Journée du 8 mars, VBG, stratégie de lutte : Diaraye Bah dit tout sur la situation des droits des femmes en Guinée (interview)

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L’humanité a célébré ce vendredi 8 mars 2024, la journée internationale des droits de la femmes. En Guinée, cette journée est placée sous le thème « l’investissement en faveur de l’égalité de chances ». Pour parler de cette journée et de certains aspects des droits des femmes, Actuguinee est allé à la rencontre de Fatoumata Diaraye Bah, militante des droits humains et des droits des femmes et Secrétaire Générale de Amnesty International Guinée. Dans une interview à bâton rompu, la présidente de l’ONG Women Hope Guinée, a passé au peigne fin, la situation du respect des droits des femmes en Guinée et a formulé des recommandations pour leur mise en œuvre effective. Interview :

Actuguinee.org : Qu’est-ce que la journée du 8 mars représente pour vous ?

Fatoumata Diaraye Bah : Comme toutes les femmes à travers le monde, cette journée représente pour nous une journée d’actions, de plaidoyers, de diagnostiques en ce qui concerne les droits des femmes. Depuis maintenant plusieurs années, les Nations Unies ont institué cette journée comme la journée internationale des droits des femmes qui est célébré à travers le monde pour commémorer les actions qui ont été menées par nos dévancières et dévanciers en faveur des droits des filles et des femmes. Donc, cette journée est une journée d’actions, de plaidoyers, de diagnostiques pour savoir quelles sont les avancées qui ont été réalisées et quels sont les défis qui restent à faire pour faire respecter les droits des  femmes à travers le monde

Actuguinee.org : Quel est votre regard sur le respect des droits de la femme en Guinée ?

Fatoumata Diaraye Bah : Il y’a énormement de choses à faire. Aujourd’hui, si nous prenons au niveau de l’État par exemple, c’est vrai qu’il y’a des lois qui sont inspirées des conventions  internationales sur les droits des femmes qui sont prises en compte dans nos lois pour le respect des droits des filles et des femmes, mais les pratiquer c’est là le problème. Le progrès sur le respect des droits des femmes devrait être mesuré sur cette fille ou cette jeune femme qui vit a Yomou. Est-ce qu’elle a accès à l’éducation, à la santé (…). Aujourd’hui y’a énormément d’organisations dans notre pays qui mènent avec l’aide ou l’appui des partenaires techniques et financiers en partenariat avec le gouvernement qui collaborent avec les institutions étatiques pour mener des actions ou des plaidoyers allant dans le sens du respect des droits des filles et femmes. Sauf qu’il ya énormement de défis par rapport à ces questions là, et ça c’est un peut partout. Quand on prend le domaine de l’éducation, la santé et les violences basées sur le genre de façon générale, on a participé énormément. Nous avons vu des filles qui ont été victimes de violences conjugales, physiques, psychologiques un peu partout à travers le pays. Donc ça reste un défi malgré les efforts consentis dans ce sens

Actuguinee.org : Qu’est-ce que vous faites concrètement pour le respect des droits de la femme en Guinée ?

Fatoumata Diaraye Bah : Le 8 mars, c’est les 365 jours de l’année, c’est tous les jours, c’est chaque seconde, chaque minute que Dieu fait, on doit oeuvrer pour le respect des droits des femmes. On ne peut pas agir par tout et à tout moment, on est limité dans nos moyens. Certes, on est accompagné par des personnes de bonnes volontés ou qui militent pour les droits des femmes, mais chacun à la base, essaye de faire ce qu’il peut (…). Donc, ce q’on peut faire, c’est des actes de sensibilisations, de formations et d’informations sur les droits des filles et des femmes parce qu’on estime qu’une personne qui n’est pas formée ou informée sur ses droits, ne peut pas savoir et ne peut pas réclamer son droit. Donc, nous essayons de faire avec nos moyens de bort et collaborer avec des organisations qui oeuvrent dans ce sens pour changer les choses parce que, seule on va vite mais ensemble on va mieux et très vite encore. Dans la vie rien n’est facile, donc je fais de mon mieux pour apporter un changement petit qu’il soit partout ou je passe. Une petite action juste pour changer quelque chose, vaut mieux que de croiser les bras et attendre que l’autre change les choses. Donc, tout ce que je peux faire pour faire évoluer la lutte je le fais

Actuguinee.org : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre combat et comment parvenez-vous à vous en sortir ?

Fatoumata Diaraye Bah : Nous sommes confrontés à des coutumes et traditions parfois qui ne vont pas directement en faveur des droits des filles et des femmes. On ne dit pas que nos coutumes et nos traditions sont mauvaises, sauf que parfois, il y’a des barrières, des communications qui ne favorisent pas le respect des droits des femmes. Donc souvent, en tant que militante quand tu commences à adopter un certain langage qui concerne les droits des femmes tu es taxé de tous les noms et à un moment donné, tu as des difficultés. Mais on essaye d’adopter un certains comportement pour pouvoir se faire comprendre. Donc, c’est pourquoi c’est à la base qu’il faut lutter pour le respect des droits des femmes. C’est-à-dire, il faut commencer la lutte dans nos propres maisons (…) Les hommes seulement ne peuvent pas tout faire, il faut se battre ensemble, c’est pourquoi cette lutte doit être menée avec les hommes

Actuguinee.org : Quelles sont vos recommandations pour que les droits de la femmes soit respectés en Guinée ?

Fatoumata Diaraye Bah : Mes recommandations vont à plusieurs endroits parce que les responsabilités sont partagées. Au niveau familiale, il faut que chacun s’implique pour faire respecter les droits des femmes à tous les niveaux. À l’État, au lieu d’organiser des fêtes et aller danser et chanter, je recommande au ministère [de la Promotion Féminine de, l’Enfance et des Personnes Vulnérables] d’organiser des rencontres à l’occasion de cette journée pour échanger sur les droits des femmes et essayer de faire des dignostiques pour savoir quel est le niveau du respect des droits des femmes et essayer ensemble d’échanger sur les questions clés  concernant les filles et les femmes, et ensemble peut-être, sortir un document à la fin de la journée et donner des recommandations sur la basse des lois qu’on a votée afin de trouver des solutions face à tous les problèmes. Aux organisations de défense des droits de l’homme de façon générale, c’est de se mettre ensemble, mener des actions de solidarité, ne pas aller en rang dispersé parce que, nous avons les mêmes préoccupations, le même combat, c’est notre rôle en tant que ONG et société civile. Donc, on n’est pas des ennemis, on est pas des adversaires avec l’État, on est là pour compléter, pour donner notre coup de main parce que l’État seul ne peut pas y arriver, il faut qu’on travail ensemble. Aux filles et femmes, il faut se lever pour combattre et réclamer son droit car, si on connaît nos droits, personne ne pourra les bafouer. À la justice, même si elle fait partie de l’État, nous l’invitons à rendre justice aux victimes.

Interview réalisée par Mariame Diallo pour Actuguinee.org

+224 621972776

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