Marché Madina : la crise de liquidité asphyxie commerçants et consommateurs

La crise de liquidité qui sévit à Conakry devient chaque jour plus préoccupante. Dans les grands centres de négoce de la capitale, et particulièrement au marché Madina (considéré comme le poumon économique de la Guinée), la rareté de billets de banque et l’indisponibilité de retraits via les services Orange Money paralysent les transactions quotidiennes.

Commerçants et clients, fatigués et frustrés, peinent à s’adapter à cette nouvelle réalité. Si certains acheteurs proposent de payer directement par dépôt sur les comptes des vendeurs, ces derniers restent souvent réticents, expliquant qu’ils ont aussi besoin de liquidités pour assurer leurs propres dépenses.

Au micro de Guineematin.com, Ibrahim Bah, vendeur des produits cosmétiques au marché Madina, s’est plaint de ce manque de liquidité.

Ibrahim Bah, vendeur des produits cosmétiques au marché Madina

« Ce problème nous gêne, parce qu’il y a beaucoup de personnes actuellement qui ne marchent pas avec l’argent espèce. Les gens marchent avec l’argent sur leur compte. Une fois arrivé au niveau des marchés, si tu as besoin d’un montant qui est un peu grand, on te dit : il n’y a pas de retrait. Quand les clients viennent et ils prennent assez de choses avec nous les commerçants, on est obligé de mettre l’argent sur le compte, ou bien sur le compte de nos proches, pour qu’il n’y ait pas de perte de clients. Cela fait un mois et quelques maintenant, l’État n’a qu’à venir en renfort. Parce que cela impacte beaucoup de personnes, surtout nous les commerçants. Quand tu as de l’argent et que tu ne peux pas l’utiliser, cela n’est pas facile du tout. Les gens sont habitués à faire les achats maintenant avec orange money. Nous-même on a besoin de retrait, mais on n’en trouve pas », a-t-il déploré.

Abondant dans le même sens, Fanta Condé, vendeuse des accessoires des femmes, exprime son cri de cœur face à cette situation.

Fanta Condé, vendeuse des accessoires des femmes

« Ce problème nous impacte beaucoup, parce qu’il y a des acheteurs qui viennent chez nous pour des achats, et ce sont eux nos premiers clients, on va discuter sur le prix jusqu’à tomber d’accord, mais ces gens vont chercher retrait fatiguer et ils ne vont pas trouver. Des fois, ces clients exigent à ce qu’ils fassent un dépôt sur notre compte, mais c’est peu de vendeurs qui acceptent ça. Et nous qui acceptons de faire ça des fois, si nous aussi on a besoin de retrait, on ne va pas gagner. Donc, cela nous impacte beaucoup. Ce que je peux dire aux autorités par rapport à ça, c’est de mettre l’argent dans la disponibilité, car ce n’est pas du tout facile comme ça. Des fois, on peut venir durant toute la journée, c’est dépôt seulement, même pour gagner un lieu où faire retrait pour acheter à manger ou rentrer à la maison, ce n’est pas possible », a-t-elle expliqué.

Trouvé sur les lieux, Ismaël Traoré, assistant au CNT, a fait ses achats via un dépôt orange money. Il était en manque criard d’espèce.

Ismaél Traoré, assistant au CNT

« On est confronté à ce problème actuellement, il n’y a pas de liquidité. D’ailleurs, c’est ce qui fait qu’on préfère venir chez les acheteurs pour faire la transaction Orange Money. Parce que même les différents points Orange Money, quand vous partez, on vous dit tout de suite qu’il n’y a pas de retrait. Donc, vous êtes obligés de venir chez le vendeur, s’il a un compte Orange Money, vous faites un dépôt sur son compte. Si ça trouve que le vendeur n’a pas de compte, toi acheteur tu es obligé encore de tourner et tourner, jusqu’à aller supplier ceux qui font Orange Money pour qu’ils te fassent au moins un petit retrait afin que tu puisses subvenir à tes besoins. C’est vraiment frustrant et fatiguant », a-t-il indiqué.

Fanta Sidibé, trouvée également dans la même situation, a laissé entendre son cri de cœur en s’adressant aux autorités pour régler ce problème d’argent dans le pays.

« Ce que je peux dire aux autorités, c’est de nous venir en aide pour régler ce problème de liquidité. Actuellement, tu peux venir à Madina, tu vois une chose qui te plaît, mais tu ne pourras pas l’avoir. Même si tu dis à la personne de faire dépôt sur son compte, il n’accepte pas. Il va dire que lui aussi il ne va pas trouver de retrait. On souffre énormément par rapport à ça. Je suis venue faire sortir mes marchandises, mais j’ai marché fatiguée et je n’ai pas trouvé de retrait. Il y a d’autres aussi, ils ont le retrait, mais quand tu viens, ils te diront carrément qu’il n’y a pas d’argent. Mais, tu vas les voir faire des retraits pour leurs proches sous tes yeux », a-t-elle expliqué.

Hadja Saran DIAKITÉ pour Guineematin.com

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