“Nous voulons des routes, des écoles, un poste de santé…” : les plaintes des populations oubliées de Tabondeya (Boké)

il y a 3 heures 19
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Situé à une trentaine de kilomètres de Boké, le district de Tabondeya (dans la sous-préfecture de Kolaboui) est un village au riche passé culturel et sportif. Mais cette localité, composé de 6 secteurs et d’environ 1 200 habitants, est actuellement confrontée à d’importants défis de développement.

Enclavé et difficile d’accès, Tabondeya ne dispose d’aucune infrastructure sanitaire, obligeant les habitants à parcourir de longues distances pour se soigner. Et ceci, malgré la présence de plusieurs sociétés minières dans les environs. L’agriculture, principale activité économique du village, est en déclin et menacée par les effets de l’exploitation minière.

Sur le plan éducatif, l’école élémentaire fait face à un manque d’enseignants, et l’absence de collège constitue un véritable défi dans la localité.

Dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com samedi dernier, 4 octobre 2025, Elhadj Mady Koumbassa, président du conseil de district de Tabondeya, a dressé un tableau des besoins prioritaires de sa communauté.

Décryptage !

Guineematin.com : pouvez-vous nous présenter le district de Tabondéa et son histoire ?

Elhadj Mady Koumbassa, président du conseil de district de Tabondeya

Elhadj Mady Koumbassa« Tabondeya, c’est un vieux district, puisqu’il existe depuis l’indépendance et perdure jusqu’à nos jours. Il s’est illustré dans de nombreux domaines, notamment sportifs et culturels. Tous les gouverneurs qui sont passés ont retenu de ce village l’image d’un véritable centre culturel. À une certaine époque, quand nous étions encore très jeunes, des gouverneurs comme un certain monsieur Kabassan Keita passaient presque tout leur temps ici. La troupe culturelle de Tabondeya a même représenté la préfecture de Boké et plusieurs de nos sœurs ont été recrutées dans les Ballets Africains, notamment dans le Ballet Djoliba. Je sais aussi que la jeunesse de Tabondeya a renforcé l’équipe fédérale de Boké. Sur le plan agricole, Tabondeya est également une zone de production. Le village se situe à environ 8 kilomètres de Kolaboui et à 30 kilomètres de Boké. »

Guineematin.com : Quels sont aujourd’hui vos besoins prioritaires pour le développement de Tabondeya ?

Elhadj Mady Koumbassa« Nous avons beaucoup de besoins. Dans notre plan d’actions, nous avons retenu en priorité le désenclavement de Tabondeya. Aujourd’hui, pour venir de Kolaboui, il faut passer par Diassia, alors qu’il existe une ligne droite à travers la plaine de Balaya. Si un pont y était construit, on accéderait directement à Tabondeya. De plus, la route Diassia–Tabondeya a besoin d’être reprofilée. Nous avons déjà discuté de ce problème avec plusieurs personnes. Sur le plan administratif, nous disposons d’une école, mais il nous manque un logement pour l’administration scolaire. Normalement, une école de ce type devrait avoir au moins une maison pour le directeur. Nous manquons aussi d’un marché, d’un poste de santé, d’un centre culturel, d’un terrain de jeu pour les enfants, ainsi que d’un bureau pour le conseil de district. Nous cherchons activement des partenaires pour financer ces projets. À Tabondeya, il existe deux écoles élémentaires, ce qui est rare dans la sous-préfecture de Kolaboui. À Tabondeya centre, nous avons une école de trois classes encore en cours de régularisation, et à Souguébou, il y a une école normalisée avec logements pour enseignants. Le véritable problème reste le manque d’enseignants. J’ai d’ailleurs rencontré cette année le DPE pour demander des affectations. L’infrastructure existe, mais il faut du personnel pour faire fonctionner l’école. Nous avons aussi besoin d’un collège de proximité, car Kolaboui et Diassia sont éloignés. Le poste de santé est une urgence. Lorsqu’une femme est enceinte, son évacuation vers Kolaboui devient très compliquée. Actuellement, les malades sont envoyés soit à Kolaboui, soit à Dabankou, et en cas d’urgence, à Boké ou à Kamsar. »

Guineematin.com : Comment les sociétés minières sollicitent-elles le district de Tabondeya et quels soutiens recevez-vous pour le développement local ? 

Elhadj Mady Koumbassa« Les sociétés minières nous sollicitent souvent pour fournir de la main-d’œuvre (chauffeurs, mécaniciens, maçons, menuisiers). Comme la commune est le point focal, elle répartit les demandes entre les 16 districts. Hier encore, on m’a demandé trois travailleurs et je les ai fournis. La jeunesse de Tabondeya est très dynamique, surtout dans le football. Récemment, nous avons remporté une finale à Tassibon, puis une autre à Lefourebouille. Mais il faudrait aussi développer des structures artistiques, car tout le monde ne joue pas au football. La création d’une troupe culturelle permettrait à chaque jeune de s’exprimer dans son domaine. J’ai été installé comme président du district le 9 décembre 2024. Depuis, je n’ai reçu aucune aide extérieure. Mais je me débrouille, car je suis natif d’ici. J’ai aménagé une plantation de 80 hectares pour ma retraite et j’y vis désormais. L’État nous aide tout de même dans certains domaines, notamment à travers la rémunération des enseignants de nos deux écoles. »

Guineematin.com : Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités et aux sociétés minières ?

Elhadj Mady Koumbassa« Mon message il faut que nous nous donnions la main. Les sociétés doivent comprendre que si elles contribuent au développement, elles causent aussi des dégradations. Par exemple, l’arrosage des routes avec de l’eau salée entraîne la corrosion des tôles et fragilise nos maisons. Nos plaines agricoles sont aussi dégradées par l’influence de la mine, ce qui réduit considérablement les rendements. Nous avons créé un groupement de 24 personnes prêt à accompagner les sociétés dans le reboisement des zones dénudées. Nous demandons leur assistance pour préserver nos acquis, aménager nos plaines, favoriser l’emploi des jeunes dans les sociétés minières et soutenir nos projets. Car, si les mines nous aident à nous développer, elles contribuent aussi à la dégradation de nos ressources. »

Ismael Diallo pour Guineematin.com 

Tél : 624 69 33 33

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