Kadiatou Bah (SLECG): « Pourquoi ce gouvernement ne veut pas nous faire asseoir autour de la table de négociation ? »

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Le doute commence à s’installer entre le gouvernement guinéen et l’Intersyndicale de l’éducation en ce qui concerne la plateforme revendicative de cette dernière. L’Intersyndicale se dit excédée par ce qu’elle qualifie de refus du gouvernement d’ouvrir un couloir de négociation sincère sur l’ensemble de ses préoccupations.

Ce blocage plane malgré des discussions déjà amorcées. C’est dans ce contexte tendu que les responsables de l’Intersyndicale de l’Éducation ont conféré avec les enseignants ce samedi au siège du SLECG sis à Dixinn. Cette rencontre visait à faire le point sur l’évolution du statut particulier révisé, la situation des enseignants dont les salaires sont bloqués depuis plusieurs mois, et celle des contractuels non retenus de l’intérieur et de la zone spéciale de Conakry, avant d’envisager les actions appropriées.

Lors d’une assemblée générale extraordinaire, Kadiatou Bah, Secrétaire générale du SLECG et porte-parole des syndicalistes, a clarifié la position de l’Intersyndicale.

« Le statut particulier n’est pas le seul point de notre mémorandum, dans notre plateforme revendicative. Nous avons le statut qui intéresse tout le monde, mais nous avons d’autres points relatifs aux préoccupations des uns et des autres, notamment les enseignants dont les salaires sont bloqués. Pour ceux qui sont déjà débloqués, des primes sont coupées. Nous n’avons pas apprécié cela. L’un des points concerne les enseignants bloqués depuis décembre 2023 jusqu’à maintenant, qui ne sont pas en possession de leur salaire intégral. C’est inadmissible », a-t-elle déploré, affirmant qu’il n’y a eu aucune solution concrète à leurs revendications malgré les réunions.

Une autre préoccupation majeure soulevée dans le mémorandum concerne la situation des enseignants contractuels écartés à l’issue du dernier concours de recrutement à la fonction publique. La syndicaliste a distingué deux catégories : La première catégorie regroupe les enseignants non retenus suite au concours et à la pratique de classe. Ils se retrouvent sans aucun titre  malgré le fait qu’ils enseignent depuis cinq, six, voire dix ans. La deuxième catégorie concerne spécifiquement les contractuels de Conakry.

Mme Bah a insisté sur l’approche inclusive de la plateforme : « Nous avons fait en sorte que cette plateforme intéresse tous les enseignants et enseignantes de Guinée, en passant par nos jeunes contractuels, car nous les considérons comme des enseignants, puisque c’est eux qui ont déjà comblé le vide au niveau des concessions scolaires. Nous avons aussi la situation de nos enseignantes et enseignants retraités de Guinée, pour lesquels nous devons nécessairement faire en sorte que l’amélioration de leurs conditions de vie soit une réalité », a-t-elle ajouté.

Refus catégorique de se faire piloter 

La syndicaliste a ouvertement critiqué le refus du gouvernement de s’engager dans une négociation franche.

« Ce qui prévaut aujourd’hui, c’est, pourquoi ce gouvernement ne veut pas nous faire asseoir autour de la table de négociation pour qu’on parle des différents points comme d’habitude ? », a-t-elle déploré.

Face à ce blocage, les responsables syndicaux ont dû faire pression auprès du ministre du travail et de la ponction publique, qui a alors programmé un atelier. Alors que l’intersyndicale s’attendait à être conviée à une table de négociation pour aborder l’aspect financier du statut particulier révisé, c’est-à-dire les contre-propositions du gouvernement.

Mais, à leur grande surprise, le ministère leur a signifié que c’est le mouvement syndical guinéen qui piloterait désormais leurs négociations. Droit dans ses bottes, l’intersyndicale de l’éducation s’est catégoriquement opposée à cette décision : « Malheureusement, avant-hier, nous avons reçu un courrier qui dit que c’est le mouvement syndical guinéen qui doit piloter nos négociations. Sans demander votre avis, sans demander votre consentement, les secrétaires généraux de l’Intersyndicale de l’Éducation se sont réunis de manière très urgente. Nous avons pris la décision de refuser catégoriquement, à votre place, cette offre. Nous sommes des affiliés des centrales syndicales, mais notre problème, notre préoccupation est purement sectorielle », a-t-elle ajouté.

Mme Bah a déclaré que l’Intersyndicale de l’Éducation demeure la seule plateforme habilitée à conduire les négociations autour des revendications enseignants de Guinée.

Appelés à poursuivre les discussions, les syndicalistes sont revenus sur leurs propositions concernant le statut particulier révisé, qu’ils jugent vraiment valables. Cependant, alors qu’ils s’attendaient a des propositions concrètes du ministère du budget et du ministère du travail, il leur a été demandé, à leur grand étonnement, de refaire une relecture de leurs propres propositions.

« Toute la journée d’hier a été consacrée à la relecture des propositions de l’Intersyndicale de l’Éducation. La suite est prévue pour mardi, mais pour nous, cette suite consiste à nous donner les contre-propositions pour qu’on aille dans le juste milieu de ce que nous avons demandé. Deuxièmement, s’atteler aux autres points, parce que nous n’avons pas que le statut particulier  », a-t-elle prévenu.

Alhassane Fofana 

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