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La recrudescence de l’insécurité à Mamou, avec tous les dégâts qu’elle cause, a obligé les autorités administratives et les magistrats à conjuguer les efforts pour lutter contre ce fléau. Malgré la synergie des efforts des acteurs de la sécurité, les hors-la-loi ont toujours régné en maîtres contre les citoyens : braquage sur les axes routiers, vol à main armée, assassinat, trafic de drogue, etc. Ce sont là des fléaux qui ont caractérisé le grand banditisme à Mamou.
En début d’année, une rencontre a mobilisé l’ensemble des acteurs ( forces de défense et de sécurité, magistrats, autorités militaires et civiles et les élus locaux) autour du préfet pour trouver les pistes de solutions contre ce phénomène de banditisme.
Oumar Diallo, le président du tribunal de première instance de Mamou a planté le décor « Quand les coupeurs de route attaquent, dans la plupart du temps, ils vont se coucher dans les communes rurales. Parcequ’ils pensent que quand ils sont dans ces endroits, ils sont à l’abri des enquêteurs. Malheureusement, nous n’avons jamais reçu de la collaboration d’un sous-préfet ou d’un maire nous dénonçant un cas de crime, la commission d’une infraction ou l’existence des suspects dans leur zone« , lance t-il.
Colonel Mamadi Diallo, le préfet de Mamou, avait déploré le manque d’efficacité des agents avant de menacer les chefs de quartiers « l’ampleur de l’insécurité amène les populations à se poser les questions où se trouvent les agents de la sécurité ? Qu’est-ce qu’ils font? .» L’État entretient les forces de défense et de sécurité. L’État les paie pour qu’ils assurent la sécurité de la population. Si cette sécurité n’est pas bien donnée, on doit se poser les questions. Actuellement, il n’y a pas de guerre où nous allons dans les fronts, le front aujourd’hui c’est contre les bandits. Donc, il faut qu’on se lève. Pour réussir la lutte contre les bandits, il faut que toutes les autorités se lèvent. Le chef de quartier qui sait il est trop vieux. Il ne peut pas prendre un appel à 0h, qu’il démissionne dès maintenant. Nous allons repartir les officiers de police judiciaire dans les quartiers. Chaque quartier aura un. Ce dernier travaillera avec le chef de quartier pour traquer les malfrats. Si nous constatons le manque de collaboration du chef de quartier, il va quitter son poste », avait t-il menacé.
Cette rencontre a t’elle dissuadé les malfrats ? Non, car le fléau du banditisme a pris de l’ampleur les mois qui ont suivi.
La nuit du lundi 6 mars, dans le village de Sokotoro relevant de la sous-préfecture de Saramoussaya à 80 kilomètres de la ville de Mamou, c’est un véhicule transportant 35 lingots d’or qui a été attaqué. Le chauffeur et un assaillant ont été tués sur les lieux. Le gendarme qui convoyait le colis fut blessé au dos. Le second chauffeur, blessé au pieds, avait pu envoyer le véhicule en un lieu sûr. L’équipe de patrouille dans la zone a sécurisé le contenu du véhicule.
Dans le district de Berteya relevant de la sous préfecture de Soya à une trentaine de kilomètres de la ville de Mamou, un braquage dans une maison, a viré au drame dans la nuit du mardi au mercredi 19 juillet. C’est un jeune d’une trentaine d’années qui fait des opérations de transfert d’argent qui a été attaqué par des hommes armés. La victime a été tuée pendant le braquage et une importante somme d’argent a été emportée.
Dans la nuit du samedi au dimanche 20 août, une famille endeuillée par la perte d’une tente a été victime de braquage à main armée dans la localité de Tamagaly à une trentaine de kilomètres de la ville de Mamou. Les victimes venaient de Conakry pour Dara-Labé pour présenter les condoléances. Deux femmes ont été blessées par balles et plusieurs biens ont été emportés par les assaillants.
Jeudi 7 septembre, la nouvelle unité de la Brigade Anti-Criminalité de Mamou (BAC16) s’est entretenue avec les responsables des quartiers pour coordonner leurs efforts en matière de sécurité de la population. Les braqueurs changèrent de mode opératoire.
