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La nomination des conseillers communaux par le ministère de l’administration du territoire sur ordre du président de la transition, suscite un grincement des dents au sein de l’opinion.
La démarche est fustigée par bon nombres d’intellectuels et d’acteurs politiques du pays.
Pour eux, cette décision est une manœuvre visant tout simplement à aider le Comité National du Rassemblement pour le Développement à s’éterniser au pouvoir.
« Mamadi Doumbouya finalise tout simplement la confiscation du pouvoir qu’il a entamée dès son putsch du 5 Septembre 2021. Aujourd’hui, il a toutes les manettes de l’Etat en main : l’exécutif, le législatif, le judiciaire et le local. Il n’y a plus aucun contre-pouvoir devant lui. La machine répressive qu’il a mise en place va pouvoir se mettre en branle », regrette d’entrée Tierno Monénembo lors d’un entretien accordé à notre rédaction ce jeudi 18 avril 2024.
« Et quand il commencera à arrêter, à torturer comme savais si bien le faire⹁ son mentor, Sékou Touré, aucun Guinéen n’aura le droit de se plaindre », prévient-il avant de rejeter la faute sur l’ensemble des guinéens.
« Cet homme a baptisé l’aéroport de Conakry (…), nous n’avons rien dit. Il s’est mis à traiter des questions de fond (justice, corruption, patrimoine bâti), nous n’avons rien dit. Il s’est fait bombarder Général d’armée, nous n’avons rien dit. Il se fait appeler Monsieur le Président de la République, nous ne disons rien », poursuit-il.
Le célèbre écrivain Tierno Monénembo fait donc endosser la responsabilité au peuple guinéen qui, selon lui, reste éternellement résigné.
« Aujourd’hui, il met ses hommes à lui à la place des élus locaux et nous ne disons rien. Nous, Guinéens, nous sommes spécialistes en dictature. Nous fabriquons les tyrans avec l’ingéniosité que mettent les Japonais à inventer des autos ou des ordinateurs. En 65 ans d’indépendance, nous n’avons pas connu un seul instant de démocratie. C’est triste mais nous ne pouvons-nous en prendre qu’à nous-mêmes. Chaque peuple a le régime qu’il mérite », a-t-il martelé.
Hadja Kadé Barry