Présidentielle en Guinée de 1993 à 2025 : retour sur les  précédentes élections

il y a 2 heures 14
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La Guinée va élire son président le 28 décembre 2025, date du premier tour du scrutin. Retour sur les précédentes élections présidentielles guinéennes, depuis 1993.

Le général Lansana Conté accède à la présidence de la Guinée en 1984, à la suite d’un coup d’État. Auparavant une colonie française, la Guinée a été dirigée pendant 26 ans par le socialiste Ahmed Sékou Touré (1958-1984). Les difficultés économiques observées alors se sont poursuivies sous Conté qui n’a pas été en mesure de les enrayer malgré une politique de libéralisation procurant une certaine croissance. La corruption s’installe au cœur du système. De plus, les infrastructures sont désuètes et les systèmes de santé et d’éducation ne répondent pas aux besoins de la population.

Fin des années 1990. C’était le retour du multipartisme  dans le pays. A cette date, la Guinée est, elle aussi, frappée de plein fouet par la conjoncture mondiale. En cause, également, une gouvernance locale défaillante. Les bailleurs internationaux pressent le président Lansana Conté de prendre des mesures d’austérité y compris la démocratie.  Il va alors céder et instaurer le multipartisme. Pour la première fois depuis l’indépendance, les candidatures des opposants au régime en place sont admises. Ainsi,  Alpha Condé,  Siradiou,  Bâ Mamadou, Jean-Marie Doré, Facinet Touré, Mansour Kaba… sont autorisés à compétir

Les résultats officiels sont néanmoins sans appel : plus de 70% des voix pour le sortant, Général Lansana Conté contre environ 18% pour son challenger direct, M Alpha Condé. Ce dernier dénonce des bourrages d’urnes. « Quand nos délégués ont eu le dessus et qu’ils ont pu ouvrir les urnes ou les fracasser, on a découvert que les urnes étaient remplies. J’ai donné à quelques journalistes qui étaient là l’exemple d’une urne qui contenait déjà, avant qu’on ne vote, 1464 bulletins Lansana Conté et 7 bulletins de Alpha Condé », dénonçait ainsi le candidat Alpha Condé.

1998, une présidentielle sous haute tension 

Des tensions marquent l’élection présidentielle de 1998 en Guinée. Celui qui est chef de l’État depuis 1984, le président Lansana Conté, est réélu dans ses fonctions dès le premier tour, avec 56,1 % des voix. Ce résultat est toutefois contesté par les autres candidats.

Après donc une première victoire électorale en 1993, Lansana Conté revient devant l’électorat le 14 décembre 1998. Il se retrouve face à quatre candidats, dont deux qui étaient sur les rangs lors de la présidentielle de 1993 : l’économiste Bâ Mamadou Boye, du  Parti du Renouveau et du Progrès, et Alpha Condé du Rassemblement du peuple de Guinée. La campagne électorale est marquée par de la violence. L’opposition dénonce des fraudes massives avant même la sortie des résultats officiels, notamment dans la capitale Conakry. Ses membres croient que le président tente de s’ingérer dans le processus électoral afin de gagner au premier tour. Ce qu’il réussit, récoltant 56,1 % des voix. Il devance Bâ Mamadou Boye 24,6 % et Alpha Condé 16,9 %. Condé sera arrêté peu après le vote et emprisonné. L’opposition persistera à dénoncer des cas de fraude, mais le résultat sera maintenu.

2003 : une élection présidentielle en Guinée, sous tension mais sans suspense

Comme pour les précédentes élections, les frontières terrestres, aériennes et maritimes de la Guinée sont fermées toute la journée de dimanche et la circulation « urbaine et interurbaine » interdite.

Le président guinéen Lansana Conté, au pouvoir depuis près de vingt ans, brigue dimanche 21 décembre 2003 un nouveau mandat de cinq ans lors d’une élection boycottée par les principaux opposants, qui la considèrent comme une nouvelle mascarade dans un pays en crise.

Ce premier tour de scrutin ressemble donc à un second puisque le général Conté, 69 ans, porté au pouvoir par un coup d’Etat en avril 1984, élu en 1993 et réélu en 1998, a un seul adversaire, peu connu des Guinéens, le député Mamadou Bhoye Barry, 50 ans, leader et unique député d’un petit parti, l’Union pour le Progrès National . « Je suis de l’opposition modérée, je me présente parce que la Guinée a besoin de changement », soutenait-il pour justifier sa candidature. Quand le Général Lansana Conté lui ironise « Je ne connais pas un pays où le boycott des élections a fait reculer un pouvoir ».

Les poids-lourds de l’opposition, estimant que le scrutin n’offrait aucune garantie de transparence, ont de leur côté décidé de le boycotter et demandé à leurs militants d’en faire autant. Selon eux, le général Conté se considère comme un « président à vie » et sous son régime, qu’ils jugent « fini », les élections seront toujours frauduleuses. En novembre 2001, la Constitution avait été modifiée par référendum afin de supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels, portés de cinq à sept ans, et supprime la limite d’âge du titulaire du poste.

Présidentielle 2010 : Alpha Condé élu parmi les 24 candidats

Malgré son faible score du premier tour 18 %, Alpha Condé remporte l’élection présidentielle avec 52,5% des voix contre 47,5%  à son adversaire Cellou Dallein Diallo, a annoncé  la Commission électorale indépendante  après de multiples retards et contestations.

