INTERVIEW- Pr. Mamadou Saliou Sow, chef service maladies infectieuses à Donka : “la variole du singe est une maladie très proche de la variole humaine”

Depuis quelques semaines, un nouveau virus appelé la variole du singe est apparu dans le monde. De nos jours, certains pays ont déjà enregistré de nombreux cas de la maladie, notamment la Côte d’Ivoire, l’un des pays frontaliers à la République de Guinée. Donc, pour connaître l’origine de ce virus, ses symptômes, le mode  de transmission et les mesures à prendre par les populations afin de l’éviter, notre rédaction est allée rencontrer, jeudi 29 août le chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital national Donka, professeur Mamadou Saliou Sow. Interview…

Mediaguinee : Pr Mamadou Saliou Sow, vous êtes infectiologue, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital national Donka. Dites-nous c’est quoi la variole du singe, cette maladie qui fait tant peur ? 

Pr Mamadou Saliou Sow : La variole du singe est une maladie fébrile, eruptive dûe à un virus qu’on appelle le viru Mpox ou aussi le virus simien. C’est une maladie très proche de la variole humaine. C’est une zoonose  émergente.

Mediaguinee : Quels sont ses symptômes ? 

Pr Mamadou Saliou Sow : La maladie évolue en plusieurs étapes. La première étape, c’est la période d’incubation. C’est le délai entre l’agression de l’organisme par le virus et l’apparition du tout premier signe. Cette une période qui est asymptotique, c’est-à-dire pas de signe. Ensuite, nous avons la 2ème phase, c’est la phase du début, appelée aussi la phase d’invasion qui dure environ quatre (4) jours. C’est une phase durant laquelle,  on a des signes comme un syndrome  grippal. Vous avez des articulations qui vous font mal, des maux de tête, la fièvre. Ensuite nous avons la phase d’état, qui est la phase éruptive avec  l’apparition des éruptions cutanées. En terme simple, des boutons sur le corps. Ce sont des macules de papules  qui vont évoluer vers les vésicules et des croûtes. Ça veut dire que vous avez des boutons plats qui deviennent surélevés, à l’intérieur vous avez de liquide puis après ça se termine par des croûtes. Et, ces boutons qui vont survenir sur tout le corps y compris les mains, la paume des mains et les plantes des pieds. 

Mediaguinee : L’ANSS annonce une dizaine de cas suspects de variole du singe en Guinée. Comment l’éviter ?

Pr Mamadou Saliou Sow : Il y a eu des cas suspects mais qui ne sont pas confirmés à ce jour.  Et, comment l’éviter ? Pour l’éviter, il faudra connaître le mode de transmission. La transmission peut-être directe. Nous avons dit que  c’est une zoonose… zoonose veut dire une maladie de l’animal qui se transmet à l’homme. Premier mode, c’est le mode direct. Lorsqu’une personne est en contact direct avec l’animal ou alors lorsque la personne non malade est en contact direct avec une personne malade (contact avec les lésions cutanées ou contact sexuel, à ce titre c’est une maladie sexuellement transmissible).
Deuxième mode de transmission, c’est une transmission indirecte. Lorsque la personne est en contact avec l’environnement du malade, ou  avec les habits du malade etc.. Donc éviter cette maladie consiste à éviter sa transmission directe ou indirecte.

 Mediaguinee : La maladie est signalée non loin de la Guinée, précisément en Côte d’Ivoire. Y a-t-il un risque d’apparition du virus dans le pays ? 

Pr Mamadou Saliou Sow : Oui, il y a le risque d’avoir ce virus en Guinée bien sûr à cause de la mobilité des personnes. Ce virus circule en Afrique de l’ouest (Côte d’ivoire, Mauritanie, Bénin). Et, c’est pour cela actuellement il y a un renforcement de la surveillance. 

Mediaguinee : Les chercheurs disent que la gravité de la maladie et sa transmission compliquent la lutte contre Mpox. Êtes-vous d’avis ?

Pr Mamadou Saliou Sow : Je suis d’accord avec eux à cause du mode de transmission  (contact, sexuel), l’insuffisance des vaccins à ce jour, aussi l’agression de l’environnement de ces animaux.   

Mediaguinee : On parle également du manque de financement et d’équipements pour surveiller la dissémination du virus. Votre avis…

Pr Mamadou Saliou Sow : Je ne pense pas qu’il y a un manque d’équipements puisque quand on compare cette épidémie aux différentes épidémies passées, on se rend compte qu’on est beaucoup équipé. On a des laboratoires qui peuvent confirmer, des ressources humaines qualifiées.  Maintenant, les ressources financières, ça je ne n’en sais pas trop. Mais je pense à la solidarité internationale, l’Etat avec les partenaires dont l’OMS aussi. Surtout que c’est une maladie qui est déclarée par l’OMS comme étant une urgence de santé publique de portée internationale.

Mediaguinee : Quelles sont mesures à prendre par les populations pour éviter la variole du singe ?

Pr Mamadou Saliou Sow : Ce sont des mesures simples. C’est l’hygiène des mains puisque c’est une maladie qui se transmet par contact. Il faut une communication pour un changement de comportement. Il faudra, quand on est malade, qu’on se rend à l’hôpital le plus proche.

Réalisée par Elisa Camara 

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