PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Le tribunal criminel de Dixinn a entendu le témoignage poignant de Mamadou Chérif Barry, un témoin des parties civiles, lors de sa comparution ce 14 février 2024. M. Barry, bien que comparaissant en tant que témoin, a également été victime des événements tragiques du 28 septembre 2009, car son propre fils, Thierno Mamadou Barry, a été tué par balles.B
Barry a relaté devant la barre les circonstances déchirantes entourant la mort de son fils, partageant avec émotion les détails de cette journée fatidique. « Nous avons travaillé jusqu’aux environs de 14h, on a dépêché mon fils, Thierno Mamadou Barry à la maison pour nous envoyer le déjeuner », a-t-il déclaré. « Sur le chemin de retour, il a trouvé que la manifestation a dégénéré. Il y avait des forces de l’ordre partout. Il a eu peur.»
Le témoin a poursuivi son récit, expliquant que son fils portait sur la tête le déjeuner familial et l’uniforme de leur garage lorsqu’il a été pris pour cible. « Au moment de rejoindre la grande route, ils ont tiré sur lui », a-t-il déclaré avec émotion. « Certains qui l’ont reconnu m’ont appelé au téléphone pour me dire qu’ils ont tiré sur un mécanicien. »
Barry a décrit la scène dévastatrice qu’il a découverte, son fils gisant au sol, touché par huit balles. « Les trous des balles étaient visibles» a-t-il témoigné. « Ceux qui ont tiré sur lui ont mangé le repas et ont tiré sur le bol.»
Chérif Barry a déclaré que pendant que la Croix-Rouge envoyait le corps à Donka, un militaire a tiré sur le véhicule : « On a pris le corps et le bol pour aller à Donka. Quand nous sommes arrivés au niveau de Commandanyah, on a croisé un groupe des forces de l’ordre. Un d’entre eux a demandé au chauffeur de garer. Celui-ci n’ayant pas obtempéré tout de suite, ils ont tiré sur le pneu de la voiture. C’est ainsi que le chef de l’équipe de la Croix-Rouge est descendu. Ils lui ont demandé où il va. Il a dit qu’il a un corps qu’il dépose à l’hôpital. »
Le témoin a expliqué ensuite comment des corps des victimes ont été embarqués par des militaires pour une destination inconnue : « J’ai vu des militaires prendre les corps de la morgue pour les embarquer dans leur camion. Ils en ont embarqué beaucoup. »
Enfin, le témoignage de Barry a également évoqué les séquelles émotionnelles et physiques que d’autres victimes ont subies : « Trois jours après, un voisin qui avait été arrêté avec sa femme, sont revenus. Ils étaient détenus au camp Alpha Yaya. Ils ne pouvaient pas se lever sans l’aide de quelqu’un. Voyant la tristesse en moi pour avoir perdu mon enfant, il m’a dit de laisser pour moi à Dieu. Il a dit qu’ils ne pourront pas, lui et sa femme, survivre des tortures qu’ils ont subies au camp Alpha Yaya. »
Ayant lui-même déposé le corps de son fils à la morgue de Donka, Mamadou Chérif était surpris de n’avoir pris retrouvé le corps de celui-ci le jour de la restitution des corps à la mosquée Fayçal : « Lors de la restitution des corps à Fayçal, nous n’avons pas pu récupérer celui de mon fils. Je me suis dit que, étant donné la présence du ministre de la Santé de l’époque lors de l’embarquement des corps dans le camion militaire, et ayant entendu des rumeurs selon lesquelles ils allaient jeter les corps, je n’étais pas certain. J’ai supposé que la présence du ministre signifiait la préservation des corps. Nous avons scruté parmi tous les corps exposés, mais nous n’avons pas retrouvé celui de mon fils. »
Les témoins des parties civiles ayant déjà fini de comparaitre, c’est désormais au tour de ceux de la défense. Cependant, il s’est avéré que certains témoins présentés par la défense étaient en fait des témoins du ministère public. L’audience a donc été renvoyée au 19 février prochain. Le Colonel Tamba Gabriel Diawara, ancien directeur du MP3, devait comparaître en tant que témoin de la défense d’Ibrahima Camara, dit Kalonzo.