau stade. Aujourd’hui encore, on ignore quand ces travaux prendront réellement fin, même si la présidence de la République a récemment mis la pression sur les responsables du stade Général Lansana Conté de Nongo, en fixant une date butoir pour le mois de décembre prochain. Et là, nous ne parlons que des stades. Nous n’avons même pas abordé la question des infrastructures hôtelières, routières, médicales ou aéroportuaires, dont nous connaissons tous l’état dans notre pays. Inutile d’en dire davantage », a-t-il indiqué.

Le journaliste sportif a exhorté l’État à intensifier la pression sur les entreprises en charge de la rénovation des deux stades que dispose le pays, afin d’assurer leur livraison dans les meilleurs délais. Il a également souligné que l’expérience de la co-organisation du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2025 a démontré que cette formule peut constituer une solution viable pour les pays qui ne disposent pas encore des capacités nécessaires pour abriter, seuls, une CAN à 24 équipes.

« Tout ce que je souhaite dire, c’est qu’il faut garder toutes les options ouvertes. Il ne faut pas refermer complètement la porte à une éventuelle co-organisation avec un ou deux pays voisins. La capitale malienne est à moins d’une heure de Conakry, le Sénégal n’est pas loin, et la Sierra Leone est toute proche. Nous venons d’ailleurs de voir l’exemple du CHAN, organisé conjointement par l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie, qui accueilleront également la CAN 2027. Cette expérience a démontré que la co-organisation peut être une solution viable pour les pays qui n’ont pas encore les capacités nécessaires pour abriter seuls une CAN à 24 équipes. Et tout s’est déroulé de manière impeccable. Il serait donc judicieux d’envisager sérieusement cette option en engageant des discussions directes avec nos voisins. Je reste convaincu que cela augmenterait nos chances de voir notre dossier de candidature retenu. En attendant, nous demandons à l’État d’accentuer la pression sur les entreprises chargées de la rénovation de nos deux stades. C’est une question de fierté et de souveraineté nationale. Même si certains semblent tirer profit de cette situation, il est inconcevable de continuer à faire errer nos différentes équipes à travers d’autres pays. Cela doit cesser », a-t-il lancé dans cet entretien accordé à Mosaiqueguinee.com.

MohamedNana BANGOURA

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