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Confrontés à des conditions de travail qu’ils jugent précaires, les travailleurs de la société Henan Chine, en charge de la construction de l’autoroute Kankan-Kouroussa, sont descendus dans la rue ce mercredi 12 mars 2025 pour dénoncer leurs difficiles conditions de travail. Faibles salaires, absence de contrat clair, manque d’équipements de sécurité : autant de problèmes qui ont poussé ces ouvriers à suspendre leurs activités pour se faire entendre.
Le rassemblement a eu lieu devant la base logistique de l’entreprise, située au quartier Dalabani, sur la route nationale Kankan-Kouroussa. Kaba Konaté, un des manifestants, explique :
« Nous souffrons beaucoup ici, c’est pourquoi nous vous avons appelés pour venir nous aider. Mais les Chinois eux-mêmes disent que ce sont nos responsables qui nous font subir ces conditions. Maintenant, nous voulons clarifier les choses pour savoir qui est responsable de nos souffrances : les responsables ou les Chinois eux-mêmes ? Regardez-moi bien : pouvez-vous croire que je travaille dans une société sans même avoir de gants ? J’ai trois femmes et quatre enfants, un sac de riz ne suffit pas pour nous nourrir, alors que je suis payé 900 000 francs par mois. De plus, si j’ai un accident, je dois me prendre en charge moi-même. Une fois, un de nos collègues est décédé, et les Chinois nous ont demandé de ne pas arrêter les travaux. Nous conduisons des véhicules qui n’ont pas de clignotants, de klaxon ni de freins. Nous leur avons demandé de prendre cela en charge, mais ils refusent, alors que nous conduisons ces véhicules au milieu des gens. En cas d’accident, nous serions les seuls responsables. Nous n’avons pas de contrat ici. Si vous restez à la maison sans venir travailler à cause d’une maladie, ce jour-là, c’est fini, vous ne serez pas payé. Maintenant, ce que nous voulons, c’est être payé 100 000 francs par jour. Nous ne voulons plus des salaires de 500 000, 600 000 ou 700 000 francs par mois », déclare Kaba Konaté, chauffeur.
Pour être pris au sérieux et exprimer leur mécontentement, les protestataires, principalement des chauffeurs et des ouvriers, ont immobilisé les bulldozers et les camions-bennes. Amara Kaba, un autre travailleur, détaille les doléances du groupe :
« Si vous nous voyez aujourd’hui, c’est à cause de plusieurs points : notre salaire n’est pas clair, nous voulons un salaire fixe. Le calendrier de travail n’est pas bon, nous n’avons pas d’équipements de sécurité comme des gants, des bottes, etc. Nous travaillons du lundi au lundi, sans repos. Nous avons besoin d’un jour de repos. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas travailler aujourd’hui. Si vous vous blessez ici, ils s’en fichent. Nous travaillons ici comme des animaux. Un travailleur a le droit de connaître son salaire mensuel. Ici, personne ne connaît son salaire fixe. À la fin du mois, vous recevez votre salaire, qu’il vous plaise ou non, que ce soit 200 000, 300 000 ou 400 000 francs. De plus, avant, nous commencions à 7 heures, mais ils ont changé cela à 6 heures du matin jusqu’à 18 heures. Le travail se terminait à 17 heures, maintenant c’est à 18 heures. Ici, même si vous avez un accident de travail, c’est votre problème. Un de nos collègues s’est cassé la jambe en déchargeant des briques. Ils ne l’ont même pas considéré. On dirait que c’est un chien, alors que nous sommes tous humains. Nous travaillons ici comme des ânes, nous n’avons aucune pause dans le mois. Dans les autres sociétés, les travailleurs ont une journée de pause, mais ici, nous travaillons 7 jours sur 7 », a-t-il déploré.
Interpellé sur ces accusations, M. Guilavogui, responsable santé et sécurité chez Henan Chine, précise :
« Les travailleurs n’ont pas les mêmes professions, la même catégorie ni la même ancienneté. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas de salaire de 300 000 francs ici. Le salaire est subdivisé. Tous les 15 jours, les travailleurs peuvent demander une avance sur salaire, qui sera ensuite déduite de leur salaire à la fin du mois. Ensuite, ceux qui n’ont pas d’expérience dans leur domaine de travail sont payés 2 500 francs de l’heure, mais à la fin du mois, des primes sont ajoutées à leur salaire, ce qui fait que certains peuvent avoir 900 000 ou 1 000 000 de francs », a fait savoir M. Guilavogui.
Pathé Sangaré, correspondant à Kankan
L’article Kankan : les ouvriers de Henan Chine exigent de meilleures conditions de travail est apparu en premier sur Mediaguinee.com.