La virginité et le rituel du poulet, fardeau des filles : entre mythe, peur et pression sociale en Guinée

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Dans les différentes communautés africaines en général et en particulier, guinéennes, qu’elles soient musulmanes, chrétiennes ou animistes, la virginité des jeunes filles avant le mariage est bien plus qu’un idéal. Les filles sont élevées avec une idée claire, il faut garder sa virginité pour sauver l’honneur de la famille. C’est une exigence sociale enracinée dans des rituels puissants. Malgré que cela ne soit pas respecté par la quasi-totalité des jeunes filles d’aujourd’hui, certaines, malgré qu’elles ne soient plus vierges, elles passent par des méthodes, pour pouvoir tromper la vigilance des aînés et même le conjoint, puisque dans certaines communes et le plus souvent peuls et malinké surtout, avant la nuit de noces, un pagne blanc est remis au couple marié et qui doit être étalé sur le lit. S’il est taché de sang rouge au matin, la mariée est déclarée vierge, alors on célèbre, on danse, un poulet préparé est offert à la jeune mariée. Cependant, ce plat, anodin porte une lourde signification : s’il est mangé après un mensonge, on dit qu’il condamne la femme à la stérilité. Dans sa quête, notre rédaction a recueilli les témoignages de certains parents, des jeunes filles, les hommes de santé et même les religieux concernant ce sujet qui est érigé en pilier de l’honneur familial.  Virginité, ce mot, lourd de traditions et de peur, est brandi comme l’étendard ultime de la dignité féminine.
Pour madame Diallo, âgée de 48 ans et mère de quatre filles, la virginité est une mission éducative. « Si ma fille arrive au mariage sans être vierge, je serai la honte du quartier. Ça veut dire que je n’ai pas su l’éduquer », confie-t-elle, avant d’ajouter : « Supposons qu’elle goûte au fruit, si elle a la malchance de tomber sur un homme moins en forme que celui qui l’a connue la première fois, son mariage risque de basculer.»

Comme indiqué tout au début, à cause du pagne taché de sang qui est une preuve sociale irréfutable, certaines jeunes filles mentent. Et comme dans certaines régions, cette obsession du rituel prend  une tournure parfois non désirable. Une jeune mariée raconte avec effroi :« On m’a donné une nourriture symbolique, si tu ne manges pas, tu laisses le doute planer (…) » Elle a mangé. En silence. Depuis, elle vit dans la peur et avec des remords. « Nous avons fait plus de 5 ans de mariage, toujours pas d’enfant. Je préfère que mon mari trouve une autre… Je n’ai pas le courage de dire à ma belle-famille que je leur ai menti. », raconte cette femme désespérée.

Cette autre femme  livre un témoignage glacant: « Je connais une fille, elle est allée faire une suture. Le jour de son mariage, elle a bien saigné, mais malheureusement, elle n’était pas vierge… Elle a fait des années sans concevoir. Il a fallu qu’elle dise la vérité pour que l’effet du rituel soit annulé. On ne blague pas avec ça, c’est une réalité » 

Ces traditions, bien que profondément ancrées, soulèvent des contradictions criantes.
Madame Matou Sylla, s’insurge : «Je ne suis pas contre nos coutumes, mais le manque d’éducation sexuelle et les jugements moraux renforcent le silence.(…). C’est pourquoi vous voyez beaucoup se voient données en mariage précoce, juste pour son honneur et celui de sa famille en général. Mais si vous constatez, ce sont des mariages qui ne durent pas, puisque dès que la fille sait qu’elle n’est plus vierge, elle fait ce qu’elle veut, elle sait que même après le divorce, elle n’a plus rien à craindre, même dans un second mariage, puisque là, tout le monde sait  qu’elle a déjà fait un premier mariage. Mais la question que je me pose, et les hommes dans tout ça ? Rien n’est exigé des hommes. Aucun test, aucune question. Ce n’est pas la virginité qu’on protège, c’est le contrôle du corps féminin. Le garçon peut avoir des aventures, c’est valorisé. La fille, elle, doit se cacher, se taire, et subir. », dira-t-elle sans détour 

Les gynécologues, eux, voient défiler des jeunes femmes prêtes à tout pour préserver leur honneur.

« Je reçois beaucoup de filles à l’approche de leur mariage pour une hyménoplastie (..) », confie-t-il. Tout de même, il remet en cause les croyances populaires sur le sang comme preuve irréfutable de virginité. « Certaines n’ont même pas d’hymen visible, ou possèdent un hymen souple qui ne saignera jamais », explique Dr Benjamin.

La religion, pour sa part, condamne clairement les relations hors mariage.

Thierno Tidiane Barry, maître coranique, rencontré à Sonfonia casse, rappelle : « Dieu appelle cela fornication… Pour le bien de votre âme, évitez les relations sexuelles avant le mariage et faites preuve de maîtrise de soi.»  Cependant, il a laissé entendre que si une fille n’est plus vierge, cela ne fait pas l’objet d’un divorce et cela n’empêche pas non plus qu’elle soit mariée(…)

Malgré que la plupart des jeunes filles ne soucient plus de ce qui se dira après, la question de la virginité féminine avant le mariage reste un sujet lourd en Guinée, porté par les traditions, les silences et parfois la peur surnaturelle, derrière les apparences, de certaines jeunes filles. 

Christine Finda Kamano

 622 71 69 06

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