Kankan vaut bien une Mamaya! (Par Mohamed Kaba)

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Pour parvenir au trône et devenir roi de France, Henri IV a dû, en juillet 1593, se convertir au catholicisme, symbolisé par la messe. D’où l’origine de l’expression « Paris vaut bien une messe » Depuis, on emploie cette expression pour souligner le prix àpayer lorsque l’on veut, en politique surtout, obtenir quelque chose de substantielle.

Sans vouloir comparer le légionnaire MamadiDoumbouya à Henri IV, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le voyage de la famille présidentielle à Kankan cette semaine, ressemble bien à une grande opération de séduction de sa partsur des terres réputées jusque-là totalement acquises au Professeur Alpha Condé.

Peu importe que le colonel Mamadi Doumbouya soit originaire de Kankan, peu importe que certains anciens collaborateurs du professeur Alpha condé, toute honte bue, soient passés avec armes et bagages chez lui. Les jeunes et femmes de Kankan, comme ils savent le faire, ont montré leur attachement indéfectible à celui qui à leurs yeux, aujourd’hui encore, symbolise la résistance face à un pouvoir qui n’a aucune légitimité. On peut bien les embastiller, les faire juger par des tribunaux de circonstance, juste pour montrer que, même dans sa ville natale de Kankan, le légionnaire est capable de faire preuve de fermeté.

C’est d’ailleurs dans le même ordre qu’il prend un malin plaisir à garder sous les verrous, depuis un an, d’éminents collaborateurs de Alpha Condé dont certains, et non des moindres, sont originaires de Kankan. Le message que le colonel veut faire passer est limpide comme l’eau de roche : il n’a pas hésité àmettre Ibrahima Kassory Fofana, Amadou Damarocamara, Oyé Guilavogui, Dr. Mohamed Diané sous les verrous et au mépris de toutes les regles de procédures convenues ; Ce n’est assurément pas face à Sidiya Touré ou à Cellou Dalein Diallo que sa main fléchira. Sidiya et Cellou ont bien compris le message ; pour le moment ils évitent de rentrer en Guinée où leur sécurité, juridique surtout, est loin d’être garantie.

Dans un pays miné par l’ethnocentrisme et le régionalisme, on aurait pu s’attendre à voir Kankan et peut être toute la haute Guinée applaudir et soutenir le Colonel Doumbouya. Mais c’est mal connaitre l’orgueil et la loyauté de ces militants du RPG- arc en ciel pour lesquels si ce n’est pas Alpha, c’est Alpha.Il est quand même curieux de constater que Laye Madi est plus populaire à Labé et à Nzérékoré que dans sa propre ville de Kankan ou dans des villes voisines comme Kouroussa et Siguiri.

C’est précisément pour démontrer qu’il est lui aussi« fils du terroir » comme on dit, que de grands moyens ont été mobilisés pour faire de sa fête de Tabaski à Kankan une réussite : Des centaines de véhicules de l’administration mis à contribution; des cadres originaires de la Haute Guinée et d’ailleurs sommés de rallier Kankan, un budget colossal mis à disposition des organisateurs et, comme pour parachever tout cela, la belle et charmante Lauriane, élégamment habillée en femme malinké, accompagnée de ces adorables enfants. Mais malheureusement il en faut un peu plus pour faire un chef accepté et acclamé ; et la foule que l’on a bien voulu nous montrer n’était pas là pour le Président du CNRD, mais pour une Mamaya qui est presque un héritage culturel appartenant au monde mandingue, et qui draine chaque année une immense foule.

Si Kankan vaut bien une Mamaya, une Mamaya ne suffit pas pour faire aimer un chef militaire qui renie, chaque jour que Dieu fait, le serment qu’il a fait à son pays.

Mohamed Kaba

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