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Le Groupe Bolloré pourrait bien ne pas être un modèle en matière d’investissement.
Cette multinationale française spécialisée dans le transport, la logistique et la communication, présente dans plusieurs pays africains, est soupçonnée d’être impliquée dans une affaire de corruption et de flux financiers illicites.
Restitution Afrique : le collectif à l’origine de la plainte
Le 18 mars 2025, un collectif panafricain dénommé Restitution Afrique (RAF) a déposé une plainte auprès du Parquet national financier (PNF) à Paris.
Cette plainte vise l’ancien PDG Vincent Bolloré et son fils Cyrille. Le collectif demande l’ouverture d’une enquête approfondie sur les flux financiers illicites et la corruption systémique qui auraient permis au Groupe Bolloré de s’emparer de six concessions portuaires en Afrique, notamment au Togo, en Guinée, au Cameroun, au Ghana et en Côte d’Ivoire.
Que reproche-t-on au Groupe Bolloré en Guinée ?
Selon Alseny Farinta, activiste guinéen et membre du collectif Restitution Afrique, le groupe Bolloré aurait soutenu la campagne présidentielle d’Alpha Condé en 2010 à hauteur de 170 000 euros, en échange de l’attribution de la concession du port autonome de Conakry.
« Ce financement occulte a été confirmé par la Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) conclue en 2021, impliquant le paiement d’une amende de 12 millions d’euros par Bolloré. Dès 2013, la justice française avait ouvert une enquête, suspectant l’utilisation frauduleuse par la filiale Havas de ses activités de conseil pour favoriser les campagnes présidentielles au Togo (Faure Gnassingbé) et en Guinée, pour servir les intérêts de Bolloré Africa Logistics », précise-t-il.
Que réclame Restitution Afrique ?
Les plaignants exigent la restitution des capitaux détournés par le biais de ces concessions, ainsi que la reconnaissance du préjudice causé par ces pratiques de corruption, de blanchiment, d’enrichissement illicite, de trafic d’influence et de prise illégale d’intérêts, jusqu’à la cession des activités africaines du groupe en 2022.
La plainte évoque également des faits similaires liés aux concessions portuaires du Cameroun (Douala en 2004 et Kribi en 2015), du Ghana (port de Tema en 2014) et de la Côte d’Ivoire (port d’Abidjan en 2004), où de graves irrégularités et violations des règles de probité ont été signalées par des institutions internationales, des commissions d’enquête ou des lanceurs d’alerte, selon le collectif.
D’après Restitution Afrique, les concessions obtenues illégalement auraient généré des milliards d’euros de revenus, représentant jusqu’à 80 % des profits du groupe, ensuite convertis en liquidités lors de la vente de Bolloré Africa Logistics pour 5,7 milliards d’euros en 2022, un acte constitutif de blanchiment, selon le collectif.
Restitution Afrique rappelle qu’une nouvelle loi française adoptée en 2021 facilite la restitution de ces fonds aux États et populations africaines concernés.
« Restitution Afrique exige que les fonds saisis soient réaffectés aux populations affectées, conformément à la loi française n° 2021-1031, qui impose que les actifs confisqués dans des affaires de corruption internationale financent des projets de développement bénéficiant aux communautés impactées, dans un cadre de transparence et de responsabilité totale », réclame le collectif.
Synthèse de Hadja Kadé Barry