Marche pacifique des Forces Vives le 5 septembre : des citoyens de Conakry apprécient diversement l’appel

Les Forces Vives de Guinée (FVG) annoncent une marche pacifique et citoyenne le 5 septembre 2023 à Conakry. Une manière pour les acteurs politiques et sociaux d’exprimer leur colère contre la gestion de la junte militaire du CNRD depuis la prise de pouvoir en faisant tomber Alpha Condé un certain 5 septembre 2021. Des citoyens de Conakry interrogés à ce sujet ce lundi, 28 août 2023, apprécient différemment cette démarche des Forces vives.

Abdoulaye Camara, médecin de profession

Abdoulaye Camara, médecin de profession : « je ne savais pas qu’il y avait une marche pacifique prévue le 5 septembre. Ce que je sais, c’est qu’il y a un concert prévu le 5 septembre. Par rapport à la marche pacifique, je pense bien que c’est un droit, et c’est leur plein droit de manifester. Ce que je déplore beaucoup dans ces manifestations-là, c’est parce qu’elles débordent et virent souvent aux pillages des biens des citoyens, et à des tueries. Si c’est une marche pacifique, il n’y a pas de problème. C’est leur droit. C’est un droit pour tout citoyen de manifester et de revendiquer ses droits dans un Etat de droit et démocratique, surtout s’il s’agit d’une marche pacifique. Je pense que l’Etat n’a pas le pouvoir d’interdire une manifestation aux citoyens et c’est à l’Etat d’encadrer ce genre de manifestations… ».

Alhassane Diallo, commerçant

Alhassane Diallo, commerçant : « vous savez, l’appel à la manifestation ou marche pacifique, nous savons tous où ça nous mène. Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de dégâts lors des manifestations. Il s’agit des meurtres, des pillages, des arrestations arbitraires et de dégâts matériels. Mais s’il s’agit juste de faire une marche pacifique pour revendiquer ses droits, sans qu’aucune anomalie ne soit enregistrée, je suis pour ça. Car, c’est une bonne chose en soi de manifester et d’exprimer ses opinions afin que le CNRD respecte ses engagements, pris le 5 septembre 2021. Mais je ne suis pas pour une manifestation violente, je ne suis pas pour la destruction des biens, et je ne suis pas pour les tueries et autres ».

Mohamed Condé, citoyen

Mohamed Condé, citoyen : « je suis pour le retour à l’ordre constitutionnel, mais aussi contre les manifestations. Parce que nous avons sciemment vu des manifestations qui n’ont pas abouti à grand-chose. Seulement, j’invite tous les acteurs politiques, ceux de la société civile et toutes les structures confondues à aller à la table du dialogue. Je suis contre toute sorte de manifestations violentes. Mais s’il s’agit d’une marche pacifique pour revendiquer nos droits, je suis partant. Parce que je suis pro-démocratie. Mais ça nous fait peur quand on nous parle de marche pacifique, parce que nous savons tous que ça vire toujours au drame… ».

Mamadou Adama Sow, conducteur de taxi moto à Bambéto

Mamadou Adama Sow, conducteur de taxi moto à Bambéto : « un appel à la marche pacifique est un moyen qu’utilisent des personnes pour revendiquer leurs droits. Mais ici, quand on appelle aux marche pacifiques, ça nous impacte négativement car on a enregistré des pertes en vies humaines, des dégâts matériels et des arrestations qui sont arbitraires. Alors que nous, c’est quand nous sortons que nous gagnons de quoi vivre. Donc, c’est pourquoi je vais demander au CNRD de respecter les engagements pris le jour de leur coup d’Etat du 5 septembre 2021 pour un retour à l’ordre constitutionnel, et aux acteurs politiques, de la société civile à s’assoir autour d’une table de dialogue pour trouver un consensus. Car rien ne peut marcher dans la guerre, parfois des innocents qui vaquent librement à leurs activités sont victimes d’arrestations arbitraires par les forces de l’ordre ou même de vol ou braquages par des manifestants. Une chose qu’on déplore vraiment lors des manifestations ».

Lancinet Kaba, acteurs de la société civile

Lancinet Kaba, acteurs de la société civile : « cette prétendue manifestation des forces vives, pour moi, ce n’est pas le bon moment. Nous savons très bien qu’aujourd’hui, la Guinée est en phase de la transition. Il faut donner du temps aux nouvelles autorités d’exécuter le plan élaboré pour une transition apaisée. Vouloir faire une manifestation peut conduire à des dégâts collatéraux, soit des tueries, des dégâts matériels et autres. Pour moi, il est temps d’accompagner les nouvelles autorités pour qu’il y ait de la concordance au chronogramme établi pour la fin de la transition. Vous savez très bien que la marche pacifique en Guinée, c’est facile de le dire, mais sur le terrain, il y aura toujours des dégâts. Mais c’est possible qu’il y ait une marche pacifique, si elle est autorisée par les autorités et encadrée par les forces de l’ordre. Et s’il s’agit d’une marche pacifique, je suis pour, même s’il est difficile de faire une marche pacifique en Guinée… ».

Propos recueillis par Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com 

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