Guinée: reprise du procès des officiers de police et de gendarmerie poursuivis pour trafic international de drogue

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Les débats dans l’affaire qui oppose le ministère public aux 13 accusés parmi lesquels figurent des officiers de police et de gendarmerie se sont rouverts ce jeudi 14 mars 2024 au tribunal de première instance de Dixinn. Ils sont poursuivis pour importation, transport international de drogue à haut risque, recel et complicité.

Les officiers impliqués dans cette affaire sont : Amadou Sané, commandant de la Brigade Anti-criminalité N°10 ; Mamadou Bella Barry, policier ; Sekou Bakary Keita, lieutenant-colonel de la gendarmerie ; Idrissa Camara, coordinateur de BAC (Brigade Anti-Criminalité), le gendarme Moussa John Kandet. Les civils se nomment Ibrahima Sory CAMARA, Cheick Mohamed Kamissoko, Ousmane Bangoura, Namory Keita , Issa KABA , Bangaly Camara, Jovica Zivkovic (en fuite) et  Mamady KABA (en fuite).

En détention depuis 2021, selon l’ordonnance de renvoi, il est reproché à ces officiers impliqués dans cette affaire de s’être servis de leurs statuts pour dissiper des drogues saisies en demandant la somme de 100 mille dollars aux civils afin de mettre fin à la procédure.

Ce dossier avait été mis en délibéré par l’ancienne composition du tribunal afin de se prononcer sur les exceptions soulevées par la défense par rapport à la nullité de la procédure.

La nouvelle composition avec comme juge monsieur Aboubacar Thiam, elle,  a décidé de passer directement aux débats de fond.

Issa Kaba, enseignant de profession, a été le premier à comparaître. A la barre, il n’a pas reconnu les faits. « Je logeais à la Cimenterie et travaillais à Kipé. Mon frère m’a proposé de loger dans l’annexe chez lui à Nongo en attendant que je trouve un logement. Il m’a dit de ne jamais m’approcher de ses collaborateurs, de ne pas les aborder. Je logeais dans la chambre annexe. Le bateau dont on fait allusion (qui aurait servi à l’importation de la drogue) n’est jamais venu à ma présence. Je ne savais pas qu’il gardait de la drogue à la maison. Je ne savais même pas qu’il y avait une activité illicite dans cette cour. Comme c’était mon frère, lorsqu’il m’envoyait faire de petits boulots, je le faisais mais en aucun moment je n’ai douté d’acte illicite. C’est la bonne qui m’a appelé un jour qu’il y a la BAC (Brigade Anti-Criminalité) dans la cour. Je pensais que c’était l’immigration. Je ne suis pas associé à mon frère », a-t-il expliqué

A son tour à la barre, le colonel Amdou Sanè, commandant de la Brigade Anti-criminalité N°10 a démenti les déclarations d’Issa Kaba. Il a déclaré : « j’ai reçu Mohamed Kamissoko chez moi quand il a été envoyé par le chef de quartier de Sonfonia. Ce dernier disait l’avoir vu avec de la monnaie étrangère. Mais moi je n’ai rien vu avec lui. Je lui ai demandé, il m’a dit oui qu’il a cet argent, mais c’est celui de son patron à Nongo. J’ai informé le coordinateur adjoint de la BAC. Il m’a dit de continuer à aborder le jeune qui a dit qu’il a remis le reste de l’argent à son oncle. Arrivé là-bas, on a trouvé un petit sac dans lequel on a trouvé un passeport d’un homme blanc. Mais on n’a pas trouvé de l’argent. J’ai décidé de l’envoyer à la gendarmerie, il m’a dit non, qu’il ne part pas à la gendarmerie et que là où il travaille, il a vu des colis là-bas. J’ai encore remonté l’information. Mon adjoint est venu, il a expliqué pareillement. Le petit a insisté d’aller voir le lieu pour ne pas que les propriétaires quittent les lieux. Le coordinateur adjoint aussi est venu et a instruit de s’y rendre. Arrivé, on a trouvé deux hommes blancs assis et qui parlaient anglais. Issa Kaba est venu et a proposé 100 mille dollars pour laisser tomber la fouille. Mais à cet instant, mes agents ont trouvé une pièce, on a défoncé la porte et on a vu des sacs. On a embarqué 19 sacs. J’ai rendu compte au colonel. En rentrant, Issa Kaba m’a encore interpellé de mettre le blanc à sa disposition, qu’il viendra avec son grand frère pour régler les choses […] Arrivé, le colonel a fouillé un sac et on a compris que c’était de la cocaïne. Il a dit de mettre ces sacs en lieu sûr. Le coordinateur adjoint a pris 16 sacs et les 3 autres sacs sont restés. Après, je ne sais pas ce qui s’est passé là-bas. Deux jours après, le colonel m’a dit d’arrêter Issa Kaba. Et c’est ce que j’ai fait. En route, il m’a tendu de l’argent ; 30 mille dollars. J’ai remis l’argent au colonel et il a dit de dire à Issa d’aller monter dans son pick-up. Après des jours, j’ai vu Issa dans mon bureau, me disant qu’il est venu récupérer sa voiture parce qu’il a été libéré. Étonné, j’ai appelé le coordinateur adjoint de la BAC, Sékou Bakary Kéïta, qui m’a confirmé sa libération. Je ne sais pas où sont partis ces sacs ».

Le substitut du procureur a rappelé au commandant à la barre que ce sont 21 sacs qui ont été saisis et 16 ont été récupérés. « Où sont passés les 5 autres sacs et les 40 mille dollars proposés pour abandonner la procédure ? »  Lui a-t-il demandé. « Je ne sais pas où sont ces sacs. Moi c’est 19 sacs que j’ai saisis avec mes agents. Je n’ai même pas reçu 1 franc de cet argent. C’est 30 mille au lieu de 40 mille dollars j’ai reçu et j’ai donné au coordinateur adjoint, Sekou Bakary Keita. Je suis un subordonné, on m’a envoyé en mission et j’ai rendu compte », a répondu l’accusé

Après l’audition d’Amadou Sanè, les avocats de Sekou Bakary Keita et d’Issa Kaba ont fait part de l’état de santé de leurs clients et ont demandé une autorisation pour leur hospitalisation. Le ministère public s’est opposé à cette demande, estimant qu’il n’y a aucun document médical prouvant cela. En rejetant cette demande, le tribunal a renvoyé l’affaire au 28 mars pour la suite des débats.

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