L’O.N.U. ainsi que l’Organisation Internationale de la Francophonie, après la proclamation des résultats ont appelé les Guinéens à accepter les « résultats de l’élection« .  Ensuite,  Alpha Condé, a invité son adversaire Cellou Dalein Diallo à la « concorde« , estimant que « le temps est venu de se donner la main« . Ce dernier a, quant à lui appelé ses partisans au calme dans l’attente d’un examen de ses réclamations par la Cour suprême, leur demandant explicitement d’ « éviter les provocations et les violences de toute nature ».

Rappelons que la situation s’était d’abord brutalement dégradée. Les deux candidats revendiquant la victoire sans attendre le verdict de la CENI. Des affrontements dans la capitale entre jeunes et forces de l’ordre ont fait au moins un mort et des dizaines de blessés. Après un premier tour assez calme, des incidents sanglants avaient émaillé la campagne du second tour reporté deux fois. La présidence de la très sensible CENI avait finalement été confiée à un étranger, le Malien, Général Siaka Sangaré, personnalité proche de la Francophonie et le second tour s’était tenu le 7 novembre, sans incident notable.

2015 : Alpha Condé réélu dès le premier tour

Le président sortant Alpha Condé a remporté dès le premier tour l’élection présidentielle, Il obtient plus de 60 % des suffrages avec 2,2 millions de voix. Ces résultats, qui portent sur 92 % des inscrits, lui assurent une majorité absolue, compte tenu de la participation, qui s’élève à 68 %.

Le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, vaincu sur le fil il y a cinq ans, arrive loin derrière M. Condé, avec un peu plus d’un million de voix. Il distance toutefois six autres candidats. Dénonçant une fois de plus une « mascarade », M. Diallo a annoncé renoncer à saisir la Cour constitutionnelle, une institution dont il conteste l’indépendance. Mais il a précisé qu’il appellerait, « le moment venu, les autres candidats et tous les citoyens qui sont les vraies victimes de ce hold-up électoral à organiser, conformément à la loi, des manifestations pacifiques ».

Une fois encore l’opposant  Cellou Dalein Diallo  met en cause les taux de participation d’environ 90 % annoncés dans les bastions électoraux du président sortant, favorisés selon lui par une série de décisions de la Commission Electorale Nationale Indépendante assouplissant les règles de vote pendant le scrutin. Il a aussi pointé des inégalités géographiques dans la distribution des cartes d’électeur.

Les Guinéens ont voté dans le calme ce 11 octobre mais dès le lendemain, les sept candidats concurrents de M. Condé ont réclamé l’annulation du premier tour devant la cascade de problèmes de logistique et d’organisation observés.

La communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’Homme, inquiètes du risque de violences postélectorales, fréquentes en Guinée, exhortent les candidats à régler leurs litiges en justice et non dans la rue. Les deux précédents scrutins, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, avaient été entachés par des violences.

2020 : Alpha Condé remporte les élections pour un troisième mandat

Selon les chiffres de la Commission Electorale Nationale Indépendante, Alpha Condé a gagné la présidentielle avec 59,49% contre 33,5% pour Cellou Dalein Diallo. Avec un taux de participation de 78,88% selon le CENI.

L’annonce de la victoire du président Guinéen a été faite samedi par Kabinet Cissé, le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante dans un contexte de troubles et de heurts. Cellou Dalein  s’est proclamé vainqueur de la présidentielle dans un premier temps avant d’indiquer que l’administration du président Condé de modifier les résultats en faveur du président sortant. Sur son compte Twitter et sa page Facebook, le président de l’UFDG a indiqué que la police avait encerclé son domicile. Dans un entretien accordé à l’AFP, Cellou Dalein a annoncé qu’il contesterait devant la justice la victoire du président Alpha Condé.

La candidature controversée d’Alpha Condé pour un troisième mandat avait suscité des manifestations avant les élections, au cours desquelles au moins 50 personnes ont trouvé la mort, selon Amnesty International.

Election présidentielle du décembre 2025 : neuf candidats retenus, dont le président sortant, Mamadi Doumbouya

La Cour Suprême a publié mercredi 12 novembre dernier, la liste définitive des neuf candidats retenus pour l’élection présidentielle du 28 décembre prochain, sur laquelle figure le chef de l’Etat, Mamadi Doumbouya.

Parmi 51 dossiers enregistrés, la Cour suprême a retenu huit autres candidats, pour la plupart peu connus du grand public. En l’absence des ténors, comme les anciens premiers ministres en exil, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré… Les recours de plusieurs candidats recalés introduits après la publication de la liste provisoire ont été rejetés par la Cour, qui a estimé qu’ils étaient « non fondés ».

Quatre ans après la prise du pouvoir par les militaires, les Guinéens doivent voter le 28 décembre pour élire un nouveau président. Le scrutin présidentiel, espéré depuis quelques temps par la population et la communauté internationale, doit acter la fin de la transition depuis la prise du pouvoir, en septembre 2021, par M. Doumbouya, qui a renversé le président civil Alpha Condé, lequel était en fonction depuis plus de dix ans.

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