Les mercredis et dimanches sont respectivement jours de marché hebdomadaire de Bertèya, localité située dans la sous-préfecture de Soyah et Kalia, cette dernière se trouvant dans la préfecture de Faranah. Ce sont les deux marchés pourvoyeurs de bétail dans la région. Désormais, les braqueurs nichés à Mamou mettent à profit les jours de ces marchés pour commettre leur forfaiture.
Deux attaques à main armée ont été perpétrées le dimanche 10 septembre. 17 millions de francs guinéens ont été emportés par les assaillants. La première attaque s’est produite en zone rurale sur la route de Faranah, où un marchand de bétail qui se rendait au marché hebdomadaire de Kalia a été attaqué en plein jour.
La seconde attaque s’est produite dans la commune urbaine de Mamou. Un boutiquier de Hamdallaye, dans le quartier Sabou, a été attaqué aux environs de 22 heures. Heureusement, grâce à sa résistance, les assaillants n’ont rien pu emporter.
Dimanche 1er octobre, des commerçants qui se rendaient au marché hebdomadaire de Kalia ont été braqués par un gang de coupeurs de route dans la localité de Diandian à une soixantaine de kilomètres de la ville de Mamou. D’importantes sommes d’argent ont été emportées par les assaillants et deux personnes ont été blessées.
Mercredi 18 octobre, à 8h20, à 10 kilomètres de la ville carrefour, 5 jeunes armés répartis sur deux motocyclettes se sont attaqués à un vendeur de bétail sur la route de Berteya. Ils ont tiré sur la victime, avant de la dépouiller de son argent. La victime, blessée, indique ignorer le montant total dérobé.
Dans la nuit du mardi au mercredi 8 novembre, un taxi de transport inter urbain, en provenance de N’Zérekoré pour Labé, a été la cible d’une attaque à Bantanworo, une localité de la sous-préfecture de Soya, située à une vingtaine de kilomètres de Mamou-centre. Les braqueurs, après avoir dépouillé leurs victimes, ont abandonné sur les lieux des uniformes militaires. Le conducteur après avoir réparé son véhicule et a saisi le bureau syndical de l’USTG de Mamou avant de continuer son chemin vers Labé.
Les efforts des forces de sécurité ont parfois payé
Vendredi 3 février, les agents ont repéré un véhicule dans la circulation au centre-ville Mamou qui était filé depuis plusieurs jours. Une course poursuite est ensuite engagée dans les rues de Mamou. Une équipe mixte de gendarmes et des policiers ( les uns sur des motos, les autres à bord de 3 pick-up ) s’est lancée après le véhicule suspect. A vive allure, les pourchassés sont parvenus à traverser la rue commerciale malgré la densité de la circulation. Dans le quartier Madina Scierie, les suspects ont abandonné la route pour longer l’ancienne voie ferrée. Ce qui a ainsi désorienté les agents qui les prenaient en chasse. Après quelques kilomètres de trajet dans la brousse, les suspects ont dû abandonner leur véhicule qu’ils incendient avant de disparaitre dans la nature.
Lundi 9 octobre, un réseau de voleurs de motos a été démantelé grâce à l’interpellation d’un des leurs. Un jeune qui a dérobé une moto à Timbo, à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Mamou, a été pourchassé puis interpellé à la rentrée de Mamou. Pour éviter d’être lynché, il a dénoncé son receleur. Au domicile de ce dernier, au quartier Kimbely, plusieurs cadres de motos, démontées, ont été retrouvés.
Colonel Bakary Camara, commandant régional de la Gendarmerie régionale de Mamou a précisé : «Sur instruction de Monsieur le procureur et comme les enquêteurs agissaient en fragrance délit et ils ont mené une perquisition domiciliaire qui s’est soldée par la saisie de 25 cadres de motos ainsi que d’autres pièces détachées des différentes motos qui ont été volées non seulement dans la commune urbaine de Mamou mais aussi dans d’autres préfectures du pays ». Le receleur très connu dans la ville est resté introuvable.
Lundi 27 novembre, un minibus transportant 12 sacs de chanvre indien a été filé depuis Soyah, pour être interpellé à la rentrée de Mamou. Ce sont au total 450 kilogrammes de chanvre indien et 14 boules de kush qui ont été saisis.
