Mois de l’environnement : Oumou Hawa Diallo appelle à des comportements éco-responsables

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Depuis 1972, l’humanité consacre le mois de juin à sensibiliser et de mettre en lumière les actions en faveur de l’environnement. Et la journée du 05 de ce même mois, est considérée comme la journée mondiale de l’environnement partout à travers la planète. Pour l’année 2024, la thématique retenue par les nations unies est : »la restauration des terres, la lutte contre désertification et la résilience à la sécheresse ». Un pays comme la Guinée, où les sols sont mis à rude épreuve par l’exploitation minière et autres travers qui engendre un accroissement considérable de la chaleur et de la sécheresse, ce thème est un appel à l’actif.

Madame Diallo Oumou Hawa Diallo, cofondatrice de l’ONG ACOREC (Agir contre le réchauffement climatique), militante pour le climat et membre de la plate-forme Jeunes voix du sahel, a mis à profit ce mois pour évoquer cette thématique avec un reporter de Guineematin.com à Conakry.

Oumou Hawa Diallo, présidente ACOREC

« Aujourd’hui, c’est nous qui vivons toutes les conséquences de la dégradation de l’environnement. Il n’y a personne qui ne se plaigne pas de la chaleur qui se fait sentir partout à travers le pays et ailleurs. Nous sommes tous témoins de l’état actuel de nos cours d’eau. En Guinée actuellement, la raison invoquée pour justifier en partie le délestage de courant électrique est que nos barrages sont à sec, qu’il n’y a pas assez d’eau pour l’alimentation. Donc, c’est une situation qui devrait tous nous interpeller. Parce que c’est devenu une urgence. Si avant les pluies commençaient à partir du mois de mai, aujourd’hui nous sommes en plein juin et nous avons encore l’impression d’être au mois de mars tellement que la chaleur est insupportable. Il fait excessivement chaud. Ce sont justement les conséquences de la dégradation de l’environnement qui se font sentir à tous les niveaux. Et cela est dû à l’effet de l’homme, à son impact sur l’environnement. Pire, c’est nous qui sommes dans les forêts, qui sommes en train de couper n’importe comment les arbres et c’est également nous qui sommes en train de polluer les cours d’eau. C’est nous également qui sommes à la base des émissions de gaz à effet de serre. Alors cette urgence planétaire, ces conséquences que nous sommes en train de vivre doivent constituer pour chacun de nous un appel à l’action”, a-t-elle indiqué.

Concernant la thématique de cette année, cette militante pour la cause environnementale voit une opportunité.

« Ce thème, pour moi, représente une véritable opportunité. Notre pays est un pays à grand potentiel minier. Un pays minier. J’ai récemment fait le tour de la Guinée, j’ai donc visité des zones minières comme la ville de Siguiri que j’ai découvert avec le cœur serré. Des cours d’eau complètement asséchés, des domaines agricoles qui ne sont plus exploitables, des populations rurales qui n’ont donc plus où cultiver pour vivre qui se retrouve de facto au chômage et l’érosion des sols. La terre est train d’être considérablement dégradée par les sociétés minières. Je pense donc que ce thème pourrait être une belle opportunité pour nous de pouvoir redonner à la nature, à l’environnement toute sa beauté et de procéder à la restauration des terres », a-t-elle dit.

Au sujet de comment s’y prendre pour restaurer nos terres, Madame Diallo pense que l’exemple doit venir du sommet.

« Je pense qu’il faut d’abord de la volonté politique. Ensuite, de l’engagement communautaire. Que chacun se sente concerné par la question environnementale. Aujourd’hui, il y a beaucoup de solutions qui existent, par exemple l’utilisation du composte à la place des engrais chimiques qui favorisent la fertilisation des sols. Pratiquer le reboisement. Planter des arbres adaptés aux conditions climatiques locales pour la stabilisation des sols, et promouvoir le micro-climat pour favoriser la biodiversité. Parce que si je prends en guise d’exemple les chimpanzés de Bossou en Guinée forestière, qui étaient classés dans le patrimoine mondial de l’Unesco, se retrouvent aujourd’hui sur la zone rouge. Ils sont en voie de disparition, sur les 30 qui y vivaient, il n’en reste plus que 04 à présent d’après ce qu’on sait. Et c’est bien triste », déplore-t-elle.

Concernant les attentes vis-à-vis des autorités, elle répond qu’elle attend davantage d’actions concrètes.

« En tant que militante de l’environnement, j’attends des autorités des actions concrètes. Nous avons longuement entendu des beaux discours, des beaux mots et belles paroles, mais très peu d’actions. J’attends aussi que l’urgence climatique mondiale soit une agence nationale. Que l’urgence climatique soit inscrite comme une priorité prioritaire. Aussi, il faut encourager les jeunes qui sont dans l’action. Aujourd’hui, de nombreux jeunes font de leur mieux pour trouver des solutions très innovantes, mais qui n’ont pas un appui technique et financier nécessaire. Donc il faut encourager la jeunesse à continuer à se battre. Car, c’est à travers l’action, uniquement à travers l’action, que nous allons parvenir à restaurer nos terres et à lutter contre la désertification. La menace environnementale est réelle, et malheureusement, il n’y a pas de planète B où la vie humaine est possible avec les conditions que nous avons sur terre. Donc, il est impérieux que chacun à son échelle agisse pour lui-même, pour sa famille, pour l’environnement et pour les générations futures », a-t-elle déclaré.

Quant aux solutions qu’elle pourrait proposer, la présidente de ACOREC et membre des jeunes du sahel, explique.

« Les solutions que je vais proposer sont très simples. Premièrement, il faut que chacun adopte des comportements éco-responsables. Si tout le monde se comporte en éco-responsable, le problème va être vite résolu. Pour cela, il faudra mettre un accent sur l’éducation climatique et environnementale qui doit être instaurée dès l’élémentaire afin de préparer les enfants aux enjeux liés à la préservation de notre planète. Il faut également limiter au maximum les émissions de gaz à effets de serre, l’utilisation des énergies fossiles, se tourner vers des énergies propres, orienter le pays dans les énergies renouvelables et trouver une stratégie efficace pour la gestion des déchets. Mieux encore, il faut pousser les entreprises à compenser leur empreinte carbone », conseille-t-elle.

Issiaga Barry pour Guineematin.com

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