Investiture de Diomaye Faye: la bien curieuse et inquiétante ovation des putschistes (Mognouma)

il y a 7 mois 202
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La scène n’est pas passée inaperçue, le mercredi 03 avril, dans la très splendide salle des expositions de Dakar, à l’occasion de l’investiture du cinquième Président de l’histoire du Sénégal.

Le nouvel élu dans un mode vestimentaire qui contraste avec idéologie panafricaniste dont il se croit être l’un des plus grands défenseurs, devait lui-même être surpris du spectacle maximum d’ovation réservée aux putschistes de la sous-région ouest africaine, à l’évocation de leurs noms dans la salle.

Avec un honneur plus appuyé pour le dirigeant Guinéen, le Général Mamadi Doumbouya, qui, faut-il le préciser nécessairement, a été le seul Président des juntes à avoir répondu à l’invitation. Et c’est aussi lui, qui a été parmi les premiers dirigeants du monde à féliciter le nouveau Président sénégalais, alors que les résultats provisoires officiels n’étaient même pas encore publiés.

L’autre précision non moins importante, c’est la première fois depuis que l’homme du palais Mohamed V a pris le pouvoir, qu’il se donne le temps et juge de l’opportunité d’adresser un message de félicitation à un Président élu. Sinon, il y en a eu pas mal depuis qu’il préside aux destinées de la Guinée. Ce qui amène, d’ailleurs, à cet effet, les plus pernicieux, à soupçonner un soutien conséquent de toute nature du palais Mohamed V au candidat du Pastef. Ça se dit, mais difficile à recouper, connaissant la nature hermétique des militaires au pouvoir à Conakry.

Pour revenir à ces ovations, faut-il y voir fondamentalement deux choses :

Primo : Sans doute les soutiens du nouveau Président qui ont rempli la salle, et qui ont été convaincus tout au long de la campagne et bien avant par leur candidat bien-aimé, de la nécessité de rupture avec la puissance coloniale, voient en ces juntes, une incarnation de cette réalité.

C’est alors à craindre pour les français, que le pays au cœur de la politique française en Afrique, succombe lui-aussi au charme du phénomène à la mode.

Secundo : cette ovation peut aussi, en partie, s’expliquer par le rejet de l’establishment, cette vielle classe dirigeante qui est restée longtemps au pouvoir dans nos pays. En d’autres termes, on voit en ces juntes l’incarnation de l’anti-système.

Dans tous les cas, ça parait inquiétant quand une junte au pouvoir est autant plébiscitée dans un pays qui bannit l’accession au pouvoir, par un moyen autre que par la voie des urnes et dont le modèle démocratique est des plus enviés sur le continent.

Pourvue que cette séquence inédite qui suscite des commentaires et fantasmes autant, n’amène ces militaires à rêver plus haut, plus loin.

Mognouma

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