Les services de la gendarmerie de Mamou ont présenté le lundi 4 décembre à la presse locale un important arsenal saisi lors d’une perquisition domiciliaire à Tamagaly dans la sous préfecture de Konkouré à une trentaine de kilomètres de la ville. Ces armes comportent des PMAK, des munitions, des grenades et des machettes…
Le Lieutenant Lancei Diawara, commandant de la brigade de recherches de la gendarmerie de Mamou, témoigne : « Nous avons procédé à une perquisition domiciliaire qui nous a permis de mettre la main sur 3 fusils PMAK avec des chargeurs garnis, 2 fusils de calibre 12, six grenades offensives, des machettes, une pioche, des gris-gris, deux motos et un véhicule ».
Faut-il rappeler que tout est parti d’un braquage dont un motard a été victime dans la nuit du samedi 2 à dimanche 3 décembre.
Des assassinats et tentatives d’assassinats ont aussi marqué l’actualité à Mamou
Souleymane Barry, la trentaine, qui avait fait de la lutte contre le vol de bétail son cheval de bataille, a été abattu par son bouvier d’une balle dans la soirée du mardi 7 février dans son parc à bétail situé à Dounkiwal dans les périphéries de la ville de Mamou. Natif de la sous préfecture de Soya dans le village de Kollakoï, la victime s’était engagée ces derniers temps à la lutte contre le vol de bétail dans sa localité.
En septembre 2021, suite à des dénonciations, il a été interpellé, avec deux autres membres de sa famille, par la gendarmerie de Mamou pour détention illégale d’armes. Après quelques mois de détention à la maison centrale de Mamou, ils ont été libérés le 20 décembre 2021 pour non-lieu.
A sa sortie de prison, il s’engagea à dénoncer les voleurs de bétail et autres coupeurs de route dont il avait des informations. Le 19 avril 2022, il osa les dénoncer dans une radio de la place.
Les mis en cause dans cette dénonciation décidèrent de porter plainte contre lui à la justice pour diffamation. Ainsi, en audience correctionnelle le 13 août 2022, le TPI de Mamou a jugé cette affaire et avait condamné Souleymane au paiement de dommages et intérêts à la partie civile.
Malgré cette condamnation, Souleymane n’a pas baissé les bras dans la lutte contre le vol de bétail jusqu’à ce qu’il trouve la mort. Son assassin court toujours dans la nature.
En audience criminelle au tribunal de première instance de Mamou, Ousmane Diallo, un jeune de 24 ans, originaire de Termessè dans la préfecture de Koundara, poursuivi pour tentative de meurtre, port illégal d’arme et d’uniforme a été condamné à 7 ans de prison ferme. Les faits remontent au mois de mai dernier lorsqu’il a tenté de donner la mort à un policier à l’aide d’un pistolet de fabrication artisanale.
En l’espace de trois jours, deux cas de morts suspects ont été enregistrés dans la sous-préfecture de Dounet, située à une trentaine de kilomètres de la ville de Mamou. Le premier meurtre s’est produit lundi 18 décembre dernier à Soloya Bamba, tandis que le second a eu lieu dans la nuit du mardi au mercredi 20 décembre à Dindeya. C’est un planteur très connu à Mamou du nom de Mamadou Pathé Camara qui a été abattu dans sa maison en présence de son enfant de 6 ans.
Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Mamou, Souleymane Kouyaté, a fourni des détails sur ces cas criminels : « pour le premier cas, le défunt avait déposé une plainte à notre parquet pour coups et blessures volontaires le vendredi 15 décembre dernier. Il avait été violemment agressé par un groupe de personnes au marché de Dounet, perdant ainsi deux dents. Alors que les enquêtes progressaient, son corps a été retrouvé chez lui trois jours plus tard. Trois personnes soupçonnées d’avoir participé à l’agression ont déjà été arrêtées. Concernant le second cas, cela implique un individu qui était en cours de jugement pour occupation illégale. Il s’est avéré que Pathé Camara avait été confronté à deux jeunes dans sa maison qui sont venus lui réclamer de l’argent. Face au refus de Pathé, l’un d’entre eux a ouvert le feu avec un fusil calibre 12 et il en est mort.’’
Comme on le constate, la quiétude des citoyens à Mamou a été bouleversée par l’insécurité. Avec la présence de presque toutes les unités des forces défense et de sécurité dans la ville carrefour, et la collaboration des citoyens tant sollicitée, les hors-la-loi seront mis hors d’état de nuire.