Manif des FVG : une affluence sans clientèle au grand marché Madina

En dépit de la manifestation appelée par le Forum des Forces Vives de Guinée, Madina, le plus grand centre de négoce du pays a ouvert ses portes. Comme d’habitude, vendeurs et acheteurs se bousculaient dans les couloirs du marché ce lundi, 6 janvier 2025. La quasi-totalité des magasins et conteneurs sont ouverts même si la clientèle se fait rare contrairement aux jours précédents, explique Mamadou Oury Sow que nous avons rencontré devant son magasin de prêt-à-porter.

« Comme vous le constatez, Dieu merci j’ai pu quitter mon domicile pour me rendre à mon lieu de travail ici. Malheureusement, la clientèle se fait rare aujourd’hui parce que depuis mon arrivée ici le matin jusqu’à maintenant, je n’ai eu qu’une seule personne qui a demandé. Ce qui n’est vraiment pas habituel », s’est-il plaint.

A cause de sa réputation de quartier chaud pendant les manifestations, Bambéto fait partie des quartiers qui ont enregistré une forte présence d’agents des forces de l’ordre, témoigne Alpha Mamoudou Diallo. Ce qui a failli découragé ce père de famille à se rendre à Madina. Sachant que sa famille et lui vivent du quotidien, il n’avait pas le choix. Toujours est-il qu’un défi majeur l’attend.

« Je suis sorti de chez moi à Bambeto le matin, j’ai trouvé des pickups stationnés à la devanture. Il n’y avait pas de manifestation. Puisque la circulation était morose et les taxis se faisaient rares, j’ai emprunté une moto pour venir. Arrivé à Madina ici, je trouve que c’est fermé il n’y pas d’activités. Mon soucis, c’est comment trouver aujourd’hui la dépense de ma famille. Si la situation telle qu’elle se présente en Guinée actuellement n’est pas avantageuse pour la jeunesse parce que si tu vies au quotidien, c’est-à-dire, tu travailles aujourd’hui pour pouvoir manger demain. Ce travail-là n’est pas avantageux. L’Etat doit faire le possible pour s’entendre avec eux (FVG) afin de permettre à chaque Guinéen de jouir de ses droits. Sinon c’est la souffrance qui s’installera. Regardez dans tous les pays du monde aujourd’hui, nous sommes le seul pays qui reste dans l’affrontement. Tout les jours, des manifestations, ce n’est pas bon pour le pays. Parce qu’au fur et à mesure que l’Etat construit, des citoyens détruisent. Tout ça, c’est parce qu’on ne s’aime pas. Or, notre bonheur réside dans l’harmonie », conseille le quadragénaire.

 Rencontré en plein cœur de Madina, Abdourahmane Diallo se présente comme un agent d’Orange Money paiement marchand. Le marketing domine beaucoup sur la livraison. Les quelques rares clients qu’il a pris l’initiative d’appeler auraient exprimé une réticence de se rendre à Madina à cause, dit-il de la manifestation. Il commence déjà à ressentir l’impact.

« Je n’ai pas été matinal aujourd’hui, ce sont des clients que j’ai appelés pour leur offrir mes services. Ils disent qu’ils ne sont pas à leurs places parce qu’il y a la manifestation. Ils comptent attendre jusqu’à 10h ou 11h pour voir s’ils pourront se déplacer, certains me disent qu’ils sont en cours de route. Je viens à Madina ici, la majeure partie des boutiques sont fermées à cause de la manifestation appelée par les Forces Vives de Guinée. Cela m’impacte véritablement. Parce que je dois me rendre chez certains clients mais, je les appelle, ils me disent qu’ils sont à la maison. Je me suis déplacé maintenant avec le problème de transport, ça m’a coûté parce je suis venu sans les trouver ».

Près de 15 ans, notre premier interlocuteur Oury Sow observe les mots d’ordre de grève ou appels à manifester sans voir de résultat positif, affirme t-il. Finalement, il se rend compte que la population est en train de subir à cause d’un intérêt que manifestent ceux qui sont au pouvoir et ceux qui aspirent y être. A un moment donné, il a décidé de prendre conscience en même temps de reculer et s’occuper de ses affaires.

« Vous savez chez nous ici, depuis 2010 jusqu’à date les Forces Vives et les Partis politiques appellent à des manifestations, on sort mais jusqu’à présent rien n’a changé. Je constate aussi que ceux qui appelaient aux manifestations d’hier, les condamnés aujourd’hui. Ceux qui appelaient à rester à la maison hier sont ceux qui appellent à manifester aujourd’hui. Donc c’est le monde à l’envers. Au regard de cette situation, je me suis dis que Dieu nous apporte un changement positif. Selon ma compréhension, chacun pense à son intérêt. Et ceux qui appellent à manifester et ceux qui interdisent les manifestations. Sinon, comment comprendre que quelqu’un qui demande hier aux gens de sortir s’oppose à la manifestation d’aujourd’hui? Ou bien quelqu’un qui s’opposait aux manifestations d’hier demande aux gens de sortir aujourd’hui pour la même cause? C’est cette prise de conscience que j’ai faite, je me suis dis finalement de m’occuper de mes propres activités au lieu de suivre les consignes de quelqu’un en Guinée ici », conclut il.

Pour rappel, la grève sollicitée par les Forces Vives de Guinée a pour but de demander le départ de la junte au pouvoir en exigeant une transition civile.

Mamadou Saidou Lébêré 

+224 621 304 338

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