Kindia : le permis biométrique moto divise les conducteurs entre espoirs, méfiances et exigences de transparence

il y a 2 heures 14
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L’arrivée du permis biométrique pour les conducteurs de motos de type A1et A continue de susciter de vives réactions dans la commune urbaine de Kindia. Alors que certains y voient une réforme nécessaire pour sécuriser la circulation routière, d’autres dénoncent un coût trop élevé ou une préparation insuffisante des structures de formation. Au cœur des échanges, un même constat : la mesure marque un tournant majeur pour le secteur.

« Enfin une mesure qui crédibilise notre métier », nous déclare Moustapha Camara, enthousiaste.

Pour lui, qui est conducteur de mototaxi, depuis plus de dix ans, la décision du ministère des Transports tombe à point nommé. Selon lui, la multiplication des accidents dans la région rendait indispensable une réforme en profondeur. Il dira que pour lui : «  cette décision arrive au bon moment. Depuis quelques années, les accidents n’ont fait qu’augmenter, surtout ici à Kindia où la circulation devient de plus en plus dense. Beaucoup de personnes se lèvent un matin, prennent une moto et se proclament tout de suite conducteurs, sans aucune notion de code de la route. Ce permis biométrique va permettre de distinguer clairement ceux qui exercent ce métier de manière professionnelle et ceux qui ne font que se débrouiller. Cela va obliger les conducteurs à avoir au moins une formation de base et à respecter certaines règles. Honnêtement, je pense que cela va apporter un changement positif sur nos routes. Et puis, pour nous, les vrais professionnels, cela donnera plus de crédibilité à notre travail. C’est une manière de dire que notre métier doit être respecté et encadré. Je suis vraiment satisfait de cette initiative », a-t-il conclu.

« 890 000 GNF, c’est presque un million ! On ne peut pas payer ça ! »

 Mohamed Sylla s’inquiète pour sa survie financière.

L’enthousiasme pour le permis moto A1 et A, n’est pas partagé par tous. Pour la majorité des conducteurs, le coût exigé pour l’obtention du permis biométrique représente un fardeau insurmontable. <<Que l’État mette de l’ordre, c’est une bonne chose, mais il faut aussi regarder notre réalité. Nous, les conducteurs de Kindia, on travaille toute la journée uniquement pour nourrir nos familles. Ce n’est pas un métier qu’on a choisi par plaisir, c’est la vie qui nous a mis dedans. Aujourd’hui, on nous demande de payer 890 000 GNF, ce qui revient presque à un million quand on ajoute les petits frais, par-ci par-là. Franchement, comment voulez-vous que nous payions cette somme ? Ce n’est pas que nous refusons le permis, mais ce montant-là est trop lourd. L’État doit revoir cet aspect et penser à notre condition. Et puis, moi, ce qui me fait encore plus peur, c’est ce qui va se passer après. On parle de contrôles, mais ici, tout le monde sait comment ça se passe : certains agents profitent de la moindre occasion pour exagérer. J’ai peur que cette réforme ouvre la porte à des abus. Au lieu de nous aider, cela risque de nous compliquer encore plus la vie >>, s’est-il inquiété.

Les autorités rassurent : un déploiement progressif et encadré

De son côté, Mohamed Komoro, chef du bureau régional des transports terrestres (BRTT) de Kindia, veut apaiser les inquiétudes. Il assure que le processus est structuré et que les conducteurs disposeront du temps nécessaire pour s’y conformer : <<Le lancement du permis biométrique pour les motos de type A et A1 a eu lieu le 29 novembre, d’abord à Conakry. Le déploiement se poursuivra progressivement dans les autres régions, y compris Kindia. Les conducteurs doivent comprendre qu’après le lancement officiel, les contrôles ne vont pas commencer du jour au lendemain. L’État a prévu un délai moratoire pour permettre à chacun d’obtenir son permis, sans pression. Le processus d’obtention est simple : le conducteur se présente d’abord au bureau régional pour une évaluation. Cette étape est importante car elle permet de vérifier le niveau du candidat et d’identifier les éventuelles lacunes. Ensuite, notre direction, la direction nationale des transports terrestres (DNTT), délivre un certificat qui permet au conducteur de se rendre chez Thomas Greg, la société agréée, où le permis biométrique sera effectivement établi. Nous voulons que chacun comprenne que l’objectif n’est pas de punir, mais d’organiser et de sécuriser le secteur. Les portes restent ouvertes, et nous accompagnerons les conducteurs tout au long du processus >>, a-t-il souligné.

Il faut rappeler qu’à Kindia, le permis biométrique moto est perçu à la fois comme une opportunité de professionnalisation et une source d’inquiétudes financières. Si la majorité reconnaît la nécessité d’encadrer un secteur longtemps laissé à lui-même, beaucoup appellent l’État à ajuster les coûts, à renforcer la formation et à garantir un processus transparent.

L’adhésion des conducteurs dépendra de la capacité des autorités à répondre à ces préoccupations, tout en poursuivant l’objectif essentiel : améliorer la sécurité routière !

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