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Une forte proportion des dos d’âne en Guinée ne sont pas conformes à la règlementation en la matière. Quasiment, tous sont hors la loi pour ne pas dire sauvages. Pourtant, la loi portant Protection du Patrimoine Routier National de la République de Guinée détermine les conditions et règles d’implantation des ralentisseurs de vitesse sur les voies publiques. L’article 14 de cette loi dispose que : « Nul ne peut implanter un ou des ralentisseurs de vitesse sur les voies publiques sans l’autorisation expresse de l’autorité compétence. »
Mais, qu’est-ce qu’un dos d’âne ? Que fait réellement le Comité Interministériel de Protection du Patrimoine Routier (CIPPR) chargé du suivi et de veiller au respect des conditions de protection du patrimoine routier national ?
Un dos d’âne, que certains appellent gendarme couché ou ralentisseur ou encore casse-dent, est, selon les techniciens, une modification de la chaussée en forme de bosse, destinée en principe à faire ralentir les conducteurs. Il permet, quand il respecte, bien évidemment les recommandations techniques définies par la norme, de réduire la vitesse et limiter les conduites dangereuses pour la sécurité routière des autres usagers de la route, cyclistes, deux-roues et piétons.
En effet, pour protéger les usagers de la route, les dos d’âne doivent être faits par des professionnels et être annoncés par des panneaux de signalisation ou des marquages au sol. Mais très malheureusement, dans notre pays, ils sont généralement construits de façon sauvage et anarchique par des non professionnels. Nonobstant l’implantation fantaisiste, anarchique et révoltante de ces ralentisseurs à Conakry et à l’intérieur du pays, à part de simples dénonciations, les autorités du Ministère en charge des Travaux publics ne font pas assez pour suivre et sanctionner ceux qui se livrent à de telles pratiques. Au lieu de garantir la sécurité routière, ces ralentisseurs contribuent à la dégradation précoce de la chaussée et jouent énormément sur la santé des usagers de la route et de leurs engins. Pis, ils provoquent souvent des accidents.
Que ce soit l’implantation des panneaux et des porte-panneaux de publicité, sur le domaine public, qui seraient de nature à éblouir les usagers des voies publiques ou à attirer leur attention ou que ce soit celle relative à la fixation des dos d’ânes, elles doivent toutes obéir à la règlementation en la matière ou à l’esprit de la loi susvisée, au risque de s’exposer à une procédure de déguerpissement et à des poursuites judiciaires. Il en est de même pour le cas des travaux susceptibles d’être réalisés dans l’emprise du domaine public routier. L’article 7 de cette loi dispose à cet effet que : « Toute occupation du domaine public routier pour quelle que raison que ce soit sans l’autorisation préalable du Ministre chargé des routes, expose le contrevenant à une procédure de déguerpissement et à des poursuites judiciaires. » L’article 8 de la même loi renchérit en ces termes : « Toute occupation privative du domaine public routier est soumise à une autorisation préalable délivrée par le Ministre en charge des routes. L’occupation privative du domaine public routier est soumise au paiement de redevances dans les conditions fixées par Arrêté conjoint du Ministre chargé des routes et du Ministre chargé des Finances. L’autorisation est délivrée à titre temporaire et peut être révocable sans indemnité. »
En d’autres mots, partout où l’implantation des dos d’âne s’avère nécessaire, les citoyens devraient recourir aux services compétents du Ministère en charge des Travaux publics. A l’allure des choses, pour être un peu plus clair, ce département doit mettre en place une véritable structure de suivi et de répression de l’implantation anarchique et sauvage des dos d’âne à Conakry ainsi qu’à l’intérieur du pays. Des mesures rigoureuses et répressives doivent être prises pour sanctionner tous contrevenants. Quand les contrevenants aux normes d’implantation des ralentisseurs sont strictement sanctionnés, personne ne s’adonnera à de telles pratiques. D’ailleurs, pourquoi le Ministère en charge des Travaux publics n’impliquerait-il pas les Maires, Chefs de quartiers et autres dans le suivi et la répression de l’implantation anarchique et sauvage des dos d’âne ?
Le Ministère en charge des Travaux publics ainsi que les organes de protection du patrimoine routier national particulièrement l’Agence de Gestion des Routes (AGEROUTE), doivent se pencher sur cette triste situation qui constitue aujourd’hui un véritable casse-tête pour les usagers de la route à Conakry et à l’intérieur du Pays, notamment sur les routes nationales où ces dos d’âne peuvent facilement provoquer des accidents, car les gens y roulent à vive allure et rien n’indique souvent la présence d’un ralentisseur. La brigade chargée de la protection du patrimoine routier national doit être renforcée, équipée et formée pour lui permettre d’être opérationnelle ou d’agir rapidement, à tout moment et en tout lieu.
Également, du côté du Ministère en charge des Transports, l’Agence Guinéenne de la Sécurité Routière (AGUISER) devrait aussi s’impliquer notamment en termes de sensibilisation des populations. De l’autre, les riverains doivent prendre soin de leurs enfants et de leurs animaux. Cela est mieux que de se livrer à l’implantation anarchique, sauvage et récusable des dos d’âne.
A dire juste, des campagnes de sensibilisation dans les lieux de culte, dans les quartiers, médias et autres, doivent être organisées, pour permettre aux populations de réaliser le danger de l’implantation sauvage des dos d’âne. Toute implantation de dos d’âne doit être préalablement autorisée et validée par les services compétents du Ministère chargé des routes. Par ailleurs, il serait important aujourd’hui de revoir le Décret portant Modalités d’application de la loi portant Protection du Patrimoine Routier National de la République de Guinée, car les sanctions prévues sont souvent modiques par rapport aux infractions ou aux dommages causés au patrimoine routier national.
Pour terminer, les contrevenants aux règlements attachés à l’usage du patrimoine routier national doivent être sévèrement sanctionnés pour une meilleure exploitation et gestion des routes.
Sayon MARA, Juriste